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Année scolaire 2006-2007 : L’augmentation des frais de scolarité et ses angoisses

Publié le mercredi 30 août 2006 à 07h00min

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La rentrée scolaire 2006-2007 s’annonce et de nombreux parents sont comme chaque année, confrontés à « l’écolage » de leurs enfants. Face à des frais de scolarité qui haussent sans cesse d’année en année, les choses se compliquent le plus souvent pour certains.

L’année scolaire 2005-2006 finie il y a à peine deux (2) mois, que la rentrée prochaine s’annonce avec ses problèmes intempestifs. En effet, face à l’augmentation des frais de scolarité dans les établissements privés, de nombreux parents se posent la question de savoir si l’école reste toujours accessible aux pauvres. Les places dans les lycées publics ne s’obtiennent que très difficilement et face à cette réalité, des parents sont obligés de recourir aux établissements privés. Et le constat est que les frais de scolarité croissent, tandis que les revenus des parents restent stables.

Pour en savoir plus sur les difficultés auxquelles les parents sont confrontés, nous avons approché quelques-uns.

Pour Mme Isabelle Kaboré, la rentrée est tout un problème pour certains parents. « J’ai trois (3) enfants qui sont à l’école et leur père ne travaille plus, tous les frais de scolarité sont à ma charge », nous a-t-elle dit. Cette dame est vendeuse de dolo et par ces temps-ci, avec la multiplicité des « cabarets », le dolo se vend très mal. Quant à cela s’ajoute l’augmentation des frais de scolarité, elle affirme avoir du mal à joindre les deux bouts car tous ses enfants sont inscrits au privé.

Il y en a deux qui sont à la Sainte Mère Thérésa (un établissement de la place) et dans cette école, les augmentations des frais d’inscription varient entre 10 000 et 15 000 F comme dans tous les autres établissements privés d’ailleurs. Le troisième quant à lui, a-t-elle poursuivi, est dans une école primaire où l’augmentation des frais de scolarité est moins élevée, variant entre 2 000 et 3 000 F. Cette dame nous signale que le non-respect des modalités de payement entraîne l’exclusion de l’enfant. Dans un cri du cœur, elle affirme que les chefs d’établissement sont sans pitié et poursuit que d’année en année, les choses vont de mal en pis à telle enseigne qu’elle se demande si ses enfants pourront continuer à aller à l’école.

Un autre parent d’élève rencontré dans l’enceinte de la Sainte Collette, un établissement privé situé au secteur n°28 de Ouagadougou, a fait savoir que ce n’est plus facile pour n’importe quel Burkinabè de s’acquitter des frais d’inscription de ses enfants. Concernant les fournitures scolaires, il dit n’avoir pas tant de soucis du fait qu’il y a une possibilité d’échanger les livres dans les librairies.

Pour une vieille dame venue inscrire sa fille en classe de CM2, les autorités burkinabè doivent réduire un peu les frais de scolarité car les enfants ne vivent pas seulement d’école. Il faut les nourrir, les habiller et le soigner en cas de maladie. « Nous faisons tout pour ne pas laisser nos enfants à la maison », conclut-elle.

Certains parents d’élèves incapables de retenir leur colère disent que la hausse des frais de scolarité est une barrière expressément mise en place par certains individus qui souhaiteraient voir les enfants issus des couches sociales basse et moyenne vagabonder dans la rue. Pour eux, l’augmentation est de trop, tandis que le quotidien est en baisse.

Tous ces parents rencontrés disent n’avoir pas été informés sur les raisons de l’augmentation des frais d’inscription qui intervient à un moment où la vie devient de plus en plus chère au Burkina Faso.

Les raisons d’une augmentation

Pour en savoir plus sur les raisons qui ont prévalu à l’augmentation des frais de scolarité, nous avons eu un entretien avec M. Dipama, l’intendant adjoint du Groupe scolaire Sainte Colette.

Il nous a expliqué que cette décision en effet, fait suite à l’arrêté ministériel du ministre des Finances et du Budget et celui des Enseignements secondaire, supérieur et de la Recherche scientifique, instituant une augmentation des frais de vacation dans les collèges et lycées. Cette décision s’est étendue aux établissements privés sans au préalable consulter les chefs d’établissements privés, nous a-t-il confié.

M. Dipama a ajouté que la revendication de l’augmentation a été faite par le mouvement syndical des professeurs, qui, face à l’augmentation du prix du carburant et autres divers, a jugé nécessaire une hausse des frais de vacation qui sont passés de 1 000 F et 1500 F dans les lycées et collèges à 1500F et 2 000F.

Dans l’optique de faire face, à son tour, à la nouvelle donne qu’est la hausse des frais de vacation, l’Association des écoles privées et laïques du Burkina Faso présidée par M. Togognini a tenu une rencontre avec les chefs d’établissements privés et c’est au cours de cette rencontre qu’il a été aussi décidé d’augmenter les frais d’inscription dans les établissements privés et laïcs. M. l’intendant-adjoint affirme que beaucoup de parents d’élèves s’inquiètent déjà de ne pas pouvoir respecter les modalités de payement. Il a par ailleurs ajouté qu’un communiqué de presse a été fait dans la presse écrite et à la radio afin que les parents soient informés sur les raisons de l’augmentation des frais d’inscriptions.

Au primaire comme au secondaire

Au Groupe scolaire Sainte Colette, des parents d’élèves sont venus consulter les affiches des résultats de l’entrée en 6e et 2nd. En effet, l’admission d’un enfant à ce concours permettra de réduire le coût des frais d’inscription. En outre, même les écoles primaires publiques n’ont pas été épargnées par l’augmentation des frais d’inscription. A l’école Trame d’accueil, cette augmentation est de 2 000 F qui s’ajoutent à ladite somme de 3 000 F précédemment exigée. Beaucoup de parents interrogés ce vendredi 25 août dans la cour de cette école disent qu’il leur a fallu veiller pour avoir l’inscription de leurs enfants et les frais d’inscription devenus maintenant à 5 000 F étaient versés sur place, sans commentaire.

Cette augmentation qui intervient dans les écoles primaires publiques surprend plus d’une personne.

A-t-on des instituteurs vacataires dans les écoles primaires publiques ? Dans le rang des parents d’élèves venus pour le recrutement de leurs enfants, un viel imam donne son explication sur l’augmentation des frais d’inscription. Pour lui, « le gouvernement burkinabè cherche coûte que coûte à s’enrichir, non pas honnêtement mais sur le dos de la pauvre population qui agonise déjà, écrasée par l’augmentation du prix du carburant, des céréales et autres ».

Il interpelle du même coup, les associations des parents d’élèves et les syndicats burkinabè à jeter un regard sur les conditions de vie au Burkina Faso.

Face à toutes ces difficultés que rencontrent les parents suite à l’augmentation des frais de scolarité, il sera peut-être opportun que l’Etat augmente sa fourchette de subventions sur les frais de scolarité, aussi bien dans le public que le privé. Toute chose qui permettra de faire de l’éducation pour tous, une réalité au Burkina Faso.

Monique ILBOUDO (Stagiaire)

Sidwaya

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