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Nana Thibaut : Ni derrière Sankara, ni contre Blaise, il n’a pas côtoyé les Révolutionnaires

Publié le mardi 16 octobre 2007 à 07h51min

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Nana Thibaut

Versatile pour les uns, révolutionnaire pour les autres, Nana Thibaut dit ce qu’il pense de la révolution, du sankarisme et ce qu’il fait pour la mémoire de celui qu’il considère comme un mythe.

Vous êtes un défenseur de la révolution. Avez-vous rencontré le président Sankara pendant la révolution ?

Nana Thibaut (N.T.) : Au temps de la révolution, je n’ai pas côtoyé le président Sankara. Je n’ai jamais été CDR (membre du Comité de défense de la révolution), je n’ai jamais été dans aucune des structures de la révolution. Je travaillais dans un organisme international, la CEAO (Conseil économique de l’Afrique de l’Ouest) qui nous interdisait de nous mêler de la politique.
Je suivais les activités de la révolution de loin.

Qui est Thomas Sankara pour Nana Thibaut ?

N.T. : Pour moi Thomas Sankara est un mythe. Je voyais en cet homme, un vrai croyant, un homme sage qui est venu libérer son peuple et toute l’Afrique, en défendant la dignité et l’honneur de son peuple. Tout ce qu’il faisait, c’est ce que moi Nana Thibaut souhaiterais faire si j’avais l’occasion de créer un parti politique. Dieu faisant bien les choses, la CEAO a été dissoute et j’ai pris mon bâton pour créer mon propre parti. Mais avant j’ai créé l’Association Thomas-Sankara (ATS), si vous vous en souvenez. Avec l’ATS, j’ai sillonné toutes les provinces du pays avec des films de Sankara. Récemment, des organisateurs de la commémoration du 15 octobre sont venus chercher chez moi des images. C’est dire que j’ai commencé à travaIller pour défendre la mémoire de Thomas Sankara, pour toujours tenir haut son flambeau bien avant d’autres personnes qui sont venues par le hasard des choses et qui se disent sankaristes, qui insultent.

Que faites-vous pour honorer la mémoire de celui qui est un mythe pour vous ?

N.T. : Depuis l’assassinat de Thomas Sankara, personne ne peut lever le doigt pour dire qu’il a commencé à organiser le 15 octobre plus tôt que Nana Thibaut. Nous étions deux dans ce pays, Congo Nayabtigoungou, Nana Thibaut et d’autres jeunes. Comme d’habitude à chaque 15 octobre, je n’attends pas le jour « j » pour commencer mes activités. Cette fois encore, je vais sortir avec les discours de Thomas Sankara et me promener en ville. Thomas Sankara va parler et ainsi les gens se souviendront de lui. Je le rends immortel. Je suis en train de monter les haut-parleurs pour sillonner la ville à compter de ce jour (10 octobre) jusqu’au 15 octobre.

Vous êtes donc sankariste comme certains adorateurs de Sankara ?

N.T. : Cela ne voudrait pas dire que je suis sankariste. Le sankarisme est une idéologie, ce n’est pas une personne. J’aime Thomas Sankara, j’aime ce qu’il a fait et ce qu’il voulait faire. Sinon, il ne s’agit pas de porter le nom de sankariste, de porter des badges ou de créer des partis. Je suis révolutionnaire, j’aime l’homme et je suis prêt à travailler pour la continuité de ses idéaux.

Mais pas pour le rayonnement du sankarisme ?

N.T. : Tous les Ouagalais savent qui est Nana Thibaut aujourd’hui. Je me suis toujours mis du côté du bas peuple. Je défends les veuves et ceux qui n’ont réellement pas les moyens. Mon RDP (Rassemblement démocratique et populaire) n’est pas un parti sankariste, mais un parti révolutionnaire. Je ne suis pas révolutionnaire pour contrecarrer Blaise Compaoré. Je ne suis pas sankariste pour dire que je suis derrière Sankara. Je suis né révolutionnaire et mon sang est révolutionnaire. Aujourd’hui si Blaise Compaoré fait quelque chose de bien, s’il crée quelque chose qui tend vers la révolution, qui est propre, je vais le soutenir. En politique, il y a des gens qui disent aujourd’hui qu’il y a une différence entre Blaise et Sankara, alors que ces mêmes gens ont côtoyé Sankara sous la révolution où ils étaient respectés. Ces gens disent que Sankara n’a rien fait. Moi je me demande pourquoi ils n’ont pas démissionné de leurs postes pendant la révolution. Ce sont des équilibristes, des malhonnêtes. Aujourd’hui c’est Sankara qu’ils condamnent demain ça sera Blaise. Ce sont des caméléons équilibristes. Ce sont des gens qui ne cherchent qu’à remplir leurs poches. Avec ça ils disent qu’ils ont été révolutionnaires. Moi je dis non, un révolutionnaire doit être propre et avoir le cœurr blanc. Il faut qu’on se dise la vérité ; tous ces gens sont des mange-mil autour du président.

Que représente pour vous la Révolution d’août ?

N.T. : La révolution de Thomas Sankara m’a beaucoup soulagé. Si on veut une comparaison avec le pouvoir de la IVe République, il faut qu’on se dise la vérité. Si Blaise aujourd’hui n’est pas bon, c’est la faute à son entourage. Blaise n’a pas le courage de dire la vérité à son entourage. Mais Thomas Sankara était un vrai responsable, c’est un père de famille qui savait éduquer ses enfants ; il a osé et c’est en osant qu’il a accepté mourir. C’est quelqu’un qui savait prendre ses responsabilités.

Propos recueillis par Mouor Aimé KAMBIRE

Sidwaya

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