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Burkina/Justice : Il écope d’une peine de 12 mois pour n’avoir pas dénoncé l’achat d’un téléphone volé

Publié le jeudi 11 avril 2024 à 12h02min

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Burkina/Justice : Il écope d’une peine de 12 mois pour n’avoir pas dénoncé l’achat d’un téléphone volé

Salam et Bouba (noms d’emprunt) ont tous deux été condamnés à une peine d’emprisonnement de 21 mois, pour avoir volé un téléphone qu’ils ont par la suite revendu au grand marché. L’acheteur, Hervé, sachant que le téléphone présenté avait été volé, est actuellement poursuivi, mais jusque là, introuvable. Ce mardi 9 avril 2024, Ahmed, commerçant qui avait assisté à l’achat du téléphone litigieux, a été entendu par le tribunal correctionnel et condamné à une peine d’emprisonnement de 12 mois et une amende de 500 000 francs CFA le tout avec sursis pour complicité de recel.

Des faits retracés par le président du tribunal, il est ressorti que Ahmed était l’acheteur du téléphone. A la question de savoir s’il les (parlant des faits) reconnaissait, le prévenu répondra par la négative, soulignant qu’il n’avait jamais acheté quoi que ce soit avec les détenus. Appelés à la barre pour s’exprimer sur ce point, ces derniers confirmeront les dires du prévenu, tout en soulignant qu’il était là, au moment où il vendait le téléphone.

"Mais qu’est-ce qu’il fait ici alors ?" a questionné le président. "Quand la police nous a arrêté, elle nous a demandé où est-ce que nous avions vendu le téléphone. On a dit que c’était au marché avec un certain Hervé, à côté de Telmob. Elle nous a emmené là-bas pour qu’on le désigne, mais quand on est arrivé, il n’était pas là. Mais on a reconnu Ahmed parce qu’il a assisté à la vente. Il était là quand on vendait le téléphone mais ce n’est pas lui qui l’a acheté avec nous" ont retracé les deux détenus.

A la question de savoir s’il était au courant que l’objet vendu était un téléphone volé, le prévenu niera les faits, avant de les reconnaître plus tard, après insistance du président du tribunal. "Quand ils sont venus vendre le téléphone, on était nombreux là-bas. Mais c’est Hervé qui a acheté le téléphone. Je ne savais pas où ils avaient eu le téléphone pour venir le vendre, mais ce n’était pas très clair. C’était bizarre. Je n’ai pas dénoncé aussi parce que c’est la loi de notre marché là même qui est comme ça. Si j’avais dénoncé, j’allais quitter le marché là le même jour" a assuré le prévenu.

Une conclusion qui n’a visiblement pas été du goût du président, qui estime que la "soit disant loi du marché" n’a aucun effet, contrairement à la loi que eux, juges, appliquent. "Quand vous êtes au tribunal il faut savoir parler. C’est quoi ces manières de dire que la loi de votre marché ne vous permet pas de dire ce que vous avez vu. Vous vous êtes dans quel pays ? Le marché même où vous exercez là est dans quel pays ? Est ce que cette loi-là dépasse la loi que nous on fait ici ? C’est quoi ces manières ? On vous dit que vous avez vu des jeunes vendre un téléphone volé et que vous n’avez pas dénoncé, et vous dites que la loi de votre marché ne vous permet pas de le dire. Et même-là, le dénommé Hervé là vous a donné 10.000 francs fcfa après avoir acheté le téléphone non ? Pourquoi il l’a fait alors qu’il venait de dépenser pour acheter un téléphone ? Ou bien c’est parce qu’il vous aime beaucoup qu’il vous a donné l’argent ? C’est parce qu’il venait de faire une bonne affaire et il voulait acheter votre silence. Et vous avez pris l’argent, tout en sachant que le téléphone acheté était volé. Avec ça vous venez nous dire que la loi de votre marché ne vous permet pas de dire je ne sais quoi. Voilà maintenant vous êtes là ! Quand vous êtes ici là, il faut savoir parler" a fulminé le président.

Dans ses réquisitions, le procureur s’est longtemps attardé sur la négligence qu’ont les individus face aux actes illégaux observés dans la société, surtout dans le domaine du commerce. "La situation du jeune homme nous interpelle parce que si nous avons connaissance des actes qui se posent dans nos quartiers qui sont contraires à la loi, nous devons les dénoncer, surtout dans ce contexte d’insécurité. C’est un devoir de citoyen et il y va de la protection de nos personnes et de nos biens" a-t-il interpellé. Tout en requalifiant les faits en complicité de vol, il a par la suite plaidé pour une peine d’emprisonnement de 12 mois et une amende de 1.000.000 francs fcfa, le tout avec sursis.

Le tribunal lui, requalifiera dans un premier temps les faits en complicité de recel, avant de le condamner à une peine d’emprisonnement de 12 mois, ainsi qu’à une amende de 500 000 fcfa, le tout assorti de sursis. "Si les jeunes ont volé le téléphone, ce n’est pas de votre faute. Ne pas acheter le téléphone parce que vous doutiez de sa provenance était aussi un bon reflexe. Mais on vous condamne aujourd’hui parce que vous saviez que c’était un téléphone volé mais vous n’avez rien dit. Prochainement, il faut dénoncer ! Et allez dire à vos camarades du marché que si quelqu’un a connaissance de l’achat d’un téléphone volé ou d’une quelconque marchandise volée, il doit dénoncer" a conseillé le président au prévenu.

Erwan Compaoré
Lefaso.net

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