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Le Premier ministre en concertations tous azimuts : La méthode Tertius

Publié le mercredi 4 juillet 2007 à 07h15min

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Depuis sa nomination le 04 juin 2007, le carnet d’audience de Tertius Zongo, le nouveau locataire de la primature est fort chargé. Il a multiplié et continue de multiplier les rencontres avec toutes les catégories sociales et forces vives de la nation. Il tient à écouter chacun avant sa tant attendue déclaration de politique générale.

Diriger en cette aube du IIIe millénaire un pays africain et qui de surcroît compte parmi les plus pauvres est loin d’être une sinécure. Il en faut du muscle, de l’esprit et du fond. Il faut être de l’étoffe de ceux ne cédant jamais au découragement.

La pratique veuille qu’en Afrique, chaque citoyen regarde l’Etat et attend tout de lui et ce n’est point là une vue de l’esprit.

En effet, c’est ce qu’a laissé entendre l’ancien président Saye Zerbo à sa sortie d’audience lorsqu’il a été reçu avec l’autre ex, Jean-Baptiste Ouédraogo. A la question « Qu’attendez-vous du nouveau Premier ministre » ?, il répond « Nous attendons tout de lui » ».

C’est peut-être un peu forcé le trait, mais la réalité actuelle est à mille lieues de la pensée d’un célèbre homme politique qui disait à ses compatriotes : « Ne demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, demandez-vous ce que vous pouvez faire pour votre pays ».
Communication tous azimuts et gouvernance vont de pair dans notre monde contemporain, mais ainsi conçue la communication peut avoir des revers. S’entendre dire les préoccupations qui sont celles du peuple suppose d’avoir les moyens de les satisfaire. En tout cas, cette méthode Tertius l’astreint au résultat. D’autant plus que communication égale obligation de rendre compte.

Si elle tient la route

Au terme de ces échanges, le Premier ministre, qui vient de sacrifier à une obligation tendancielle, sera autrement jugé par le contenu de sa déclaration de politique générale. Certains corps sociaux, les syndicats pour le dire notamment, apprécieront s’il a ou non été guidé par l’air du temps en initiant toutes ces rencontres.

Consacrer autant d’attention et de munitie à des consultations formelles suppose que cette déclaration ne soit pas en décalage d’avec ce qui s’est dit.

En somme, cette méthode tout à lui, censée engendrer une communication d’âme, dégager une vision commune et une volonté d’agir ensemble n’a pas à rester dans l’intention. Bref, le contenu de sa déclaration est tenu de la valider et de lui donner un sens et un contenu.

A l’heure où les besoins émis donnent le tournis, où l’économie mondiale asphyxie les pays faibles, l’ambition du Premier ministre de voir émerger un Burkina grand, parait être sur un fil tenu. Il devra naviguer entre le rêve et le possible, les limites de ses moyens et le redonner plus de joie dans les chaumières.
Il est peut-être aussi important aujourd’hui d’élaborer un calendrier des engagements surtout que la demande sociale se mêle à l’impatience.
S’il faut aller vite et bien, il sait aussi que confondre vitesse et précipitation peut créer un préjudice.

Quand ça va mal

On ne fera pas le procès de Tertius Zongo de croire que « Tout nouveau, tout beau ». Parce qu’il viendrait par ailleurs de loin, avec forcement des idées outre atlantique, il voit tout en rose. Que ce style de parler avec les gens concernés n’est pas de faire mode.
Le dialogue étant une vertu de la conduite des affaires publiques, il ne prend une vraie dimension que dans les situations de crises.

Lorsque l’exécutif et la communauté sociale s’affrontent, on reconnaît alors dans ce moment, le politique qui choisit le dialogue comme élément majeur de gouvernement. L’état de grâce ne durant que le temps de faire connaissance, les premières mesures peuvent remettre en cause les bonnes dispositions vues dans ce mois de juin.

On verra alors de quelle trempe est faite ce choix de la communication censée joindre l’acte, qui selon les analystes constitue le point faible des dirigeants modernes.

Aussi, on jugera de la périodicité sur le long terme du dialogue et de comment il sera organisé parce que le but ultime est de prouver son efficacité. A ce propos, si les appelés dans la salle d’audience du Premier ministre ont salué cette volonté d’associer la nation dans la gouvernance, ils ont parallèlement relevé que l’important est que les attentes se concrétisent.

Cette large concertation en premier épisode d’une suite à venir et la ligne ainsi tracée est mise déjà à l’épreuve des vicissitudes de la politique. C’est pourquoi il faut espérer que si les acteurs sociaux se sont fait entendre, ils ont à leur tour entendu aussi le Premier ministre. Parce que le dialogue « in fine » veut que chacun écoute et comprenne l’autre.

Et un des messages de Tertius Zongo et pas des moindres serait que chaque Burkinabè dans son quotidien montre son amour pour son pays. S’il l’a dit et souhaité avec conviction, c’est que quelque part, il a l’impression que ce n’est pas le cas ou pas toujours.
On en revient alors à cet appel dit plus haut : « N’attendez pas tout de votre pays, apprenez aussi à lui donner sans rien espérer en retour ». Tout un programme au Burkina !

Souleymane. KONE

Sidwaya

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