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11-décembre : Independance day fever

Publié le vendredi 23 novembre 2007 à 10h38min

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Les Espagnols pleurent toujours sur leur 11-Mars. Les Américains tremblent d’effroi avec leur 11-Septembre. Pendant ce temps, les Burkinabè, eux, ont toutes les raisons de marquer leur 11-Décembre dans la liesse. Cela n’est plus arrivé depuis bien longtemps, mais il semble bien que cette année il y a du changement dans l’air...

La nouvelle a de quoi faire plaisir et ravir le cœur de milliers de Voltaïques qui, à défaut d’entonner la « Fière Volta » d’hier, se retrouveront dans cette ambiance de tambours et de défilé des temps immémoriaux où les trompettes sonnaient la fête de la République ! Un comité d’organisation est, en effet, mis sur pied, pour orchestrer la célébration, le 11 décembre prochain, du 49e anniversaire de la proclamation de la République de Haute-Volta, devenue Burkina Faso un certain 4 août. Ce faisant, le Faso renoue avec une tradition, généralisée dans la sous-région, et vis-à-vis de laquelle le « pays des Hommes intègres » avait pris une distance certaine.

Pour les générations actuelles, reconnaissait à ce sujet Nurukyor Claude Somda, ancien ministre de la Culture, dans une interview qu’il a accordée sur la question en 2003 au quotidien Sidwaya, « la fête de l’indépendance est une fête qui n’a pas de profondeur... Quand un Burkinabè voit le drapeau flotter un 11 décembre, quel sentiment cela lui inspire-t-il ? Presque rien. (...) Il ne peut pas se mettre à l’esprit que ce jour-là, est une date très importante pour l’histoire de ce pays. Le plus souvent, on ne connaît même pas cette histoire. On ne connaît pas la signification exacte du 11-Décembre. C’est dommage. »

Et si l’historien qu’est Nurukyor Claude Somda en appelle à l’éducation civique pour mieux imprégner chaque citoyen de l’importance du 11-Décembre, il n’en demeure pas que l’absence de référent fort pour marquer l’entrée du pays dans l’arène des pays souverains n’a pas non plus aidé à engager le peuple burkinabè dans le « Independance day fever ». D’autant que, malgré l’extraction des 4-Août et 5-Août de la liste des fêtes légales nationales, la cristallisation des différences n’a pas entretenu le flambeau du seul symbole républicain qui devrait s’imposer à tous et rallier tout le monde.

Ainsi, cette année, alors que la République est en passe de devenir cinquantenaire, après que les 4-Aoûtistes et les 5-Aoûtistes se furent longtemps regardés en chiens de faïence, après que, sous couvert de vingtième anniversaire ici et là, le 15-Octobre eut encore divisé la classe politique, le 11-Décembre réussira-t-il, au-delà du traditionnel « message à la nation du président du Faso », à mettre tout le monde dans la même caravane et à réconcilier le passé et le présent ?

Il faut l’espérer pour que demain, la République, l’hymne et le drapeau restent les éléments forts du ciment générationnel qui fortifie le patriotisme et l’unité nationale. Il le faut notamment pour les jeunes générations qui, grâce au câble, ne regardent plus que les fêtes nationales des autres.

Journal du jeudi

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