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Fête du travail : Un cahier de doléances problématique

Publié le samedi 6 mai 2006 à 09h40min

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A chaque 1er-Mai, le clou de la fête est la remise de cahier de doléances des centrales syndicales au gouvernement. Surprise cette année, les syndicats ont décidé de ne rien remettre. La raison est, disent-ils, d’en avoir mare des engagements non tenus par l’exécutif.

Nous ne sommes pas dans le secret des conciliabules gouvernement-syndicats pour être en mesure de situer les raisons qui justifient cette profonde division entre les deux entités. On devine par contre que si dialogue il y a eu, le langage usité n’a pas dû être le même pour l’une et l’autre. Ce qui est sûr, les syndicats ne sont pas contents et attendent de pied ferme les concertations d’hier et d’aujourd’hui.

Nul ne se hasardera à annoncer que la "vie n’est pas dure". Elle l’est d’autant que le monde traverse une crise avec les difficultés à juguler l’envolée des prix.

Rien que le cas emblématique du pétrole suffit à situer l’ampleur des dégâts causés par une mondialisation qui, pour l’heure, n’a que des effets négatifs.

Pour nos pays donc, il est clair que cette flambée des prix grève ces budgets et rend nerveux des travailleurs peinant à maintenir la tête hors de l’eau. Et pourtant, le gouvernement aussi fait des efforts pour répondre aux multiples sollicitations qui l’assaillent. On dira que son rôle, c’est de faire face, sa responsabilité étant engagée ici au premier chef. Cela est si vrai, qu’il faille justement situer celle des uns et des autres, la représentation supposant pour tous les acteurs de savoir que c’est la responsabilité qui fait avancer la machine sociale.

Au pied du mur ?

Selon les responsables des centrales syndicales, les négociations débutées hier, sont déterminantes pour l’avenir des relations gouvernement-syndicats. L’exécutif n’a plus le choix que de décliner clairement la suite réservée à leurs préoccupations connues depuis belle lurette. Si comme ils le disent rien n’a été satisfait, il y a quand même eu l’augmentation des salaires de 2004, le succès de la concertation suppose que les deux parties avancent l’une vers l’autre.

L’augmentation des salaires, point focal des doléances entre en contradiction avec la réduction des taxes, seuls pourvoyeurs d’un budget n’ayant aucune autre source d’entrée de devises. C’est là justement où chaque acteur doit faire montre de responsabilité.

La politique du tout ou rien n’aidera pas à donner des résultats et les défis du développement n’autorisent plus de s’enfermer dans des conflits sociaux interminables. En lui-même le cahier comporte des contradictions. Si les salaires devraient être revus à la hausse conséquente, les taxes ne sauraient être revues dans le sens contraire. Une telle quadrature du cercle appelle en conséquence de la lucidité dans l’analyse de chaque point du cahier de 2005 reconduit.

Le gouvernement a, il ne faut point le nier, des efforts à accomplir et des signaux à donner. Mais il ne va pas aller jusqu’à se faire hara-kiri parce que les engagements pris sont dans le monde syndical, admis comme acquis définitifs. Ce qui est pris dit-on n’est plus à prendre. Les négociations s’annoncent serrées en conséquence, c’est indéniable.

Faire le possible

En politique, tout l’art serait de réussir le possible. Notre pays se trouve à un tournant de son progrès économique, le discours de politique générale du Premier ministre l’a mis en évidence. Pour capitaliser les acquis engrangés, des remous sociaux maintenant sont à éviter afin d’assurer la continuité de l’action gouvernementale.

Le possible serait d’un, de prendre en compte que le Burkina n’est pas nanti au point de disposer de mille marges de manœuvre. De deux, de prendre en compte que la croissance économique repose principalement sur le niveau de consommation des ménages, car si rien ne se vend ou ne s’achète, c’est l’économie qui se grippe.

De trois enfin, que les travailleurs ont élargi le champ de leurs revendications dans lequel il est bien possible de pouvoir dégager un compromis réaliste et réalisable.

Il revient à l’exécutif de concevoir ce dialogue sous l’angle de la dynamique sociale qui ne fonctionne qu’avec le droit du citoyen à aspirer à de meilleures conditions de vie et d’existence.

L’exercice de toutes ces libertés participe à bâtir un Etat de droit dans lequel chaque membre se dit qu’elle tient une position sociale valorisante.

Au gouvernement et aux syndicats d’effectuer ensemble le pas utile et volontariste afin que ce cahier de doléances ne se transforme pas en serpent de mer. C’est tout le mal qu’on peut leur souhaiter ?

Souleymane KONE

L’Hebdo

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