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République Démocratique du Congo : Kabila frappe “là où ça fait mal »

Publié le jeudi 24 août 2006 à 07h29min

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Joseph Kabila

Alors que les résultats du premier tour de la présidentielle congolaise du 30 juillet dernier avaient été proclamés et que l’on s’acheminait « tranquillement » vers le deuxième tour, un clash entre la garde présidentielle et les éléments de Jean-Pierre M’BEMBA est venu nous rappeler que le plus dur commencera après le second tour si celui-ci a lieu.

A l’origine du « problème » qui hypothèque désormais l’avenir démocratique de la République du Congo, des éléments de la garde présidentielle qui seraient aller « séquestrer » Jean-Pierre M’BEMBA dans son fief kinois, alors qu’il recevait des officiels occidentaux et onusiens. Coups de feu des hommes de Kabila, riposte de la garde prétorienne de M’BEMBA et courroux des Occidentaux qui demandent à Kabila junior de « rendre compte ». En attendant cette occurrence (si ce n’est déjà fait) force est de reconnaître que l’issue du premier tour était quasi certaine. Kabila comme M’BEMBA étaient sûrs de « rafler la mise », tout autre résultat apparaissant à leurs yeux comme un « trucage ».

Il vous souviendra qu’après son dernier meeting de Kinsasha, le leader du Mouvement de libération du Congo (MLC) M’BEMBA avait affirmé haut et fort que la victoire était « sûre et certaine ». En réplique les partisans de Kabila avaient organisé une « corrida » macabre dans « Kin la Belle » criant victoire et « arrosant »au passage les partisans de M’BEMBA de quelques balles « perdues ».

Un scénario-catastrophe se préparait donc, malgré la présence massive des forces onusiennes dans le pays et les appels au calme de la communauté internationale. C’est que, l’honnêteté commande de dire que n’eussent été les vicissitudes de l’histoire, Kabila et M’BEMBA n’auraient jamais cohabité dans un même gouvernement. Faut-il le rappeler, alors que Kabila-père était au pouvoir, M’BEMBA et Azarias RUBEROIS le patron du RCDN Goma étaient ses adversaires les plus farouches et n’avaient pas hésité à prendre les armes contre lui.

Une rébellion suscitée d’un côté par la communauté internationale, lassée des penchants révolutionnaires de Laurent Désiré KABILA et par ses alliés rwandais d’autre part, qui voyaient leur « homme-lige » RUBEROIS marginalisé sur la scène politique congolaise.
Si Azarias RUBEROIS n’a pas « percé » lors de ce scrutin, c’est en partie à cause de ce « pêché originel », lui en qui nombre de Congolais voient un « étranger ».

Et maintenant ?

Trop loin du Kivu, sa base naturelle et quasiment lâché par ses cousins rwandais sur injonction du grand-boss américain, RUBEROIS savait, malgré ses effets de manche que la présidentielle se présenterait comme un chant de cygne pour lui. Pour autant sa capacité de nuisance n’est pas pour autant anéantie car il a su en rapport avec ses « cousins » entretenir des rebellions secondaires au Kivu et dans l’Ituri à l’Est du pays.

C’est qu’en dépit du courroux de Washington, l’Est de la RD Congo demeure un espace vital pour le Rwanda en raison de l’étroitesse de ce pays. « Pas question » de lâcher le morceau donc ce qui préfigure des lendemains troubles dans cette région du pays. L’étendue « démesurée » du Congo est propice à toutes les aventures et l’ONU n’aura pas peu à faire pour mâter des généraux d’opérette comme Laurent NKUNDA. Un problème qui vient se greffer à celui de M’BEMBA autrement plus corsé.

Au contraire de RUBEROIS, celui-ci est en effet un Congolais bon teint, jouissant d’une assise populaire certaine au Katenga, disposant d’argent et d’un solide réseau d’amitiés et ayant l’estime des Occidentaux. Lesquels même s’ils ne le disent pas ouvertement auraient préféré qu’il remporte la présidentielle. En dépit de tous les gages de bonne foi qu’il donne, les alliés occidentaux de Kabila savent qu’il garde une dent contre eux.

L’assassinat de son père peut leur être imputé en partie.
Laurent Désiré Kabila étant entré en guerre ouverte contre l’occident lors des deux dernières années de son règne. Jusqu’à présent on ne sait pas qui l’a tué, ce qui justifie tous les soupçons. Mais, Kabila-fils peut-être « domestiqué » la raison d’Etat (les vertiges du trône aussi) pouvant être un puissant anesthésiant.

Seul problème, M’BEMBA donc qui croit son heure venue et qui n’a nullement l’intention de jouer les chefs de file de l’opposition. Une position intenable en raison, de l’aversion que lui porte Kabila-junior et de la fermeture de la manne katangaise, qui en résulterait. Survie politique et économique voire survie tout court, M’BEMBA court droit à l’exil s’il était battu - L’incident de lundi dernier est le nième avatar d’un duel au couteau entre deux cops qui ne peuvent cohabiter dans un même poulailler.

Et, malgré la bonne volonté de l’ONU elle semble impuissante à arbitrer ce duel au regard de la modicité de ses moyens et de l’étendue du territoire. De quoi donner raison à ceux qui pensent que cette présidentielle pourra se conclure à la « sicilienne » avec un « crime d’honneur ». Une solution extrême, mais pas impossible aux regards des enjeux.

Après l’intermède Kabila-père, l’Occident pense que l’heure est revenue pour une exploitation » « tranquille » des immenses ressources du pays. Les empêcheurs d’exploiter en rond, risquent gros et les « hommes de l’ombre » doivent échafauder toutes sortes de scenarii dans l’ombre. Le Congo n’a pas fini d’être hanté par ses démons.

Par Alpha YAYA

L’Opinion

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