Les deux premières décennies de peuple indépendant et souverain du Burkina Faso n’ont pas été des plus faciles. En effet, le pays a vécu des périodes de vives tensions, de profondes divergences et parfois des événements douloureux.

Afin d’assumer ces périodes de l’histoire et cheminer désormais ensemble, dans l’unité, approfondir notre démocratie et consolider la paix indispensable pour le développement économique, social et politique, le Larlé Naaba Tigré a convié les sommités de la société civile, religieuse, coutumière et politique à plancher sur le thème : "Tous unis pour une paix durable". Il s’est agi, à travers cette invite, d’interpeller le peuple burkinabè à tirer les leçons de son passé, pour construire son avenir sur une base solide, d’unité et d’intégration nationale.

Pour ce faire, le ministre du Moogho Naaba souhaite que les uns et les autres transcendent les clivages politiques et idéologiques, car, "comment pouvons-nous réussir la nécessaire mobilisation nationale si nous persistons à nous barricader derrière les forteresses des partis politiques ou des chapelles idéologiques, à nous diaboliser les uns les autres, à refuser de dialoguer et à toujours repousser la main tendue de l’autre", s’est interroger le Larlé Naaba.
Pour lui, les partis politiques doivent être des cadres d’expression de nuance des points de vue sur la meilleure manière de conduire la maison commune et non des armées mobilisées pour une guerre civile permanente.

La société civile, ainsi que les autorités coutumières et religieuses, ont saisi l’opportunité pour prôner les valeurs du dialogue, gage de la stabilité et de la cohésion sociale. Ainsi, le cheick Adama A. Ouédraogo appelle à la fin de toutes formes de stigmatisation et d’exclusion, car le peuple doit aussi transcender ses douleurs, ses frustrations, certes compréhensibles et légitimes et assumer les phases tristes de son passé, qui est celle d’un peuple et non d’un individu.
Quant à Adja Alimata Congo de la société civile, elle affirme qu’aucun peuple, surtout jeune comme le nôtre, ne peut vivre longtemps avec une fracture sociopolitique béante, avec une partie repliée dans une nostalgie revancharde et l’autre dans un triomphalisme exhibitionniste.

S’inspirer de la tradition

Dans les sociétés traditionnelles, l’accession au pouvoir est, certes, la marque d’une volonté divine, mais il repose aussi sur le mérite qui amène le conseil des notables à choisir parmi au moins deux candidats. Une fois le choix opéré, gagnant comme perdant s’attellent ensemble à mériter leur vrai titre de noblesse : assurer le bien-être des populations. L’initiateur de la journée de réflexion souhaite que les politiques s’inspirent de cette valeur traditionnelle.

Les hommes politiques affirme-t-il, doivent se considérer comme des rivaux et non comme des ennemis. Ainsi, après avoir été vilipendés pendant la Révolution démocratique et populaire, Le Larlé Naaba Tigré appelle les chefs traditionnels à toujours œuvrer dans le sens de l’unité et de la cohésion sociale. Car leur mission, c’est réussir l’articulation de la tradition et de la modernité. C’est pourquoi les chefs traditionnels, dans leur majorité, ont rendu un hommage au président du Faso, qui, disent-ils, les auraient ramenés dans l’arène sociale.

En tous les cas, Le Larlé Naaba appelle ses paires à se faire sien le projet de société "Le progrès continu pour une société d’espérance". Car, face aux défis multiples et complexes, ce programme invite à mobiliser, à mettre en œuvre toutes les synergies avec pour cheval de bataille, la valorisation du capital humain. Toute chose conclut-il passe par la mise en place d’une politique hardie et volontariste en matière d’éducation, de formation et de santé.

La journée de réflexion qui s’est tenue après les actions entreprises dans le cadre des associations Belwet et Tradition et modernité viennent confirmer la volonté du ministre du Moogho Naaba, son engagement pour la stabilité, la paix et la cohésion sociale au pays des hommes intègres. D’où la présence de certains membres du gouvernement et des diplomates à la cérémonie de réflexion.

Joël ZOUNDI

Sidwaya