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Gouvernance en Afrique : Des pistes pour construire des Etats capables

Publié le lundi 29 octobre 2007 à 08h18min

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Le 7e forum sur la gouvernance en Afrique a refermé, vendredi 26 octobre 2007, en fin de matinée, ses portes à Ouagadougou sur une note d’espoir en présence des présidents Blaise Compaoré du Burkina Faso et Paul Kagamé du Rwanda.

Après l’échec de l’Etat-nation expérimenté au cours des quatre dernières décennies, une nouvelle page de la gouvernance en Afrique vient de s’écrire à Ouagadougou.

La capitale du Burkina Faso a été, du 24 au 26 octobre dernier, le point de convergence des dirigeants, des acteurs non étatiques, des partenaires au développement, etc. Tous sont désormais d’accord sur une chose : c’est qu’il faut redéfinir le rôle de l’Etat en Afrique. Ce processus passera sans doute par l’édification d’Etats capables, à travers des espaces économiques unifiés et intégrés (UA, UEMOA, etc.) et par une lutte plus vigoureuse contre la corruption et son corollaire de terrorisme et de fuite des capitaux indispensables au développement durable du continent. "Si nous restons avec des espaces fermés, il sera difficile d’attirer les investissements directs étrangers (...).

L’Afrique doit se battre pour construire des espaces intégrés en vue de produire ici et de créer des emplois. Je pense que nous sommes là pour envisager les voies et moyens d’y parvenir", a soutenu le président du Faso, Blaise Compaoré. Le forum a également analysé et apprécié les rapports nationaux fournis par les Etats africains sur l’état de la bonne gouvernance. En vérité, la réalité sur la bonne gouvernance est teintée d’une bonne dose de déception, compte tenu du fait que bon nombre d’Etats africains sont incapables d’honorer leurs obligations internationales.

Surendettée, en proie à la famine, à la maladie et aux conflits armés, l’Afrique doit désormais opérer des choix stratégiques pour promouvoir la bonne gouvernance, s’entendant par l’utilisation optimum des ressources, rétablir la paix et la sécurité. Rappelant les péripéties du retour de son pays sur la voie de la bonne gouvernance au lendemain du génocide de 1994, Paul Kagamé, président du Rwanda a déclaré que l’Afrique doit engager des réformes audacieuses pour son développement. Selon M. Kagamé, la bonne gouvernance nécessite un leadership, des Etats capables dotés d’institutions fiables, flexibles et efficaces.

C’est aussi l’orientation principale qui ressort des conclusions du 7e forum sur la gouvernance (NDLR : confère encadré). Les participants ont par ailleurs, suggéré aux chefs d’Etats présents d’user de leur position de leader pour faciliter la mise en oeuvre et le suivi des recommandations du présent forum auprès de la conférence des chefs d’Etat et de la Commission de l’Union africaine. Ils ont aussi suggéré au PNUD de créer un portail web où seront recueillies les meilleures pratiques en matière de bonne gouvernance tout en favorisant le débat interactif entre les parties prenantes.

Saluant la pertinence des recommandations, Blaise Compaoré a insisté sur la nécessité de travailler à consolider l’Etat de droit en Afrique. Depuis son lancement en 1997 par le PNUD et la Commission économique pour l’Afrique des Nations unies, ce forum rassemble dirigeants africains, représentants du secteur privé et de la société civile afin qu’ils partagent leurs idées sur les défis majeurs et les opportunités relatives à la promotion de la bonne gouvernance.

S. Nadoun COULIBALY
coulinad@hotmail.com


Mme Fatou Danielle Diagne, ministre de la Compétitivité et de la Bonne Gouvernance du Sénégal, représentante du président Abdoulaye Wade apprécie

Je vous remercie de me donner l’opportunité de m’exprimer après avoir été rapporteur de nos recommandations auprès des chefs d’Etats. Nous avons tous fait des présentations des rapports des différents pays et ce qui émane en premier lieu, c’est la similitude des problèmes que nous avons et les voies et moyens que nous faisons pour en sortir. Le Sénégal a fait une présentation qui a été très appréciée, compte tenu de son expérience en matière de bonne gouvernance.

Je voudrais dire ici solennellement que le rapport que j’ai lu au nom de tous les participants à ce septième forum est mis entre les mains des présidents, Leurs Excellences Blaise Compaoré et Paul Kagamé qui ont bien voulu être dans le même chemin que nos préoccupations. Ils seront nos parrains, nos porte-parole auprès de l’Union africaine et des autres chefs d’Etat pour plaider et mettre surtout en application tout ce qui a été dit ici pendant les trois (3) jours. Ce qui se dégage de ce Forum, c’est l’espoir.

