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G8 contre PPTE8 : Une solution à nos problèmes

Publié le vendredi 19 mai 2006 à 08h04min

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"Prolétaires de tous les pays, unissez-vous". Ce préambule du manifeste communiste n’a pas encore perdu de son actualité. Encore faut-il accepter son état de pauvreté, comme les pays riches acceptent leur état d’opulence.

Mieux, ces derniers ont tellement affiché leur suffisance qu’ils ont créé ce qu’on appelle aujourd’hui le G8 (Groupe des 8) qui réunit les Etats-Unis, le Japon, l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni, l’Italie, le Canada et la Russie.

Ces huit mousquetaires modulent la marche du monde, régentent la planète, distribuent des notes de satisfaction ou de désapprobation aux Etats, régulent l’économie mondiale, définissent sinon imposent des modèles de développement aux autres pays, les sanctionnent au besoin selon des critères parfois contestables et contestés, et dessinent la carte diplomatique, géopolitique, géostratégique et même géoalimentaire de tout l’univers. En somme, une domination étouffante qui se nourrit de la résignation des pauvres, ce ventre mou, stérile et incapable d’enfanter des guerriers qui servent de contrepoids à ces velléités de caporalisation du reste de l’univers.

Prenons le cas de l’Afrique. Chaque année, le PNUD (Programme des Nations unies pour le développement) publie son rapport sur le développement humain durable. Ce rapport procède à une classification des pays selon leur niveau de développement humain.

On y distingue trois groupes de pays. Les pays qui s’illustrent par un développement humain dit élevé avec un indice de développement durable confirmé par les paramètres suivants : espérance de vie, taux d’alphabétisation, PIB par habitant. Il y a ensuite les pays qui ont un indice de développement moyen, et enfin ceux qui se distinguent par un faible taux de développement humain. Chaque année, le rapport de cette honorable organisation fait le même constat. Certains Etats, s’ils ne s’enfoncent pas davantage dans la pauvreté, stagnent.

Dans l’un ou l’autre cas, le résultat est le même puisque tout ce qui n’avance pas recule. Toujours est-il que ce rapport donne lieu à de véhémentes et de vives protestations de certains dirigeants africains qui ne veulent pas qu’on colle à leur pays l’étiquette de pauvre.

Mais, comble de contradictions, ce sont les mêmes dirigeants qui se bousculent, s’invectivent, se dénoncent et se prosternent pour exiger que leur pays soit inscrit sur la liste des pays pauvres très endettés (PPTE), afin d’obtenir des traitements de faveur en matière de financement de leurs projets de développement.

Parfois même, on oublie la nécessaire solidarité entre pauvres et on ne manque pas l’occasion de se jeter des peaux de banane, croyant naïvement que c’est dans la division qu’on pourrait bénéficier de la générosité des riches. Tout se passe comme si la pauvreté du voisin pouvait contribuer au développement de celui d’en face.

Ce n’est pas en éparpillant les armes de leur combat que les pays pauvres sortiront de leurs misères endémiques. Les destins individuels sont révolus dans ce monde globalisé. Pourquoi avoir honte de notre pauvreté, alors que les riches arborent fièrement et ostentatoirement les signes extérieurs et provocateurs de leur suffisance ?

Pauvres dirigeants africains ! Pourquoi avoir permis au fantôme de la pauvreté de pénétrer dans la case Afrique avant de vouloir l’en déloger ? Avoir honte est un comportement peut-être humain, naturel et défendable. Encore faut-il ne pas chercher la honte. Comme le dit un adage de chez nous, avoir horreur de la honte ne servirait à rien. Ce qui importe le plus, c’est de ne pas la chercher.

Notre pauvreté étant manifeste, transformons cet état en un capital, une sorte de fouet qui nous incite à nous unir. Pourquoi un G8 et pas par exemple un P8 ? (entendez par là les huit pays les plus pauvres très endettés). G8 contre PPTE8, cela fait au moins une belle symphonie ? Cela aurait l’avantage d’éviter cette lourdeur qui caractérise les regroupements africains inefficaces, paperassiers qui étalent sur la place publique leurs divergences, et où les différents membres se combattent.

L’efficacité des petits regroupements a été matérialisée par la relative réussite de la mobilisation de quatre pays (Bénin, Burkina, Mali et Tchad) autour du traitement injuste réservé à la vente du coton. Ce front des quatre pays pauvres a arraché des pays riches, plus de concessions que certaines organisations continentales que l’ex-roi du Maroc, Hassan II, qualifiait de regroupements tam-tams.

"Le Fou"

Le Pays

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