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Elections italiennes : Ça intéresse aussi les Burkinabè !

Publié le mardi 18 avril 2006 à 08h39min

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Romano Prodi

Les dirigeants africains sont restés discrets face aux élections régionales en Italie. Réserves diplomatiques obligent, personne n’a voulu se prononcer officiellement sur le candidat de son choix.

Cette prudence continue d’être observée, même après les résultats provisoires, qui donnent gagnant Romano Prodi devant Silvio Berlusconi. Jusqu’au bout, ils vont adopter cette attitude, en attendant que la polémique sur les fraudes s’éteigne.

Pourtant, dans les capitales africaines, on s’impatiente de savoir qui sera le prochain interlocuteur à Rome car les dossiers d’intérêt commun ne manquent pas. En tout état de cause, tous les spécialistes sont d’avis que la victoire du centre-gauche, conduit par Prodi, est irréversible. Dans leurs relations avec l’Italie, les Etats africains doivent donc intégrer cette nouvelle donne qui n’est pas si mauvaise que cela.

Les frasques de Berlusconi, son détachement vis-à-vis de l’Afrique, son ingérence en Irak aux côtés des Américains, son gouvernement aux ministres xénophobes, a contrario, avaient fini par décevoir les Africains. Prodi, c’est en quelque sorte l’antithèse de Berlusconi.

Ancien président de la Commission européenne, il est farouchement opposé à la présence militaire italienne en Irak. Issu d’une coalition de centre-gauche, on peut légitimement croire que le nouveau président du Conseil (le Premier ministre) sera plus sensible aux questions de l’immigration et de la coopération avec l’Afrique.

L’immigration, en particulier, sera l’un des dossiers importants qui attendent les dirigeants nouvellement élus. L’Italie, avec ses 8 000 km de côtes, constituait une porte d’entrée de notre continent en Europe. Mais Berlusconi a fait s’envoler bien des espoirs chez les candidats à l’immigration en durcissant les conditions d’entrée et de séjour dans le pays. En livrant une guerre totale aux sans-papiers, Berlusconi voulait sans doute satisfaire son électorat, qui va de la droite modérée à l’extrême droite xénophobe.

Mais, en même temps, il s’est aliéné tous les défenseurs des droits humains et les pays de provenance des immigrés. Si la page Berlusconi se tourne effectivement, peut-on, pour autant, croire à l’assouplissement des mesures draconiennes actuelles ? Une chose est sûre, du temps où il assurait la présidence de la Commission européenne (de 1999 à 2004), Romano Prodi défendait une ligne très raisonnable en matière d’immigration.

Alors que l’Europe se verrouillait de toutes parts, lui, prônait plutôt l’intégration harmonieuse des étrangers en situation régulière. L’idée d’une Europe forteresse ou d’une immigration zéro ne l’enchantait guère. Au contraire, il voyait en l’immigration légale « une bonne chose pour l’Europe, une source de vitalité et d’énergie dont l’Europe vieillissante a besoin ».

Maintenant qu’il est aux affaires, on attend de voir M. Prodi à l’oeuvre, bien qu’il ne soit pas à son premier exercice du pouvoir d’Etat. Il ne faut pas oublier qu’il a été président du Conseil italien, de 1996 à 1998. Il avait démissionné de ses fonctions après avoir été mis en minorité au Parlement.

Le Burkina suit avec une attention particulière l’évolution de la situation en Italie, pour la simple raison qu’il s’y trouve sa plus forte communauté vivant en Europe. Ces Burkinabè, dont le nombre est estimé à plus de 8 000 (ce qui reste encore très marginal par rapport à d’autres nationalités), constituent un enjeu important dans les relations entre Rome et Ouagadougou.

La contribution de ces expatriés à l’essor du Burkina n’est pas négligeable. Une banque de la place a reçu, en 2004, plus d’un milliard de F CFA provenant de nos compatriotes en Italie, dont l’ardeur au travail et le civisme sont reconnus par le pays hôte. Il s’agit donc, pour le Burkina, d’oeuvrer avec les autorités italiennes pour la quiétude de ses ressortissants. Mais il reste entendu que d’autres axes de la coopération bilatérale peuvent être développés ou renforcés.

Le Burkina a-t-il du souci à se faire pour ses fils et filles vivant en Italie ? En dépit du durcissement général des conditions d’immigration dans l’espace Schengen, les bonnes relations qu’entretiennent Blaise Compaoré et Romano Prodi peuvent être une garantie de sécurité pour nos compatriotes s’ils continuent d’être aussi exemplaires.

Cette amitié s’est, entre autres, manifestée en mai 2005 lorsque le président burkinabè, au cours d’un séjour en Italie, a accordé une audience privée à M. Prodi. Alors, on n’attend plus que la confirmation de la victoire du centre-gauche, qui marquera sans doute le point de départ d’un renouveau dans la coopération entre l’Italie et le Burkina.

Le Pays

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