LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Togo : Elections en danger

Publié le vendredi 5 octobre 2007 à 08h15min

PARTAGER :                          

Faure Gnassingbé

Après moult atermoiements, avec à la clé de successifs reports des élections législatives, la vie politique au pays d’Eyadéma semblait connaître une évolution positive depuis un certain temps. La plupart des observateurs de la scène politique togolaise s’étaient laissés gagner par un certain optimisme, surtout avec les législatives dont l’échéance se précise.

Mais voilà que depuis un certain temps, une rumeur de duel fratricide entre les frères Eyadéma, dont les échos se font de plus en plus persistants, risque fort de compromettre le processus électoral dans ce pays. En tout cas, les dernières nouvelles en provenance de la capitale togolaise ne sont pas tout à fait rassurantes. Il ne serait pas exagéré de dire que des nuages planent sur le processus qui, pourtant, avait réussi à amorcer un tournant décisif.

Même si, officiellement, les principaux acteurs, le médiateur y compris, ne semblent pas vouloir aborder le sujet, force est de reconnaître qu’à quelques jours du scrutin, de nombreux indices montrent que la sérénité n’est pas parfaite du côté de Lomé. La tension est perceptible entre le président Faure et son frère aîné. L’annulation, sans autre forme de procès, de la rencontre du comité de suivi de l’accord intertogolais, qui était prévue courant août dernier, et la dernière visite de Faure chez le médiateur, qui a été frappée du sceau de la confidentialité la plus absolue, sont autant de signaux qui témoignent, si besoin en était encore, de ce que le processus a mal à certains de ses responsables.

Or, une compromission de ces élections qui s’annoncent pourtant comme le premier test pour ce pays qui se remet de ses longues périodes troubles, serait une grosse perte. La rivalité au sommet entre les deux frères risque de porter préjudice à tout un peuple. Certaines sources font même état de l’échec de la médiation de chefs d’Etat africains, et non des moindres, dans cette querelle. Cela est d’autant plus inquiétant que cette crise oppose deux éléments du même camp présidentiel. Quand on sait les moyens (en armement surtout) dont chacun peut disposer, il y a lieu de redouter une exacerbation de la crise.

Mais qu’est-ce qui fait courir tant les partisans du pouvoir au Togo ? Pourquoi avoir attendu si longtemps, jusqu’à la veille des élections, pendant que la campagne bat son plein, pour étaler tant de contradictions ? Serait-ce pas la peur de la perte du pouvoir et de ses privilèges ?

Toujours est-il que le médiateur a du pain sur la planche. C’est dire qu’il faut parvenir à restaurer la sérénité à tous les niveaux, en amenant les uns et les autres à surpasser les querelles, les rancoeurs, les calculs égoïstes, pour privilégier l’intérêt supérieur du peuple togolais. Cela est d’autant plus impérieux que sans ce minimum de sérénité, la réconciliation véritable et la paix sociale demeureront précaires, même après le scrutin. Les dernières revendications de l’opposition, qui avait jusque-là montré son engagement à prendre part au scrutin du 14 octobre 2007, risquent de constituer de sérieuses entraves au processus. La vive polémique avec le pouvoir, relative au mode de contrôle des bulletins de vote et leur authenticité, est assez illustrative de ce que la tenue sereine de ce scrutin n’est pas gagnée d’avance.

Le président Faure doit donc absolument parvenir à mettre de l’ordre dans son propre camp. A moins qu’il veuille rééditer le scénario de la conférence nationale du début des années 90, que son défunt père avait décidé de suspendre sans autre forme de procès, au motif qu’il voulait mettre fin à une certaine recréation qui n’avait que trop duré à ses yeux. En cela, Nicolas Sarkozy vient de lui indiquer la voie, lui qui a appelé les membres de son parti, l’UMP, qui devenaient de plus en plus grognons, pour leur tenir un langage de vérité. Mais encore faut-il que Faure ait l’aura de Sarkozy et que ses partisans soient de fervents démocrates. Faure peut-il oser une pareille entreprise quand on sait les circonstances dans lesquelles s’est faite sa prise de pouvoir ?

Le Pays

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique