Le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan était à La Havane où il a suivi les débats avec certainement un pincement au cœur. Non pas parce que les discours tenus dans la capitale cubaine étaient nouveaux dans le fond ou dérangeants mais parce que ce qui était dit à La Havane est une mise en garde sinon un « avertissement » sérieux. L’ONU doit en tenir compte si elle veut jouer le rôle qui est le sien.

En s’en prenant à la politique étrangère des grandes Puissances et plus particulièrement à celle des Etats-Unis, les Non-alignés ne disent rien de nouveau. Ils ne font que faire un constat. Les actes que pose la plus grande puissance « économique et militaire de tous les temps » dans certaines parties du monde sont aussi ouvertement critiqués par certains de ses alliés occidentaux.

Certaines de ces critiques devraient être en réalité atténuées dans la mesure où elles sont sans effet réelle sur la politique de Washington. L’invasion de l’Irak par les Etats-Unis pour des raisons « farfelues » ou le soutien inconditionnel de Washington à Israël dans sa politique d’agression et de colonisation des territoires arabes, semblent de moins en moins émouvoir et étonner, tant ces actes sont une des caractéristiques de la politique du président Bush. Est-ce suprenant que Washington en veuille à l’Iran pour sa politique nucléaire ? Non ! Les Non-alignés qui refusent cette justice à plusieurs vitesses ont apporté leur soutien à l’Iran dans sa recherche d’une énergie nucléaire pacifique.

En s’attaquant à cette politique, les Non-alignés ne font que désigner le principal auteur du mal dont souffre ce monde. Disons qu’ils sont en quête de justice et de solidarité pour un monde plus sûr. Les Non-alignés ne disent rien d’autre que ce que nombre d’organisations internationales, tels les altermondialistes, soutiennent, à travers notamment leur lutte contre la mondialisation, cette forme perverse de domination économique et politique des plus pauvres par les plus riches.

L’ONU devrait être au centre de la recherche de cet équilibre dont l’humanité a un besoin urgent. L’année dernière et devant l’Assemblée générale des Nations unies, Kofi Annan a appelé à l’élargissement du Conseil de sécurité pour un ensemble plus cohérent de l’organisation mondiale. Ce vieux projet est bloqué par les égoïsmes nationaux et les jalousies alors qu’il est question de mieux équilibrer les responsabilités entre l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité.

Les Africains, pour ne citer qu’eux, ont été incapables de désigner leurs représentants au Conseil de sécurité, parce qu’ils n’ont pas pu surmonter leurs égoïsmes nationaux et même personnels. Pourtant, c’est l’Afrique qui pouvait tirer le plus grand intérêt de l’élargissement du Conseil de sécurité parce que c’est elle qui a besoin de ce plus de justice et de solidarité pour un monde plus équilibré.

Kofi Annan qui devrait quitter l’ONU à la fin de cette année avait fait de la réforme de l’organisation mondiale et de la promotion des droits de l’homme une de ses priorités sinon une affaire personnelle. Il en a ouvert la voie, appuyé en cela par les Non-alignés qui viennent de démontrer à La Havane que même si le contexte dans lequel est née cette organisation a changé, les problèmes sont restés dans l’ensemble les mêmes dans ce monde où le plus grand nombre de personnes souffre d’un néocolonialisme déguisé.

Les Non-alignés peuvent toujours jouer un rôle positif dans la marche des affaires de l’humanité. La lutte contre l’unilatéralisme n’est rien d’autre aujourd’hui que la lutte contre l’injustice, la mondialisation et le terrorisme.

Par Bessia BABOUE

Sidwaya