LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Augmentations des salaires et des subventions : La divine surprise du discours de Paramanga Yonli

Publié le mardi 3 avril 2007 à 09h25min

PARTAGER :                          

Pour la 7e fois, le Premier ministre Paramanga Ernest Yonli a sacrifié, le 29 mars 2007, à la tradition du Discours sur la situation de la nation (DSN), prononcé dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale.

1 heure d’horloge durant, le Premier ministre a fait aux 82 députés présents, le bilan de l’action de son gouvernement, exercice 2006, dans tous les domaines, et annoncé de nouveaux chantiers dans beaucoup de secteurs.

Pour la première fois, le Premier ministre a donné du piquant à son exercice en annonçant l’augmentation générale des salaires au taux unique de 5% pour toutes les catégories salariales, pour compter du 1er avril 2007, et celle des subventions à la presse privée, aux syndicats et aux partis politiques.

Au fil des années, les Discours sur la situation de la nation (DSN) se suivent et se ressemblent, de l’avis de certains citoyens. Pour ces personnes, les DSN ne sont qu’un condensé d’annonces de progrès sans incidence réelle, et un catalogue de bonnes intentions, de promesses qui n’engagent que ceux qui y croient. Plus d’un se dit ulcéré, par exemple, par les voyants économiques que l’on dit constamment au vert ou le taux de croissance toujours à 2 chiffres alors que le panier de la ménagère, au lieu de s’alourdir, devient de plus en plus léger.

Le 7e DSN de Paramanga Ernest Yonli, prononcé le 29 mars dernier devant les députés de l’Assemblée nationale, était parti pour être considéré, à l’instar des précédents, comme un exercice à vite oublier. Mais divine surprise, au lieu de se contenter de dire que tout va bien au Burkina, d’aligner des chiffres pour l’étayer, Paramanga Ernest Yonli crée la surprise.

Comme pour dire qu’il y a bel et bien de la croissance, et que les fruits profiteront à tout le monde, le Premier ministre annonce une série d’augmentations. La première concerne les salaires qui, dans leur ensemble, connaîtront à partir du 1er avril 2007 une hausse générale au taux unique de 5% pour toutes les catégories salariales.

A peine les 82 députés présents sur les 111 que compte l’Assemblée nationale ont-ils fini d’applaudir cette réjouissante nouvelle par laquelle les salariés du privé se demandent s’ils sont aussi concernés, faute de précision de la part du Premier ministre, que Paramanga Ernest Yonli enchaîne avec une autre. Il s’agit de l’augmentation de la subvention de l’Etat aux syndicats, qui passe de 100 à 150 millions de F CFA pour l’exercice budgétaire 2007.

Père Noël d’un après-midi

Le Père Noël d’un après-midi ne s’est pas arrêté en si bon chemin dans sa générosité, puisqu’il a également annoncé dans son discours tapuscrit (saisi à l’ordinateur) de 46 pages 2 autres augmentations de subventions. Il s’agit de celle de la subvention de l’Etat à la presse privée, qui passe de 150 à 200 millions de F CFA pour l’exercice budgétaire 2007, et celle aux partis politiques, qui sera portée pour le même exercice budgétaire de 300 à 500 millions de F CFA. Mais abstraction faite de ces annonces, le reste du discours renoue avec le traditionnel satisfecit et les projets pour un avenir radieux des Burkinabè et du Burkina.

D’ailleurs, dans la partie questions qui a suivi l’exposé oral du Premier ministre, certains députés, parmi les 32 qui sont intervenus, ont fait savoir à Paramanga Ernest Yonli qu’ils ne se reconnaissaient pas dans le Burkina dont celui-ci venait de faire cas. D’autres ont même douté de l’effectivité de l’augmentation des salaires, assimilant l’annonce faite à un poisson d’avril ou se demandant si les augmentations annoncées étaient en adéquation avec le budget.

Ce n’est pas un poisson d’avril

Le Premier ministre, lui, a rassuré qu’il s’agissait bien d’une augmentation avérée et non d’une farce, toute chose, a-t-il dit, que le gouvernement ne pouvait se permettre devant la représentation nationale. Aussi, et toujours selon le chef du gouvernement, il n’y a pas d’inquiétude à se faire concernant l’adéquation entre les augmentations et le budget de l’Etat, car la loi de finances rectificative intègre les subventions annoncées, et des ressources additionnelles sont attendues.

Autre assurance apportée par le Premier ministre dans ses réponses entre 22h10 et 00h, les solutions que le gouvernement est en train de trouver aux "revendications objectives" des militaires qui ont affronté les policiers à Ouaga les 20 et 21 décembre 2006.

Par Séni DABO

Le Pays

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique