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Ancrage de la démocratie : En deux décennies de mutations

Publié le mardi 23 octobre 2007 à 09h16min

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L’adoption de la Constitution en juin 1991 a poussé le Burkina Faso dans une dynamique démocratique ponctuée par de nombreuses réformes institutionnelles avec en prime la tenue régulière des scrutins. Deux décennies de mutations auront suffi pour l’ancrage dans un Etat de droit démocratique.

La démocratie est devenue de nos jours une réalité au Burkina Faso. Il n’y a pas longtemps, cependant, en raison du statut, militaires pour les uns et groupuscules marxisants adeptes de l’exclusion pour les autres, de nombre des premiers acteurs politiques, le retour à une vie constitutionnelle démocratique après les régimes d’exception des années 1980 était accueilli avec beaucoup de scepticisme par de nombreux observateurs.

Aujourd’hui, la volonté politique des dirigeants d’asseoir une véritable culture démocratique, près de deux décennies d’exercice, a fini de convaincre les plus sceptiques. Les institutions démocratiques fonctionnent. La justice affiche chaque jour davantage son indépendance approfondissant la séparation des pouvoirs.
Au cours des années 90, le pays a conduit avec succès de nombreuses réformes dans les domaines politique, institutionnel, économique et social. Sur le plan politique, la démocratie se consolide chaque jour dans un environnement de paix et de stabilité.

Les Burkinabè assistent de façon consécutive à la troisième élection présidentielle, à quatre quinquennats de législature et trois élections municipales dont les dernières tenues en avril 2006 ont consacré la communalisation intégrale alors que le pays vivait dans une instabilité quasi chronique au cours des trois premières décennies de son indépendance. La dernière élection présidentielle tenue en novembre 2005 a connu la participation de 13 candidats issus de l’opposition comme des partis de la mouvance présidentielle.

Aux dernières législatives, en mai 2007, environ une cinquantaine de partis politiques y ont pris part. Et plus de vingt partis et formations politiques de l’opposition et de la majorité se sont présentés pour les élections des conseils municipaux lors des municipales d’avril dernier. Il faut noter que l’adoption d’un nouveau code électoral et l’institution d’une commission électorale nationale et indépendante (CENI), en charge de tout le processus électoral, ont permis d’aboutir en mai 2002 à des élections consensuelles et pluralistes, dans un climat de compétition équitable et serein.

Nous avons atteint un record de stabilité institutionnelle qui marque une rupture qualitative d’avec la période d’avant 1991 au cours de laquelle le pays a connu six coups d’Etat et trois républiques. Cette stabilité s’explique par le choix des options politiques, le programme économique et le projet de société qui ont orienté les actions du président Blaise COMPAORE qui, quatre jours après son accession au pouvoir, avait pris l’engagement dans son discours du 19 octobre 1987, de conduire le pays vers un Etat de droit démocratique.

L’étape la plus importante dans ce processus est l’élaboration et l’adoption de la Constitution de la IVe République par voie référendaire, le 2 juin 1991. Constitution qui a eu le mérite de ne pas déroger aux principes généraux et universels qui confèrent à un Etat républicain toute sa quintessence : séparation des pouvoirs, affirmation des libertés individuelles et collectives, indépendance du pouvoir judiciaire, contrôle de la constitutionnalité des lois, etc.

Elu premier président de la IVe République en novembre 1991 sur la base de son programme de « Large rassemblement pour le développement et la démocratie », Blaise COMPAORE avait déclaré qu’il avait pour ambition d’une part, de créer les conditions pour permettre au peuple de se réconcilier avec lui-même et, d’autre part de dégager un consensus minimum pour affronter les grands chantiers du développement.

Ce d’autant plus que le retour à l’Etat de droit induisait un impératif de réconciliation nationale gage de compétitions électorales exemptes de dérives préjudiciables à l’unité du pays. Les différences politiques ne sont plus causes d’exclusion et de répressions. Les écueils hérités des périodes d’exception ont été résorbés par la ferme volonté de Blaise COMPAORE de permettre l’expression de la démocratie et la participation pleine et entière de tous les citoyens au processus de développement. Cette prédisposition au consensus a permis plus d’une fois de surmonter des situations périlleuses et de garder le cap. Bon an, mal an, les uns et les autres ont su s’arc-bouter sur l’essentiel évitant au pays de se perdre dans les méandres des joutes politiques.

Convaincu que la justice est une garantie pour l’exercice de l’autorité politique, économique et administrative dans le sens de l’intérêt général, Blaise COMPAORE a procédé à un vaste chantier de réformes au cours de son deuxième septennat. L’objectif était d’édifier une justice républicaine plus forte, mieux organisée dans ses fonctions comme dans son implantation, et véritablement indépendante de toute forme de pression. C’est dans cet esprit qu’est intervenu l’éclatement de la Cour suprême par la création de quatre juridictions supérieures que sont le Conseil constitutionnel, la Cour de cassation, le Conseil d’Etat et la Cour des comptes.

Qu’on le veuille ou non cela est à mettre au crédit du premier magistrat du pays dont le pragmatisme est le terreau qui a permis au Burkina Faso de franchir de nombreuses étapes dans le renforcement de la démocratie qui a atteint sa vitesse de croisière. De la mise en œuvre des institutions républicaines en passant par le ton très libre de la presse, et la multitude des organisations de la société civile, l’Etat de droit dans un système de pluralisme intégral s’est plus que jamais imposé en deux décennies de mutations.

L’Opinion

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