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Délestages à Ouagadougou : « Que les factures d’électricité soient proportionnelles à l’énergie consommée », interpelle un coiffeur

Publié le mercredi 8 mai 2024 à 22h32min

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Délestages à Ouagadougou : « Que les factures d’électricité soient proportionnelles à l’énergie consommée », interpelle un coiffeur

Depuis quelques mois, les coupures de courant sont de plus en plus fréquentes à Ouagadougou. Les ateliers de coiffure, de soudure comme beaucoup d’autres secteurs d’activité, font grise mine. Nous avons sillonné quelques endroits du secteur informel pour constater leur vécu quotidien. Dans certains ateliers, c’est le blocage total, dans d’autres, existent des alternatives pour continuer à fonctionner. « Que les factures d’électricité soient proportionnelles à l’énergie consommée », a lancé un coiffeur.

Il venait à peine d’être 10h ce mercredi 8 mai 2024 à Ouagadougou, dans l’arrondissement n°3, quartier Tampouy. Issa Kaboré, installé dans une chaise en fer, avait à ses côtés son collaborateur allongé sur un banc devant leur salon de coiffure, situé à 100 mètres du rond point de la Jeunesse. A cause de la coupure du courant qui est intervenue une heure plutôt, les deux coiffeurs se contentent d’observer le vide. L’un allongé sur le banc refuse tout commentaire. « Moi je ne vais pas parler pour avoir des problèmes », s’est-il justifié. Mais l’autre du nom de Issa Kaboré accepte d’échanger avec nous mais pose ses conditions. « Je ne veux pas qu’on me filme » s’est-il opposé. Et les échanges commencent.

Pour le soudeur Soumaïla Traoré, la situation n’a pas trop de conséquences sur son activité

L’inquiétude se lit sur le visage et dans les mots. « A cause des délestages, nous ne pouvons pas travailler. En même temps, le bailleur ne va pas recevoir son dû parce que nous n’avons pas travaillé à cause des coupures de courant », a t-il déclaré, la voix presque éteinte. Il se pose la question sur leur fin du mois. « Payer le bailleur et l’électricité alors que nous n’avons pas eu trop de travail, cela ne va pas être facile », s’inquiète-t-il. Pour lui, la nationale de l’électricité doit tenir compte de ces coupures dans les prochaines factures pou rendre justice à ses clients. « Que les factures d’électricité soient proportionnelles à l’énergie consommée » a-t-il souhaité. Même s’il reconnaît qu’il y avait des coupures de par le passé, il estime que la situation s’est aggravée. C’est pourquoi, dit-il, les conséquences sont énormes. Avant, poursuit-il, nous pouvions avoir tout au plus 50 clients par jour. Mais avec ce printemps de délestages, déplore t-il, nous pouvons avoir à peine dix.

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Mais les réalités des ateliers de coiffure pour hommes diffèrent en fonction des investissements des tenants. Théodore Doussou est aussi propriétaire d’un atelier de coiffure. Face aux coupures intempestives de courant, il s’est doté de plaques solaires pour continuer à fonctionner à plein temps. A notre arrivée chez lui vers 11h, l’énergie était toujours disponible, mais il n’y avait pas de client. Pour ce jeune coiffeur arrivé dans le métier il y a six ans, les coupures du courant lui ont causé d’énormes pertes en termes de gains. Pour répondre à ce défi énergetique et fidéliser ses clients qui fuient vers les ateliers où le solaire alimente, il a décidé lui aussi de se doter de plaques solaires. « A cause des coupures, j’ai acheté des plaques solaires pour me débrouiller » a-t-il confié. « On pouvait venir s’asseoir faire presqu’une journée sans courant », se souvient-il encore. L’achat de plaques solaires pour alimenter son atelier répondait à une nécessité car les clients prenaient la direction d’autres ateliers de coiffure là où il y a l’énergie solaire, a-t-il expliqué. Pour tenir la concurrence, il a décidé lui aussi de se procurer de l’énergie solaire. Pour le moment, tout se passe bien, a t-il conclu, avant de se retirer vers l’atelier voisin pour causer en attendant l’apparition du premier client de la journée.

Théodore Doussou regrette les coupures récurrentes de courant

A Tampouy, nous avons également rencontré Soumaïla Traoré, un soudeur. Alors que les coiffeurs se plaignent des conséquences des coupures sur leurs activités, chez lui, les choses ne sont pas alarmantes, parce que la situation est générale. « Comme je connais l’état du pays, les coupures ne nous dérangent pas vu que nous travaillons avec du fer. Nous reconnaissons que ce n’est pas facile mais nous ne sentons pas trop les conséquences sur notre activité ». Pour lui, la particularité de son activité réside dans la matière qu’il travaille. « Ce n’est pas un frigo où nous avons de la nourriture ou des jus qui peuvent être gâtés », a-t-il indiqué. « Même les clients comprennent puisqu’ils sont aussi victimes de la situation », a-t-il conclu.

Serge Ika Ki
Lefaso.net

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