Le président Moshe Katsav « démissionné » contre son gré et le Premier ministre Ehoud Olmert dans l’œil du cyclone, cependant que le ministre de la Défense Dan Alouz a préféré larguer les amarres, après la campagne médiatique qui lui faisait porter le chapeau de la débâcle estivale face au Hezballah libanais, c’est tout l’exécutif israélien qui est renouvelé ou est en passe de l’être.

En effet, on ne voit pas comment Ehoud Olment survivra lui aussi à la campagne politico-médiatique dirigée contre lui, sur fond d’accusation de délit d’initié. En rappel, Olmert est accusé d’avoir acheté en 1993, un appartement en-dessous du prix normal à Jérusalem alors qu’il était maire de cette ville.

Aussi et surtout, il lui est reproché d’avoir vendu la banque « Leum » (deuxième du pays) à un de ses amis lorsqu’il était numéro deux du cabinet Sharon. Last but not the least, la gestion « posthume » mal assurée des démêlés juridiques de Sharon dont le fils avait été épinglé par la justice avant le coma profond de son père lui est imputée. Ehoud Olmert qui doit beaucoup à Ariel Sharon a-t-il demandé à la justice de mettre la « pédale douce » dans les « affaires » de son prédécesseur ?

« Chi lo sa », disent les Italiens, même si nombre d’Israéliens en sont convaincus et n’hésitent pas à voir dans l’exécutif actuel une bande de « ripoux ». Un procès d’intention que révèle un mal-être et une crise psyschologique chez nombre d’habitants d’Israël qui ont découvert l’été dernier que leur armée n’était pas l’invincible armada qu’ils croyaient, aidés en cela par une propagande (c’est de bonne guerre) à l’échelle mondiale.

Laquelle se trouvait confortée par la guerre de six jours en 1967 et celle du Kippour en 1973, conflits au cours desquels, l’Etat hébreu avait infligé une défaite cuisante aux armées arabes coalisées contre lui. Gamal Abdel Nasser, le raïs égyptien en était d’ailleurs mort de chagrin cependant que la donne politique proche-orientale s’en trouvera durablement modifiée. Tsahall n’a pas réédité l’exploit en juin-juillet 2006, l’offensive contre le Hezbollah au Sud-Liban ayant tourné au cauchemar.

Jérusalem, « mère de toutes les batailles »

Le parti de Dieu n’a pas été réduit en cendres sous le feu des bombes. Mieux ou pire, il a retrouvé toute sa superbe et son assise en volant au secours des victimes des bombardements aveugles israéliens. Conséquences donc, Dan Allouz a préféré aller réviser ses classiques militaires cependant que le ministre de la Défense travailliste Amir Perets est au centre d’un scandale qui menace de l’emporter. Aussi, les Israéliens reprochent au gouvernement Olmert sa frilosité face à la menace nucléaire iranienne qui devient de plus en plus précise. Le chef du Mossad, le général Meïr Dagan a même déclaré que l’Iran disposerait de l’arme nucléaire dès 2009.

Faut-il laisser faire le régime des mollahs accusé de négationnisme (Ahmadinejad ne cesse de gloser sur l’holocauste, le remettant presqu’en cause) et qui prône la destruction de l’Etat « sioniste » ? « Non, » disent les faucons qui préconisent la destruction des sites nucléaires iraniens (Natanz et Arak), ce qui suppose l’utilisation par Israël de l’arme nucléaire.
Une occurence aux conséquences incalculables à l’échelle sous-régionale voire planétaire, même si elle aurait le don de sécuriser Israël pour une décennie.

Du coup, la diplomatie secrète américaine s’est mise en branle pour contraindre les Iraniens à mettre fin à leur « rêve nucléaire ». En pure perte pour le moment, surtout qu’un haut responsable israélien a levé le secret de polichinelle sur la possession par l’Etat hébreu de l’arme nucléaire. « Pourquoi pas les Arabes » ?

Voilà le leitmotiv et l’Iran est soutenu dans sa quête par des milieux insoupçonnables. On parle ainsi de princes héritiers saoudiens, de riches pétroliers du Golfe et « divine surprise, » du réseau Al Qaïda.

Pour que le sunnite Oussama Ben Laden en vienne à supporter les chiites iraniens qu’il hait, il faut que la « cause » soit vraiment « nationale ».
Une cause nourrie par la bataille multiséculaire qui oppose Arabes, croisés et juifs autour de Jérusalem. La ville trois fois sainte dont les orthodoxes Juifs ne veulent pas entendre parler d’une quelconque partition, ne cesse donc de tuer ses fils.

Ben laden l’a dit, l’iman Nasrallah et l’aile dure du Hamas palestinien aussi, « il n’y aura pas de paix en Judée et en Samarie » tant que Jérusalem-Est « au moins » ne sera pas arabe. Mahmoud Ahmadinejad va plus loin en réclamant tout le « gombo, » ce qui risque de provoquer le prochain conflit majeur dans la région. Le serpent se mord donc la queue avec une communauté internationale qui rentre dans sa coquille chaque fois que la question revient sur la table.

Il ne reste plus que l’affrontement au vu de la résolution qui anime les deux camps, même si pour l’heure les Palestiniens sont eux aussi dans une « crise culturelle » avec les affrontements entre le Hamas et le Fatah. En gelant son aide aux Palestiniens depuis la victoire du Hamas aux législatives de mars 2006, l’Occident prouve encore une fois qu’il a une courte vue dans la gestion du conflit israélo-palestinien.

La fin justifie les moyens, mais la faim, elle, conduit à l’utilisation de tous les moyens, fussent-ils extrêmes. C’est dire que la prochaine éruption du volcan n’en sera que plus destructrice.
Qu’elles sont dures, les guerres de religions !

Boubakar SY

Sidwaya