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Tchad : Le Premier ministre Succès Masra, le « sankariste », renonce à son salaire au profit d’actions sociales

Publié le jeudi 11 janvier 2024 à 21h00min

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Tchad : Le Premier ministre Succès Masra, le « sankariste », renonce à son salaire au profit d’actions sociales

Nommé Premier ministre de son pays, le Tchad, le 1er janvier 2024, suivie 24 heures après de la formation de son gouvernement, Succès Masra a, dans la foulée, et sans attendre, œuvré comme il l’a promis dès sa nomination, à une reprise des cours, suspendus des semaines pendant deux mois pour cause de grève des enseignants. Et cela, dans une avalanche de commentaires autour de sa nomination, qualifiée de trahison par certains de ses compatriotes, de stratégique et patriotique pour d’autres. Ces derniers se trouvent confortés par cette décision que le Premier ministre vient de prendre ; le renoncement à son salaire pour le consacrer à des actions sociales.

« Tout travail mérite un salaire, dit-on, mais moi, je ne me sens pas au travail. Je me sens en mission », a dit le Premier ministre, précisant dédier ce fonds à la création d’une bourse sociale visant à promouvoir l’excellence dans les 23 régions du Tchad.
« Du jamais vu au Tchad », clament des citoyens tchadiens, qui apprécient « cette vision de servir son pays, quelle que soit sa position », quand pour d’autres, l’essentiel ne réside pas en cela, mais à s’attaquer à des questions « plus importantes » (c’est-à-dire les services sociaux de base).

Par ces deux actes majeurs, obtention de la reprise des cours et le renoncement à son salaire, le leader du parti Les Transformateurs parviendra-t-il à grignoter des sympathisants dans le camp de ceux qui n’ont pas vu d’un bon œil sa nomination à la tête de la Primature et, partant, à se faire une assise réelle dans un gouvernement où également des observateurs comptent ‘’trop’’ d’anciens barons, susceptibles de faire obstacle à sa mission ?

En tous les cas, le tout-premier Premier ministre de la Ve République, l’économiste, Succès Masra, semble avoir balisé sa trajectoire et ce, dans le tempo du discours qu’il a livré à Ouagadougou le 14 mai 2022 sous l’intitulé : « Nous sommes des milliers de Sankara » ; Thomas Sankara qu’il qualifie d’un des meilleurs fils d’Afrique et dont il dit s’inspirer.

Au cours de ce séjour de Ouagadougou, ce cadre qui a rendu sa démission de la Banque africaine de développement, a décliné sa motivation à descendre dans l’arène de son pays et affiché sa vision de la gouvernance.

« J’ai aussi vu la situation de mon pays, qui est resté dernier, sans faire du progrès, selon les indices de développement humain (capital humain, compétitivité…). Dès lors, la question qui se pose à vous, c’est à quoi sert votre statut, fut-il de fonctionnaire international bien payé ? J’ai donc vu la situation de mon pays, le Tchad, qui est resté des décennies en arrière, alors que nous avons des potentialités énormes. Je me suis dit qu’il y a là un appel parce qu’il y a une obligation de résultat pour servir ce peuple-là, l’amener à transformer ses potentialités en opportunités. J’ai vu le chemin de la gouvernance qui était-là, plus de trente ans de perte de temps, pas de résultat. J’ai aussi vu la gouvernance antérieure à cette époque, qui a eu du temps pour pouvoir le faire. Je me suis dit qu’il y a là une autre voie que nous pouvons proposer. C’est ainsi que j’ai démissionné le 29 avril 2018, au moment où (mauvaise cerise sur le mauvais gâteau) le président en place (feu Idriss Deby) a choisi de se déifier, presque, devenant lui-même Premier ministre, chef du gouvernement, président, sultan de son village, ministre de la défense…(…). Ce dont l’Afrique a besoin le plus, ce sont des leaders serviteurs, à tous les échelons. Du préfet au président de la République. Le panafricanisme du 21e siècle, c’est du leadership serviteur. La démocratie du 21e siècle, c’est du leadership serviteur. La gouvernance du 21e siècle, dont nous avons besoin, c’est du leadership serviteur. Un leader serviteur ne part pas faire son bilan de santé, en tant que ministre de la santé, en Europe. Un leader serviteur n’est pas un président qui prend un jet privé pour aller dans un autre pays pour se soigner. Un leader serviteur ministre de l’économie ne se précipite pas pour ouvrir son compte bancaire dans un pays étranger. Un leader serviteur ministre de l’enseignement n’envoie pas ses enfants étudier hors de l’Afrique »,a expliqué Succès Masra.

A dix mois de la présidentielle (octobre 2024) qui doit marquer la fin de la transition et au regard des défis en présence, il va sans dire que le jeune leader politique, Succès Masra, a amorcé un virage capital, avec tous les enjeux qu’il comporte pour son avenir.

O.L.O
Lefaso.net

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