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Troisième congrès ordinaire du CDP : Exit les indisciplinés mais ...

Publié le samedi 18 novembre 2006 à 09h37min

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On ne change pas une équipe qui gagne. En émondant le bureau exécutif national tout en gardant les poids lourds à leur place, Blaise Compaoré confirme cet autre adage qui dit "qui va loin, ménage sa monture". A peine le quinquennat entamé après sa large victoire du 13 novembre 2005, le père fondateur du CDP aurait été mal inspiré de provoquer un chamboulement du parti majoritaire.

En effet, si le président du Faso a le soutien de l’Alliance pour la majorité présidentielle (AMP) et de l’ADF/RDA, il n’ignore pas que le meilleur socle de son pouvoir, électoralement parlant, reste le CDP. Il a pris dix ans pour le façonner afin d’arriver à la grande homogénéité actuelle du parti. Quoi qu’on dise, les différentes tendances qui s’y expriment sont équilibrées. Aucune n’écrase les autres. De même, entre les différents membres du parti présidentiel, Roch Marc Christian Kaboré, Salif Diallo, Simon Compaoré et François Compaoré, les fissures ne sont pas aussi béantes qu’on pourrait le croire. Il n’y a pas en vérité des divergences de fond.

Tout juste de petits différents pour la gestion des nombreux cadres du parti dans leur positionnement sur les listes aux mandats électifs et/ou dans la gestion de l’appareil d’Etat. Même à ces niveaux, chacun connaît les limites à ne pas franchir encore qu’on devine que le président Compaoré, sans se mêler à ces querelles de leadership, sait mettre le holà discret mais ferme quand il le faut.

En vérité, ce sont quelques militants de base - comme les 150 à 200 récemment exclus - qui paient le prix fort des éléphants du parti qui se battent. Ces militants ne connaissent pas les subtilités des luttes politiques et poussent le bouchon plus loin que leurs mentors. Conséquence, c’est eux qui trinquent pour l’exemple. C’est là l’une des leçons de ce troisième congrès ordinaire. Les ambitions personnelles des militants s’arrêtent où commencent les intérêts tactiques et stratégiques du parti.

Le président du Faso qui se veut le chantre de l’unité nationale à travers le "large rassemblement" ne peut supporter les semeurs de troubles dans les rangs de son parti. Exit donc les fantassins semeurs de zizanie à la base. Quant aux chevaliers, ils sont remis en selle et en confiance pour les législatives de 2007.

Au passage, trois capitaines ont néanmoins perdu leurs galons : Mélégué Maurice Traoré dans les Cascades, Christophe Dabiré dans le Sud-Ouest, Kapouné Karfo dans le Centre-Sud. Motifs : ils sont de moins en moins consensuels dans leur région. Du coup, ils sont moins efficaces comme coordonnateurs régionaux. Les nouveaux promus, Benoît Ouattara, Domba Jean Marc Palm et Jean Bertin Ouédraogo réussiront-ils à ramener Banfora, Gaoua et Manga pour ne citer que les villes capitales des trois régions - dans le giron du CDP ? Premier test de vérité, les législatives de mai 2007.

En attendant, le constat d’un parti présidentiel fort de son organisation, de son implantation et de sa cohésion s’impose à tous les observateurs de la scène politique nationale. Cependant, on reste quelque peu sur sa faim quand on remarque qu’aucune recommandation ni motion n’est venue de ces assises pour exprimer un soutien moral à des militants de première heure, leaders d’opinions et bailleurs de fonds du CDP malmenés dans la presse à propos du drame de Sapouy.

Pourtant leur appartenance ou leur soutien visible au parti présidentiel est l’une des raisons fondamentales de la campagne de dénigrement dont ils sont l’objet de la part de l’opposition par le biais d’une certaine presse acquise à leur cause.

L’esprit de parti, c’est aussi cela, la solidarité dans les épreuves, surtout quand elles sont orchestrées par les adversaires, voire des ennemis du système. Sur ce point, ce troisième congrès a fait comme un faux-pas.

Djibril TOURE

L’Opinion

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