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<I>Une lettre pour Laye</I> : Coup de filet à l’immeuble du Faso

Publié le vendredi 20 octobre 2006 à 08h41min

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Cher Wambi,

Même si ce ne sont pas encore les dernières gouttes de la saison hivernale, ça y ressemble fort puisqu’en ce mercredi 18 octobre, la capitale burkinabè a partiellement été arrosée. Pendant qu’à la "Patte d’Oie" et à Pissy, par exemple, les populations avaient les pieds dans l’eau, dans d’autres quartiers, c’était la poussière qui s’imposait.

Ne sont-ce pas là les prémices d’une fin de saison en fanfare, puisque les récoltes sont abondantes et les marigots toujours débordants du précieux liquide céleste ?

En tout cas, cher cousin, la pluie n’a plus que la force de la rosée, mais elle est toujours d’actualité comme en témoignent les relevés du jeudi 12 au mercredi 18 octobre courant dans nos différentes stations : Dori : NT ; Ouahigouya : 2,0 mm ; Ouagadougou-aéro : 29,1 mm ; Dédougou = 11,5 mm ; Fada N’Gourma = 30,1 mm ; Bobo-Dioulasso : 67,4 mm ; Boromo : 44,5 mm ; Pô : 9,9 mm ; Gaoua : 3,9 mm ; Bogandé : 1,5 mm.


On ne le dira jamais assez, cher cousin, la voie qui mène à la décentralisation et à la communalisation intégrale est pavée de bonnes intentions, mais si l’on n’y prend garde, les Burkinabè des campagnes risquent de passer très à côté des nobles objectifs qu’elles poursuivent, et pour cause. Tu as encore en mémoire l’alerte que j’avais donnée dans ma lettre du 06 au 08 octobre dernier sur les dérives qui se profilent à l’horizon dans la commune rurale de Tanghin-Dassouri au sujet du site devant accueillir le siège de la mairie.

Bazoulé ou Tanghin-Dassouri ? C’est, en tout cas, la question délicate qui devrait interpeller les plus hautes autorités de ce pays, afin de prévenir l’effet de contagion. Car, ça n’arrive pas qu’aux autres. Les querelles de familles, de personnes ou de préséances traditionnelles, ces maladies infantiles de la décentralisation, peuvent bien voyager d’une commune à une autre.

Pour te prouver qu’il y a urgence à trouver une thérapie au mal de la commune de Tanghin-Dassouri, je t’invite à parcourir cette correspondance qu’un groupe de conseillers de ladite commune a adressée au ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation :

"Monsieur le Ministre, Nous venons par la présente vous faire part de nos inquiétudes incessantes quant à la manière d’administrer la toute jeune commune rurale de Tanghin-Dassouri par certaines autorités administratives de la province. Ainsi, des signes annonciateurs de jours sombres qui ne trompent pas se profilent déjà à l’horizon. Nous osons croire qu’il ne s’agit point d’un plan savamment orchestré pour aboutir à la situation déplorable et malheureuse de la commune de Pô.

En effet, il est utile de rappeler que les élections municipales d’avril 2006 ont été purement et simplement annulées dans la circonscription électorale de Tanghin-Dassouri pour des raisons que nous ignorons. Nous nous posons toujours la question de savoir qui a fraudé et à qui profite cette fraude. Nous n’avions pas fini de nous poser cette interrogation, que Madame le préfet, en collaboration avec le haut-commissaire, tentait de nous imposer une situation incompréhensible pour raison d’ailleurs inacceptable.

Réunis en session ordinaire du 23 au 24 septembre 2006 sur convocation du maire, les conseillers avaient à l’ordre du jour cinq (5) points dont le plus sensible était le choix du site devant abriter la mairie. N’ayant pas pu, au terme de deux (2) jours de débats, s’accorder sur un site précis, la majorité des conseillers décida de passer au vote. Malheureusement, face aux injures, menaces et intimidations de tous genres proférées par des jeunes postés à l’entrée de la salle de réunions, le maire décida de suspendre la séance.

C’est avec stupéfaction que nous apprendrons le lendemain, que le haut-commissaire et madame le préfet, sans attendre le rapport de monsieur le Maire et le procès-verbal de notre conseil, ont décidé unilatéralement du choix du site en ignorant royalement la volonté de la majorité du conseil municipal.

Nous pensons, pour notre part, que pour plus d’équité, madame le préfet, pour un dossier aussi sensible, devrait avant tout écouter toutes les parties avant de se prononcer ou d’envoyer le dossier devant le haut-commissaire. Nous, signataires de la présente lettre, voudrions vous faire savoir notre refus catégorique de cet hold-up démocratique qui s’opère à Tanghin-Dassouri.

