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CENI : A qui profite le flou ?

Publié le lundi 13 février 2006 à 07h55min

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A qui profite ce flou, pour ne pas dire cette impression de pagaille qui règne actuellement dans l’organisation des élections municipales ? Alors que la date fatidique du 12 mars approche, que la campagne officielle s’ouvre le 18 février prochain, beaucoup d’analystes n’excluent pas l’éventualité d’un nouveau report de cette consultation. Du côté de la CENI, on déclare attendre une décision du Conseil des ministres.

Face à un tel cas de figure, on peut s’interroger sur l’indépendance réelle d’une structure qui attend du gouvernement, des mots d’ordre pour accomplir sa mission. S’il est vrai que l’Etat est le principal bailleur de fonds des élections, la CENI ne saurait prétexter des problèmes d’intendance pour réguler le processus électoral, ceci d’autant que le premier report n’était pas lié à ce qu’on sache, à des problèmes de moyens financiers. Toujours est-il que la CENI se retrouve aujourd’hui sur la corde raide et tombe sous le coup de la loi pour n’avoir pas procédé au renouvellement de ses membres.

Du coup, elle met le gouvernement dans l’embarras si ce dernier devait effectivement prendre une décision. Si le pouvoir exécutif ordonne la tenue du scrutin à la date du 12 mars, il renierait de facto le Conseil constitutionnel, la plus haute juridiction de notre pays chargée de dire le droit. En même temps, il violerait l’article 34 du code électoral qui met fin au mandat des membres des commissions électorales indépendantes, qu’elles soient provinciales, départementales, communales ou d’arrondissements.

En prononçant le report du scrutin afin de permettre le renouvellement des membres de ces structures, on retarde éternellement la mise en place des conseillers municipaux, véritables piliers de cette démocratie à la base. A moins que derrière ces valses-hésitations, ne se cachent des arrière-pensées politiques tendant à conforter certaines chapelles qui ne se sentiraient pas prêtes à affronter le verdict de l’électorat. Certes, en son temps, le président de la CENI avait soutenu que le temps qui lui était imparti ne lui permettait pas de nettoyer les écuries de la structure qu’il dirige.

Mais, n’ignorant pas que force est à la loi et qu’il risquait de se retrouver en porte-à-faux avec la légalité, il aurait pu prendre l’initiative d’un débat qui aurait impliqué tous les acteurs socio-politiques afin qu’il s’en dégage une solution politique acceptable pour tous. En tous les cas, les responsables de la CENI ne peuvent prétendre aujourd’hui n’avoir pas suffisamment été alertés sur les multiples dysfonctionnements constatés lors de l’élection présidentielle. Quelle excuse peuvent-ils encore espérer pour se justifier face à des élections entachées d’irrégularité ?

Aujourd’hui, la CENI se retrouve dos au mur, faute d’avoir essayé de crever à temps l’abcès auquel sont venus se greffer d’autres goulots, tels l’informatisation du fichier électoral, la suspicion qui pèse sur elle à propos de l’audit réclamé par certains partis politiques et qui est finalement mort dans l’oeuf, l’affichage à temps de la liste des électeurs, les difficultés constatées lors de l’élection présidentielle du 13 novembre 2005 et qui ont laissé beaucoup d’électeurs sur leur soif citoyenne d’élire le candidat de leur choix.

Face à une situation qui risque d’écorner son image, si ce n’est déjà le cas, il serait salutaire et urgent pour la démocratie de revoir non seulement le fonctionnement interne de la CENI, mais également ses rapports avec toutes les parties prenantes dans le jeu politique burkinabè. Somme toute, étant une structure gardienne de la transparence, la CENI gagnerait à ne pas donner l’impression d’être une officine bureautique hors du regard du simple citoyen sollicité uniquement pour introduire son bulletin dans l’urne.

Le Pays

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