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La leçon politique sud-africaine

Publié le lundi 24 décembre 2007 à 08h55min

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Le dernier congrès du parti légendaire sud-africain, “African national congress” (ANC) reste un cas d’école sur le contient. Pour l’une des rares fois en Afrique, un militant ose affronter et battre un chef de l’Etat à la tête de sa formation politique. Jacob Zouma a la peau dure. Il se dresse au fil du temps en véritable bête politique de la nation arc-en-ciel.

Le Zoulou ne cesse de troubler le sommeil de ses adversaires au sein de l’ANC. Donné pour mort politiquement, il a rebondi de façon spectaculaire pour prendre à la surprise générale, le contrôle du parti majoritaire. Ce qui est impossible sous d’autres cieux s’est accompli en Afrique du Sud. Une véritable leçon de démocratie pour les chefs d’Etat du continent qui veulent avoir la main mise sur tout, dans leur pays, en particulier la tête de la formation politique dont ils sont issus.

Après avoir réussi à vaincre l’Apartheid, cultivé l’esprit du pardon mutuel et construit une nation multiraciale sans haine, l’ANC est en train d’imposer la démocratie en son sein. La guerre des clans n’a pas entraîné une quelconque implosion. Faisant preuve de maturité, les cadres de l’ANC ont su prévaloir l’essentiel. Les courants au sein d’un parti politique ne sont pas une mauvaise chose en soi si leurs principaux animateurs font preuve de hauteur d’esprit et de souci de préserver l’intérêt commun quoiqu’il advienne.

La vitalité de la démocratie dans un Etat de droit passe par l’expression démocratique au sein des partis politiques. Les débats constructifs participent au renforcement des idéaux. Quand les militants sont réduits au strict silence derrière un leader transformé en “gourou”, l’éclatement est évident au moment où des voix s’élèveront pour remettre en cause la conduite et la gestion de leurs responsables. Ayant compris cela, Thabo M’Béki et Jacob Zouma se sont livrés à un combat loyal. En hommes politiques conscients et responsables, ils ont laissé le libre choix aux militants. Thabo M’Béki n’a pas usé de son pouvoir “abusif” et”compresseur” digne d’un Africain.

Car oser se présenter contre, ou battre à une élection un président en exercice dans son pays, reste un crime durement puni en Afrique. Jacob Zouma n’a pas aussi succombé à la diversion. Les chefs d’accusation de corruption et de viol n’ont pas empêché sa candidature. En âme et conscience, les quatre mille (4 000) délégués ont préféré leur ancien vice-président à leur actuel chef de l’Etat. C’est tout simplement de l’audace et du courage politiques. Un exemple à suivre pour de nombreux pays africains. Le fair-play dont ont fait montre les deux candidats (élu et malheureux) a été unanimement salué même par l’emblématique Madiba, Nelson Mandela. Ses successeurs n’ont pas “versé” sa figure par terre. Ils ont su maintenir une culture politique digne à l’ANC, un parti vieux d’environ cent ans. Là-bas, on ne s’improvise pas politicien, on le devient grâce à sa conviction et à son opinion. Ce n’est pas un parti spontané ou opportuniste mais une formation politique d’idéal et de conquête. Les transhumants et arrivistes politiques qui sont de plus en plus légion en Afrique, doivent s’en inspirer.

Jolivet Emmaüs (joliv_et@yahoo.fr)

Sidwaya

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