On le sait bien, 90 conseillers doivent siéger dans le nouveau conseil municipal de la capitale du Zondoma. Actuellement, une grande bataille oppose les responsables des deux partis rivaux, chacun voulant que le patron du Conseil municipal sorte de son écurie.

Mathématiquement, le CDP, avec ses 46 conseillers, a la majorité de son côté, si le résultat restait en l’état, pour choisir le maître parmi ses conseillers. Avec 3 conseillers, de moins que le CDP, l’ADF-RDA mise crânement sur la défection de certains élus de son rival pour rester dans la conquête du fauteuil du bourgmestre de la ville.

Dans cette situation, la suspicion est généralisée et chacun surveille ses élus comme de l’huile sur du feu. En effet, le samedi 6 mai 2006, la sous-section départementale du CDP Zondoma a battu le rappel de ses 46 conseillers autour d’une assemblée générale en présence du commissaire politique régional du Nord, Salif Diallo, et du ministre Lassané Savadogo, coordonnateur provincial du CDP Zondoma.

Il s’est agi au cours de cette rencontre, de féliciter les nouveaux élus et de mettre en garde contre une éventuelle glissade vers l’ADF-RDA, contre espèces sonnantes et trébuchantes.

Certains nouveaux élus CDP auraient témoigné avoir été approchés par certains de leurs collègues de l’ADF-RDA de rejoindre leur parc, contre une forte récompense des leaders ABC.

Pourtant, les dirigeants du parti de l’éléphant ne cachent pas leur amertume à l’endroit des responsables locaux CDP. Ils les accusent d’avoir convoqué certains de leurs élus pour leur faire chanter autour de la construction d’une école.

Le cas cité est le village de Rassogma où l’ADF-RDA a raflé les deux postes de conseillers. La construction d’une école serait en chantier dans ce village, et le CDP, en complicité avec le directeur provincial de l’enseignement de base du Zondoma, aurait convoqué les 2 élus ADF-RDA, le chef du village et les représentants CDP du village pour leur faire savoir que l’école ne serait plus construite dans ce village.

Les premiers responsables du parti de l’éléphant auraient exposé la situation au haut-commissaire de la province pour le prévenir de la situation. Les patrons locaux du méga-parti trouvent cette accusation grotesque et pensent que c’est une spéculation de mauvais perdants.

Selon eux, la gestion des écoles est plus ou moins confiée aux comités villageois. C’est pour cette raison donc que le DPEBA aurait convoqué le chef du village et les différentes sensibilités politiques pour les mettre au courant du démarrage des travaux de la construction de l’école.

Le CDP se défend de n’avoir jamais dit que l’école ne sera pas construite à Rassogma, mais compte tenu du climat politique en leur défaveur dans ce village, une mise au point aurait été faite comme quoi l’école est un bien commun pour l’ensemble du village.

"Le CDP est un parti qui a une vision lointaine, cette élection n’est pas la dernière, notre objectif, c’est de conquérir les villages où nous avons perdu pour les futurs élections, nous nous devons d’investir beaucoup plus dans ces villages, donc ces accusations sont ridicules", explique le responsable des secteurs structurés du CDP, Boubacar Ouédraogo.

Pour les responsables locaux du parti au pouvoir, avec les 46 conseillers, ils ont la majorité pour conquérir tous les postes à pourvoir au sein du Conseil municipal. Pas question, selon eux, de se rabaisser pour intimider des conseillers d’un parti rival, mais n’excluent pas de les accueillir s’ils veulent venir volontairement.

Qui sera le candidat de l’ADF-RDA ?

Si les dirigeants des différents partis passent le temps à s’accuser d’intimidation ou d’achats de conscience, la préoccupation des observateurs de la scène politique locale, ce sont les prétendants au fauteuil du maire. Concernant le CDP, l’unanimité s’est faite pour le moment autour du maire sortant, Dominique Ouédraogo.

Du côté du parti de l’Eléphant, il n’y a pas un choix officiel jusqu’à présent. Le Parti de Gilbert Noël Ouédraogo est parti en alliance avec les ABC (anciens militants CDP), naturellement donc il faut des concertations pour désigner les noms devant postuler pour des postes dans le bureau du nouveau conseil municipal et des commissions.

Présentement, ce sont les militants de l’ADF-RDA traditionnel qui sont au four et au moulin. Les ABC eux, semblent être plus préoccupés par la requête de El Hadj Ousmane Kindo demandant le recomptage des voix au secteur n° 2 de Gourcy où il a été candidat malheureux.

L’ADF-RDA avait besoin de moins de 10 voix pour rafler les deux postes de conseillers dans ce secteur. Suspectant que certains bulletins nuls auraient été attribués au CDP, une requête avait été déposée auprès du tribunal administratif de Ouahigouya qui s’est jugé incompétent pour donner suite au dossier. Le week-end dernier, tous les gourous des ABC se sont déportés sur Ouagadougou, comptant trouver les voies et moyens pour accéder à leur demande.

Des débats houleux en perspective

Ce qui est certain, les débats risquent d’être houleux au sein de l’ADF-RDA, nouvelle version. A écouter certains ABC, ils font de l’élection des 43 conseillers ADF-RDA, la victoire de leur camp.

Au moment de leur mésentente avec le camp de Issouf Baba Mandé, disent-ils, Salif Diallo leur avait proposé 40 candidats des 90 à pourvoir pour le futur conseil municipal, et 50 au camp adverse.

Actuellement, le verdict des urnes leur a attribué 43 conseillers, donc 3 de plus et 6 de moins pour les rivaux. Une interprétation distillée par la haute sphère des ABC, ignorant royalement l’apport de l’ADF-RDA traditionnel. En tout cas, au niveau de l’ADF-RDA originel, les regards sont portés sur 2 candidats potentiels pour le fauteuil de la mairie.

Il y a le SG provincial du parti, Madou Ouédraogo, 2e adjoint au maire au conseil municipal sortant qu’on dit être dans les bonnes grâces du duc du Yatenga, Gérard Kango Ouédraogo et de son fils Gilbert, président du parti.

Militant irréductible, le pachyderme voit sa survie au Zondoma grâce à ce dernier. D’une humilité frisant parfois un manque d’ambition, il est toujours resté constant, au moment où certains de ses amis font les allers-retours. Autre candidat potentiel, un certain Koudougou Ouédraogo dit Gabriel.

Ancien conseiller, encore réélu, ce fonctionnaire à la retraite n’aurait d’yeux que pour le fauteuil de la mairie pour passer une retraite dorée. Actuellement, il mettrait tous les moyens de son côté pour parvenir à ses fins.

Chez les ABC, El Hadj Ousmane Kindo, mis pour le moment sur la touche, ce sont Djénéba Ouédraogo et Fati Ouédraogo, 1re adjointe au conseil municipal sortant, proches des groupements Naam qui seraient en bonne position.

Mais, selon certaines sources, le patron de cette ONG de développement préférerait mettre sur orbite un certain Issaka Konkobo, élément pur et dur des groupements Naam, pas trop trempé dans l’histoire des ABC. Les deux tendances ADF-RDA s’entendront-elles sur un nom qui pourrait attirer la sympathie de certains CDP au moment de l’élection du maire ? Rien n’est moins sûr.

En attendant la validation des résultats par le conseil constitutionnel, les deux partis rivaux restent toujours campés sur leur position de "chiens et chats". On parle peu de concertation et à cette allure, un parti risque de sortir bredouille sur toute la ligne au moment de l’élection pour les postes du bureau du conseil municipal et des commissions.

Emery Albert Ouédraogo

Observateur Paalga