Le choix de l’emplacement de la nouvelle mairie est pour nous délicat pour des raisons sociales et géographiques ; pour cela, il devrait être traité sans passion avec une attention particulière et diligente. Nous disons non à ceux qui essaient de profiter de cette situation pour attiser la haine, la division et semer la zizanie au sein de notre laborieuse population.

Tanghin-Dassouri a besoin des efforts conjugués de ses filles et fils pour son développement et nous pensons que l’administration devrait plutôt nous aider dans ce sens. Monsieur le ministre, nous vous demandons de prendre le taureau par les cornes pour éviter une situation déplorable dans notre toute jeune commune. Dans l’attente d’une suite favorable, nous vous prions, Monsieur le ministre, de croire en l’expression de notre parfaite considération."

Fait à Tanghin-Dassouri, le 14/10/2006

Un groupe de conseillers


Est-ce la fièvre des joutes électorales de 2007 qui monte déjà ? Point besoin d’être un devin pour y répondre par l’affirmative. La Commission électorale nationale indépendante (CENI), renouvelée, s’attelle à l’installation de ses démembrements.

C’est dans ce contexte, cher cousin, que naissent des initiatives républicaines dans l’attente des législatives. Ainsi m’est-il revenu que les groupes parlementaires ADF/RDA, Justice & Démocratie, PDP/PS & Apparenté RDEB se sont adressés récemment à certaines institutions, personnalités influentes d’ici et d’ailleurs, à l’effet d’obtenir une relecture du code électoral. Seront-ils seulement entendus ?


Cher cousin, cela fait un bail qu’on n’avait pas vu Robert Ménard, le remuant secrétaire général de l’Association Reporters sans frontières (RSF), au "Pays des hommes intègres". Eh bien, cet intrépide défenseur des journalistes a atterri à Ouagadougou dans la soirée du 18 octobre 2006. Tu le devines aisément, ce séjour burkinabè de Robert Ménard a lieu dans le cadre de la commémoration ce 20 octobre de la Journée internationale de la liberté de la presse.

Dans ce cadre d’ailleurs, il a eu hier 19 octobre des rencontres avec des officiels (ministère de la Justice, Palais de justice de Ouagadougou) et devait en principe rendre visite à la famille de notre confrère Norbert Zongo, assassiné un certain 13 décembre. Ce vendredi 20 octobre, il assistera à un panel au Centre national de presse Norbert Zongo (CNP-NZ) sur le thème : "Le non-lieu dans l’affaire Norbert Zongo", animé par Me Prosper Farama, Me Bénéwendé Stanislas Sankara et le journaliste Pierre T. Dabiré.

Un panel à l’issue duquel Robert Ménard donnera un point de presse sur son séjour burkinabè. Tu te rappelles encore, comme si c’était hier, que le 10 mai 1999, aux lendemains de la remise du rapport de la Commission d’enquête indépendante (CEI) sur le drame de Sapouy, il avait été raccompagné manu militari jusqu’à l’aéroport. Toutefois en fin 2001, il tenta de revenir au Faso ; même qu’il a pu atterrir à l’aéroport international de Ouagadougou.

Mais il sera bloqué au niveau des formalités, et remis dans l’avion qui partait pour Bamako. Si je ne me trompe, cher cousin, le dernier séjour de Robert Ménard au Burkina Faso date de 2004. Une présence des plus discrètes à l’époque, puisque venu sur intervention personnelle du Secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), Abdou Dioulf, prendre part aux travaux du Sommet biannuel de la Francophonie qui se tenait à Ouagadougou. Depuis, plus rien. Mais deux années après, quel message Ménard lancera-t-il au Faso ? Réponse au Centre de presse.


Cher Wambi, parfois imprévisible et toujours irrésistible, la mort a encore frappé. Voilà une semaine jour pour jour, que quittait ce monde à l’âge de 46 ans le pasteur Nabonswendé Abel Kafando, le vendredi dernier donc au Centre hospitalier universitaire Yalgado-Ouédraogo. Surtout connu pour sa mission pastorale à l’Eglise des Assemblées de Dieu à Gounghin, feu pasteur Kafando est considéré comme le précurseur de l’enseignement des sourds-muets au Burkina Faso.

Nanti d’un master américain d’éducateur spécialiste des sourds, il a dirigé l’Institut des jeunes sourds du Faso, avant d’ouvrir plusieurs écoles et centres de ce type d’enseignement comme le CEFISE, des écoles des sourds de BENAJA à Dassasgho, à Pissy et à Samandin. Abel Kafando laisse derrière lui une femme et deux enfants. C’est sur cette note triste que je m’en vais t’ouvrir, cher cousin, le carnet secret de Tipoko l’Intrigante :


- Au prochain Congrès du CDP prévu pour les 9, 10 et 11 novembre 2006, une question pourrait retenir l’attention des gourous et des militants anonymes du parti présidentiel : quel leader pour la région des Cascades ? Alain Ludovic Tou, hospitalisé en Hexagone depuis des mois, la question revient chaque jour que Dieu fait. A ce qu’on dit, la réponse pourrait venir incessamment, législatives 2007 obligent. Plus qu’un pronostic, le ministre du Commerce, de la Promotion de l’entreprise et de l’Artisanat, Benoît Ouattara, ferait l’unanimité.


