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Putsch en Thaïlande : Thaksin a fait le voyage de trop

Publié le jeudi 21 septembre 2006 à 08h14min

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Les annales de l’immeuble de verre de Manhattan retiendront la mine déconfite du premier ministre thaïlandais, Thaksin Shinawatra, apprenant la nouvelle de sa destitution par putsch militaire.

C’est en effet ce mardi 19 septembre 2006, que l’armée thaïlandaise, par la voix du « Conseil militaire », a annoncé avoir renversé le premier ministre, alors que ce dernier se trouvait à New York où il devait assister, à l’instar d’autres chefs d’Etat, à l’assemblée générale des Nations unies.

« Nous avons pris le pouvoir », a annoncé dès hier mercredi le général Sonthi Boonyaratglin, nommé il y a juste un an chef de l’armée de terre par le gouvernement Thaksin. Ainsi, avec ce putsch sans effusion de sang, la Thaïlande renoue avec le pouvoir militaire, après 15 années d’une monarchie constitutionnelle sans histoires. Seul rescapé de l’opération, le roi Bhumibol Adulyadej, personnalité encensée par tous les Thaïlandais et auquel les putschistes ne cessent de se référer.

Une page vient donc de se tourner pour la Thaïlande, laissant au passage l’infortuné voyageur goûter à l’amertume des prémices de son exil forcé. En effet, si Thaksin Shinawatra déclare à qui veut l’entendre, qu’il se considère toujours comme le chef du gouvernement, tout porte à croire que pour lui la messe est dite. Il ne compte dorénavant que sur d’éventuelles condamnations du coup d’Etat et sur quelques généraux demeurés fidèles et supposés organiser une hypothétique résistance hors de la capitale.

Arrivé à New York pour représenter son pays, voilà que Thaksin Shinawatra se retrouve désormais au ban du gotha des chefs d’Etat en exercice. La chute est rude pour ce milliardaire qui, depuis 2001, gouvernait son pays d’une main de fer, suscitant plus d’une fois le mécontentement de ses concitoyens.

Depuis mardi donc, il semble avoir rejoint le club jusque-là exclusivement africain des gouvernants destitués pour cause de déplacement hors des frontières. On se souviendra du Mauritanien Ould Taya, destitué le 3 août 2005 alors qu’il s’était rendu aux obsèques du roi Fahd d’Arabie Saoudite ; auparavant, Ange Félix Patassé avait dû quitter un sommet de la CENSAD auquel il participait, pour trouver asile au Togo où il séjourne toujours.

Alors, si pour ce qui est du commun des mortels, les voyages forment la jeunesse, il faut croire que dans le club très fermé des chefs d’Etat et de gouvernement du sud, les déplacements peuvent, à l’occasion, se transformer en sources de gros déboires.

Débarqué du pouvoir à la faveur du voyage officiel de trop, le milliardaire devenu premier ministre a vite fait de l’apprendre à ses dépens, exactement quatre ans jour pour jour, après le coup d’Etat manqué du 19 septembre 2002 qui plongera la Côte d’Ivoire dans la crise de laquelle le pays peine encore à se remettre. Laurent Gbagbo en sait quelque chose, lui qui, au moment de la tentative de confiscation du pouvoir, se trouvait en visite officielle en Italie. Lui, au moins, a eu la chance de rentrer au pays pour reprendre les rênes du pouvoir sur la partie du territoire contrôlée par les loyalistes.

Chat échaudé craint l’eau froide ! Alors on imagine aisément que c’est en homme averti et pétri d’expérience, que le chef de l’Etat ivoirien a privilégié l’option du boycott de la réunion du Conseil de sécurité, prévue pour se tenir hier 20 septembre à New York, avec pour sujet de discussion, la résolution de la crise en Côte d’Ivoire.

Aux prises avec les multiples difficultés de la transition et confronté au climat délétère consécutif à l’affaire des déchets toxiques, Laurent Gbagbo n’a peut-être pas jugé un tel déplacement loin de ses bases loyalistes indispensable à son maintien à la tête de la transition ivoirienne. En tout cas, il fait partie des grands absents de New York, où, ne lui en déplaise, l’avenir de son pays est pourtant censé se jouer.

H. Marie Ouédraogo

L’Observateur

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