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Législatives de mai 2007 : le piège des « primaires »

Publié le lundi 12 février 2007 à 07h37min

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Les Burkinabé sont appelés aux urnes en mai prochain pour le choix de leurs députés. Une élection qui mettra fin au mandat des élus nationaux de la troisième législature sous la IVe République. Avant cette échéance, bien que la campagne ne soit pas officiellement ouverte, chacune des formations politiques légalement reconnue s’affaire à répondre présente et surtout à s’assurer les meilleurs suffrages.

Un scrutin qui a fait des émules avec son « trop » plein de candidats potentiels, au point que des formations politiques ont eu recours à des « primaires » pour pouvoir arrêter la liste de leurs candidats. Le parti au pouvoir, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) a, le premier, jeté les bases de cette candidature à la candidature en installant un collège d’appréciation sur l’ensemble du territoire, avec comme membre siégeant les élus locaux. Les premiers résultats qui émergent de ces consultations laissent entrevoir un très vif intérêt pour le poste de député.

Au total, six cents candidats à la candidature auraient été enregistrés... qui prend en compte la totalité des députés de ce parti. Ce qui montre que le choix, en dépit des critères de notations édictées, se fera dans la douleur. Et les résultats définitifs ouvriront la boîte de la migration vers d’autres formations qui se réclament de la mouvance. Après trois législatures, et en dehors de l’élection présidentielle, il y a toujours un choix à opérer pour les candidats.

Cette élection ne déroge pas à la règle qui oppose dans toutes les circonscriptions, des candidats qui, comme des volcans ont fait irruption sur la scène locale certes, à des candidats considérés comme des vieux de la vieille ou à d’autres encore forts et puissants, seulement dans les grands centres. C’est dans cette foule de candidats qu’il faudrait opérer un choix. Surtout le bon, pour pouvoir effectivement engranger le maximum de voix en mai prochain.

A coup sûr, et pour l’intérêt de notre processus démocratique, les « primaires » devraient permettre d’éviter de connaître le sort des municipales ou la popularité réelle ou supposée des uns a freiné le passage à d’autres qui avaient le profil pour l’emploi. De sorte qu’à l’arrivée dans bien de conseils, en dehors du maire, les autres membres étaient d’un niveau d’instruction juste à la « bantaaré ».

Mais à qui la faute ? Au regard des récriminations de la base contre une élite qu’elle estime ne pas prendre en compte ses préoccupations, quand tout simplement elle n’affirme pas que des élus leur tournent le dos, après le scrutin. Faisant d’elle des orphelins qui n’attendent que le prochain scrutin pour se faire valoir. En d’autres termes, pour marchander leur voix.

En cela, les « primaires » sonnent comme une aubaine et pour ces populations à la base, et pour d’autres prétendants pour qui, déjà trois fois député, c’est bon. Comme si quelque part, il était stipulé la limitation des mandats des élus locaux et nationaux. Ainsi, ce qui devait permettre une sélection à la base, revêt l’aspect d’un capharnaüm, d’une tentacule à plusieurs têtes. La corruption, l’hébergement dans des hôtels, en un mot, l’achat de conscience s’érigent en règle.

Dans ce jeu malsain, comment ne pas voir émerger d’illustres inconnus, des ouvriers de la vingt-cinquième heure là où certains convaincus de leur pouvoir sur les populations, leurs populations auraient recueilli la note « passable » sur l’échelle d’une notation allant de « excellent » à « passable » en passant par « bon ». Non, cette façon de faire les « primaires » , n’est moins qu’une tricherie qui ne s’accommode pas à la démocratie. Elle met plutôt en porte-à-faux les premiers dirigeants des formations politiques et la base.

Car, il est plus que certain, que les notations dans bien des cas, seront proportionnellement inverses entre l’une et l’autre. En d’autres termes, à« l’excellent » de la base, sonnera en écho un « passable » du sommet. Contribuant à désorienter une population sur le choix de celui ou celle qui, de son avis, peut faire son affaire.

Dans ces situations, faut-il suivre la base au risque « d’interdire » à une forte population d’élus la possibilité d’être candidats ? Faut-il aussi déconsidérer les avis de cette même base qui, quoique l’on dise, apprécie selon des critères de sociabilité propres à nos us et coutumes ?

Le nec plus ultra aurait été cette harmonie entre les notations à la base et le jugement du sommet sur des candidats ou futurs candidats que tous sont censés connaître.

Malheureusement, les « primaires » ressemblent plutôt à un piège auquel il faudra trouver une parade. Car le problème est loin d’être la seule préoccupation du parti au pouvoir. Déjà, d’autres formations, pour sauvegarder leur unité, seront appelées elles aussi à passer par cette voie, même si les critères diffèreront, il n’est pas exclus que les mêmes pratiques soient de mises.

Par Jean Philippe TOUGOUMA

Sidwaya

P.-S.

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