- Le ministère de la Justice a enfin débusqué ses rats, et l’on en saura suffisamment sur les disparitions mystérieuses d’ordinateurs et de bien d’autres objets précieux dans ce département. Ne dit-on pas que tous les jours appartiennent au voleur, mais le dernier jour au propriétaire ? Ces gros rongeurs de l’immeuble du Faso viennent d’être pris la main dans le sac et méditent ces jours-ci au Commissariat central de Ouagadougou.

Tous des plantons, deux du ministère de la Promotion des droits humains et un du ministère de la Justice. Quand on sait que le chef d’équipe est un récidiviste notoire, puisque remercié des services du Secrétariat général du gouvernement pour les mêmes motifs, il y a lieu de s’inquiéter sérieusement. En tout cas, leur voyage du ministère de la Justice au cachot permettra de lever les soupçons qui pesaient sur d’honnêtes citoyens.


- L’ADF/RDA a convoqué son Secrétariat exécutif permanent (SEP) le samedi 21 octobre 2006 à 14 h au siège de sa direction nationale de campagne. On devine déjà que cette rencontre va mettre à profit la question des démissions en cascade constatées ces deux derniers mois et essayer de trouver des remèdes pour contenir cette hémorragie quand on sait que les législatives auront lieu dans moins d’un an. Un autre enjeu, un autre défi pour le parti de Me Gilbert N. Ouédraogo.


- Quelle histoire ! La chèvre broute là ou elle est attachée, dit-on. Cet adage, un conseiller municipal d’un arrondissement de la commune de Ouagadougou se l’est approprié, bafouant l’éthique. Cet élu local, qui règne en seigneur, n’a pas trouvé mieux à faire que d’engrosser une des cafetières exerçant à la mairie.

S’en est suivi un avortement et le fœtus a été jeté dans la nature. L’affaire défraie la chronique et pourrait, à ce qu’on dit, éclabousser ses collaborateurs, eux aussi diplômés de l’Institut des hautes études de bassesses. Ah, quel monde !


- De nouvelles démissions de l’ADF/RDA de Me Gilbert Ouédraogo en faveur de l’UNDD de Me Hermann Yaméogo à Kampti : c’est celles de trois conseillers municipaux dont suit la déclaration : "Nous avons lu dans l’Observateur Paalga, sous le titre « Aller et retour No comment », la démission du Conseiller Samy Abachir Bakaye Kambou qui est retourné à l’UNDD.

Nous avons lu les raisons que Samy Abachir Bakaye Kambou a avancées et nous avons été d’accord avec lui. Beaucoup de militants sont aujourd’hui à l’ADF/RDA qui ne savent pas que ce n’est plus Me Hermann Yaméogo qui est à sa tête, surtout ceux qui sont loin comme nous.

Nous avons fait le déplacement jusqu’à Ouagadougou pour demander au président de l’UNDD de nous accepter dans son parti parce que c’est notre maison. Il a dit que c’est normal, nous a encouragés parce que ce n’est pas facile de militer dans un parti comme l’UNDD qui lutte pour le départ de ceux qui nous gouvernent, pour donner au pays une vraie justice et une vraie démocratie. Il nous a demandé d’en informer la base et que tout se passera bien. Nous informons donc toutes nos connaissances et l’opinion en général que nous sommes revenus dans notre parti et que nous avons été bien accueillis.

Ouagadougou, le 18/10/2006.

- Véronique Pooda,Conseillère municipale
- Boubacar Ouédraogo, Conseiller municipal
- Bibiane Kambiré, Conseillère municipale


- Une bonne nouvelle pour le monde du travail. Suite aux négociations entre le gouvernement et les syndicats, l’Etat avait consenti au point 9 de doubler le taux des allocations familiales, qui vont passer de 1 000 F CFA à 2 000 F CFA pour compter du 1er juillet 2006. La mise en application de cette mesure sera effective à la fin du mois d’octobre. Ainsi, à la fin de ce mois, les agents publics de l’Etat pourront constater l’effectivité de cette mesure avec un rappel de 4 mois (juillet à octobre 2006).

Tipoko l’Intrigante n’apprend rien d’elle-même, elle n’invente jamais rien. Tipoko l’Intrigante est un non-être. Elle n’est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l’intuition c’est la faculté qu’a une femme d’être sûre d’une chose sans en avoir la certitude..."

Ainsi va la vie.

Au revoir.

Ton cousin,
Passek Taalé.

L’Observateur

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