C’est de l’espoir parce que tous les participants qui représentent les différents pays africains ont pris conscience qu’il faut renforcer les Etats, en renforçant les institutions, en donnant la part qu’elle doit jouer à la société civile et au secteur privé en vue d’aller vers l’émergence et de faire face à la globalisation.

Enok KINDO
Nadoun COULIBALY


Recommandations

Les participants ont estimé qu’il est important de considérer à tous les niveaux, les défis liés à :

I. La démocratie et la gouvernance, en prenant en compte les besoins d’amélioration des processus et systèmes électoraux, le renforcement des mécanismes de participation des populations, l’accent à mettre sur les processus parlementaires et le système judiciaire, le respect des droits humains et de l’Etat de droit ;

II. la paix et la sécurité, en assurant la recherche de la réconciliation comme stratégie pour asseoir la paix et la stabilité, la prévention, la gestion et la résolution des conflits, la reconstruction, les réformes dans le domaine de la sécurité et le retour à une vie constitutionnelle normale ;

III. la fourniture efficiente de services sociaux de base, en stimulant la croissance dans l’équité et la mise en place d’infrastructures de soutien à la production telles que routes, télécommunications et supports de production et de distribution de l’énergie etc. ;
IV. la gouvernance économique à travers la mise en place ou le renforcement d’institutions appropriées et l’amélioration de leur gestion, la promotion de systèmes transparents de passation des marchés, la gestion rationnelle et transparente des ressources naturelles et de l’environnement ;

V. l’engagement social, impliquant la promotion de la société civile et des médias, ainsi que le soutien aux groupes vulnérables tels que les jeunes et les handicapés ;
VI. la mondialisation, en attirant les investissements directs étrangers, en luttant pour l’équité dans les échanges internationaux et en tirant profit des TIC et en améliorant la gestion de la connaissance ;

VII. la problématique du genre, en améliorant la représentation et la participation des femmes aux institutions et aux processus politiques, leur accès aux ressources économiques et sociales et la suppression des pesanteurs socioculturelles qui handicapent leur développement.


A l’issue d’échanges fructueux, les participants ont dégagé un consensus sur le renforcement des capacités de l’Etat en Afrique

Ainsi, il a été convenu :

- d’encourager les gouvernements africains à œuvrer au renforcement de l’Etat de droit, en assurant notamment l’efficacité, l’intégrité et l’indépendance du système judiciaire ;
- d’inciter les gouvernements africains à prendre les initiatives et décisions de manière participative et inclusive, pour accroître la légitimité et la continuité de l’Etat ;
- de renforcer l’intégrité morale, ainsi que les capacités intellectuelles et professionnelles, tant en ce qui concerne le leadership que la gestion de la chose publique ;
- de préparer les générations futures à une citoyenneté responsable, à travers un système éducatif adéquat ;
- de convier les gouvernements africains à envisager la bonne gouvernance comme garante de la stabilité du système politique, et susceptible d’offrir de meilleures opportunités à tous les citoyens en vue de développer et d’améliorer leurs conditions de vie ;
- d’inviter les partenaires techniques et financiers à accroître l’aide publique au développement, en tant que moyen supplémentaire nécessaire aux Etats africains pour entreprendre les réformes indispensables ;
- d’œuvrer au renforcement de l’intégration économique régionale, pour mieux tirer profit du processus de mondialisation ;
- de prendre les mesures nécessaires pour engager et approfondir le processus de décentralisation, en mettant l’accent sur le transfert effectif aux collectivités locales, des compétences et des ressources requises ;
- de veiller à la prise en compte de la dimension genre dans le processus d’édification de l’Etat capable en Afrique ;
- de créer un environnement favorable au développement des capacités des acteurs non étatiques en vue de leur participation effective à l’émergence et à la consolidation de l’Etat capable ;
- de promouvoir les principes de bonne gouvernance dans le domaine de l’environnement en raison de son impact sur le développement et de susciter ainsi des actions pertinentes et ciblées impliquant les communautés aux échelles internationale, régionale, nationale et locale.

Mécanisme de suivi

Les participants au 7ème forum africain sur la gouvernance, formulent le vœu que les chefs d’Etat se saisissent du contenu du présent engagement de Ouagadougou.
A cet effet, ils prient leurs Excellences, le président Blaise Compaoré et le président Paul Kagamé, d’être leurs portes- parole auprès de la Conférence des chefs d’Etat et de la Commission de l’Union africaine afin que ces instances en facilitent la mise en oeuvre et le suivi.

Ouagadougou, le 26 octobre 2007

Le Forum

Sidwaya

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