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Solidarité dans la presse burkinabè : L’otage des intérêts politiques

Publié le lundi 22 octobre 2007 à 07h11min

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Le 20 octobre de chaque année marque la Journée nationale de la presse au Burkina Faso. A l’occasion, le Centre de presse Norbert Zongo organise un panel sur un thème. C’était le cas samedi dernier.

Le 20 octobre 1993, le Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples (MBDHP) a initié une pétition populaire conformément à la Constitution pour proposer une loi en vue de modifier celle portant sur la liberté de la presse qui était très répressive.

Et depuis, cette date a été choisie pour commémorer la Journée nationale de la liberté de presse au Burkina, qui est toujours marquée par des activités. Cette année, le thème choisi, "Solidarité et professionnalisme des journalistes burkinabè", a fait l’objet de débats au Centre de presse Norbert Zongo dans la matinée du samedi 20 octobre. Luc Adolphe Tiao, le Pr Serge Théophile Balima et le juge Hervé Kam ont été sollicités pour disséquer le sujet à l’ordre du jour.

"Une clinique pour les journalistes"

Le premier intervenant, Luc Adolphe Tiao, président du CSC, a indiqué d’entrée de jeu que, tout temps, les rapports entre journalistes ont été l’objet de préoccupation. Mais la nature des querelles diffère d’une période à l’autre. Dans les années 70, souligne-t-il, deux types de problèmes faisaient obstacle à la solidarité entre confrères : les questions d’écoles (INAFEC, Strasbourg, Lille, Dakar) et de générations. Aujourd’hui, cela n’est pas très marqué ; les journalistes sont plutôt affiliés à des centres d’intérêts politiques et ne se fréquentent que par affinité.

Comme solutions proposées aux difficultés de la profession, Luc Adolphe Tiao insiste sur la rigueur dans l’accès au métier, la révision du code de l’information, la formation des enseignants en quantité et en qualité pour les écoles de journalisme. Il suggère par ailleurs que l’Association des journalistes du Burkina (AJB) fasse son introspection et opère sa propre mutation.

L’Observatoire national de la presse (ONAP) doit être une véritable instance d’autorégulation et être plus présente sur le terrain. Enfin, le président du CSC a lancé l’idée d’une clinique de santé et une caisse de solidarité des journalistes. "Vous pouvez avoir du soutien parce que les gens, je vous assure, ont l’argent dans ce pays" , parole de Saint Luc.

"On entre dans le journalisme comme au marché"

A sa suite, c’est le Pr Serge Théophile Balima qui est appelé à "la barre" pour traiter du sujet. "Ayant une mission particulière depuis des années... (NDLR : il forme les étudiants en communication et journalisme à l’université de Ouaga), j’ai une pensée plus libérée", déclare-t-il avant de se demander qui est journaliste professionnel ; un terme difficile à définir selon lui. Il faut, certes, déplorer le fait qu’on entre dans le journalisme comme au marché Rood-Woko de Ouaga, mais si on met fin à l’ouverture du métier, on perdra la diversité des filières d’accès et les journalistes deviendront des spécialistes comme des médecins ou des pharmaciens.

La solidarité entre journalistes est difficile de l’avis du Pr Balima parce que les intérêts sont contradictoires. Avec son sens de l’humour, Serge Théophile Balima illustrera ses propos pour détendre l’atmosphère. Il y a trop d’obstacles à la solidarité au nombre desquels la sollicitation des hommes politiques, les flatteries des personnalités, les luttes concurrentielles et l’insuffisance alimentaire. Mais pour atteindre la solidarité tant recherchée, le Pr Balima a énuméré quatre principes cardinaux : la démocratie (le journaliste ne doit pas défendre la dictature), la justice sociale (il ne doit pas soutenir l’arbitraire), les droits humains (il doit défendre l’intégrité physique et morale des citoyens) et la liberté d’expression.

"L’imposture de la TNB"

L’ancien juge Hervé Kam, dernier intervenant, quand bien même il n’est pas de la profession, a su cadrer sa communication par rapport aux attentes. Se référant à une grille de lecture, il a fait ressortir le comportement que le journaliste doit adopter dans l’exercice de son métier. Il n’a pas manqué de dénoncer au passage ce qu’il appelle "l’imposture de la TNB", qui se veut une chaîne au cœur des grands événements, mais qui, paradoxalement, ne couvre pas équitablement les manifestations. Les différents exposés ont été suivis d’interventions de l’assistance sous forme de questions et de contributions enrichissantes venant des doyens de la presse tels Paul Ismaël Ouédraogo, Boureima Jérémie Sigué et Justin Coulibaly.

Adama Ouédraogo Damiss

L’Observateur Paalga

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