LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Immigration clandestine : S’attaquer aux vrais maux

Publié le mardi 22 août 2006 à 07h34min

PARTAGER :                          

Rien ne semble arrêter les candidats à l’immigration, déterminés qu’ils sont à atteindre coûte que coûte l’Europe, un « eldorado » devenu un enfer pour bon nombre d’Africains qui y vivent déjà. Le Nord et le Sud doivent plutôt résoudre les maux qui provoquent cette immigration des jeunes en quête d’un lendemain meilleur.

« No place is sweet like home », selon cet adage en anglais, il n’existe pas de meilleur endroit pour s’épanouir que chez soi. Pourtant la semaine dernière, des immigrés maliens étaient furieux de rentrer au Mali. En effet, ils ont été rapatriés des îles Canaries par une mission malienne dépêchée sur les lieux et qui les a identifiés.

Les rapatriés, une fois à Bamako, ont manifesté leur mécontentement vis-à-vis de leurs autorités qui croyaient pourtant bien faire en aidant ces « voyageurs de la mort » à regagner le bercail. Mais pour ces derniers, il est incompréhensible qu’après avoir mis en jeu leur vie, bravant les marées jusqu’au îles Canaries, ils se retrouvent au point de départ laissant ainsi au passage leur argent (frais de transport), leur force et l’espoir de gagner enfin l’Europe, « l’eldorado » tant rêvé. Comme eux, environ quinze mille Africains pour la plupart des jeunes, ont atteint les îles Canaries, les portes de l’Europe.

En Italie, on parle de dix mille autres immigrants. Ils passent par tous les chemins pour atteindre l’Europe : le Maroc, l’Algérie, la Libye, le Sénégal, la Mauritanie et récemment la Guinée Bissau. Malheureusement beaucoup de « voyageurs de la mort » ont péri dans cette traversée de tous les dangers. Ceux qui y vont par le désert, meurent affamés ou assoiffés. C’est le même sort qui est réservé à ceux qui passent par la mer. Leurs barques, leurs petits « titanics » coulent en toute discrétion sous les eaux, mettant fin à un rêve, à des vies humaines dont les victimes se sont volontairement sacrifiées.

Par ailleurs, la vie n’est pas pour autant rose pour la grande majorité d’Africains en situation irrégulière en Europe. Ils travaillent au noir parce que sans papiers, dorment dans des maisons précaires. Récemment, des Ivoiriens et des Maliens pour la plupart ont été expulsés de leur immeuble jugé vétuste. Certains d’entre eux, faute de visa de séjour sont « au frais » et risquent d’être rapatriés comme des malpropres, des indésirables. Que dire de cet immeuble qui a brûlé à Paris, faisant de nombreuses victimes essentiellement des « blacks » cette année même ?

Cependant, aucune sensibilisation, aucune de ces images de détresse de ces immigrants qui périssent ne semble dissuader les nombreux autres prétendants prêts pour « l’embarcation de la mort ».

Face à ce nouveau phénomène, les nombreuses réunions et conférences entre politiques du Nord et ceux du Sud visent à mettre les moyens humains et financiers pour arrêter cette immigration des jeunes Africains qui partent parce qu’ils ont perdu tout espoir d’un lendemain meilleur dans un continent en proie à tous les maux : chômage, faim, épidémies multiples, guerres. Plusieurs pays sont en conflit soit avec eux-mêmes ou avec leurs voisins.

En effet, ils se battent pour des lopins de terre, pour des conceptions idéologiques, pour des raisons ethniques, régionalistes...

Curieusement, là où le sous-sol est fertile en or, en pétrole ou en diamant, la guerre s’y est généralement installée. Cette situation est certes imputable aux pays africains aux démocraties balbutiantes.

Mais il est grand temps que l’expression de la globalisation, de la mondialisation, prenant en compte la valeur humaine, soit exprimée par les pays nantis afin d’aider l’Afrique à se déchaîner de ses maux et par la même occasion redonner espoirs aux jeunes africains. Pour ce faire, il faut que les grandes puissances aux vieilles démocraties acceptent de soutenir réellement l’Afrique en mettant en place des politiques qui, véritablement assurent l’épanouissement des jeunes africains.

Pour un continent essentiellement agricole, des subventions consistantes pour la culture du coton, de la pêche... devraient être rapidement mises en œuvre pour aider les jeunes à exercer des activités en la matière. La Banque mondiale et le Fonds monétaire international devraient, eux aussi mettre des politiques plus souples qui favorisent une bonne gouvernance des Etats africains et la mise en place de fonds aidant à la création de plus d’emplois.

C’est à ce prix que l’on pourra freiner cette immigration honteuse qui défraie toutes les chroniques. Sinon aucune autre mesure ne pourra stopper ce phénomène du siècle. Ni la sensibilisation (parce que ventre affamé n’a point d’oreille), ni les gardes côtiers, ni les barbelés électriques ni les conférences et réunions inefficaces encore moins l’immigration choisie.

Hamadou TOURE

Sidwaya

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique