La bataille a fait rage à telle enseigne que l’on se demande si l’ADF/RDA va continuer à participer au gouvernement Paramanga Ernest Yonli. Pour beaucoup d’observateurs de la scène politique burkinabé, ce qui arrive à l’ADF/RDA est la rançon de la trahison. En rejoignant contre toute attente les rangs de l’équipe chargée de la réélection de Blaise Compaoré, l’ADF/RDA avait un plan bien mûri, profiter de l’accalmie, endormir le CDP pour bien se positionner lors des municipales, chose qui aurait permis de bien attaquer les législatives et être une vraie force d’opposition avec des mairies et des députés en nombre suffisant pour se faire entendre et écouter. Malheureusement les « Gourous » du CDP ont vu venir la chose.

Conséquence, l’arroseur est aujourd’hui arrosé ; car l’ennemi numéro 1 du CDP semble être l’ADF/RDA. Les municipales ont permis au CDP de la dépouiller de ses forces les plus sûres. Et la reprise des élections à Tikaré est l’exemple patent que le CDP ne veut pas lâcher un morceau consistant à l’ADF/RDA.

Après les premiers résultats qui donnaient Tikaré à l’ADF/RDA, le CDP a formulé une plainte qui a abouti à la reprise des élections. Ce fut l’occasion de mettre les petits plats dans les grands pour barrer la route au parti du pachyderme. La perte de Tikaré faisait perdre le sommeil au ministre Youssouf Ouédraogo, car son poste ministériel pouvait en prendre un coup sérieux. Cette première perte avait fait dire à certains que l’homme des Affaires étrangères portait très bien le nom de son département, il n’avait d’yeux que pour l’extérieur alors que la case brûlait à l’intérieur. En s’occupant trop des affaires étrangères, Youssouf Ouédraogo avait perdu le contact direct avec sa base natale. Toute chose qui avait été exploitée par certains de ses camarades du CDP pour mieux l’enfoncer dans la gadoue.

Heureusement pour lui, il vient d’être sauvé par le gong ; laisser Tikaré aux mains de l’ADF/RDA pour faire mal à un camarade du parti qui a la propension à ne voir que ses rapports avec le Président du Faso a été jugé dangereux.

C’est pourquoi les moyens ont été mis en œuvre pour reprendre le « dû ». Cela est aussi une preuve pour parler comme les jeunes que Youssouf Ouédraogo est « très, très fort ». Il est plus veinard que Mélégué Traoré qui a vu Banfora filer des mains du parti au pouvoir.

Visiblement entre Youssouf Ouédraogo et Mélégué, le cœur du CDP ne balance pas. Le choix est clair, l’ancien président de l’Assemblée nationale n’a pas fini sa descente aux enfers. Le CDP avait fait des recours en annulation des élections à Banfora mais il a été débouté. Ce qui fait dire à certains que si Mélégué était toujours puissant, on aurait fait tout pour reprendre Banfora ; mais il n’a pas eu aussi la chance de l’autre en ce sens que Banfora n’est pas entre les mains de l’ennemi à abattre à savoir l’ADF/RDA.

Le RDB qui va diriger Banfora par les soins du maire Mamadou Koné, ne constitue pas une menace sérieuse pour le CDP ; et Banfora perdu reste un atout pour les camarades du parti de Mélégué qui ne vont pas rater une occasion lors des grandes réunions des bonzes de le lui rappeler ce qu’il n’a pas pu faire.

Tout cela démontre que le CDP est un parti où vraiment les uns et les autres « s’aiment à mourir ». Les plus féroces combats en dehors de l’ADF/RDA qui a trop vite montré ses crocs restent entre partisans CDP. On s’épie, se guette et chaque faux pas devient difficile à rattraper, car il y a toujours des amplificateurs, des catalyseurs. C’est à croire que le CDP est constitué de vents contraires, d’intérêts divergents alors que tous chantent en chœur que leur parti est bien organisé.

Il n’est un secret pour personne que le nombre élevé de cadres qu’il y a au CDP n’est pas lié à une quelconque conviction ; on y vient pour sauver sa tête, pour se faire une place au soleil ou pour mieux bénéficier du parapluie protecteur.

Il nous est revenu que pour la rencontre très prochaine du CDP, rencontre au haut niveau, c’est maintenant que les militants prennent leur carte de membre. Car la participation est soumise à la présentation de la carte CDP. Alors, c’est la ruée vers les cartes à telle enseigne que des agents sillonnent la ville de Ouaga et certainement d’autres villes du pays avec des cartes déjà signées sur lesquelles il suffit de coller une photo. C’est l’occasion pour le CDP de renflouer ses caisses ; pourtant, c’est un parti très bien organisé où il y a tout le monde et personne en même temps.

Par Kassim Kongo

Bendré