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Côte d’Ivoire : Les sanctions de l’ONU font-elles vraiment peur ?

Publié le vendredi 3 février 2006 à 07h15min

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Le ton monte entre l’entourage de Gbagbo et les Nations unies. Kofi Annan, en des mots directs, a condamné les blocages actuels du clan présidentiel autour du maintien ou non de l’Assemblée nationale, et menacé les fossoyeurs du processus de paix de sanctions.

En attendant que l’ONU exécute ses menaces, les personnes concernées ne semblent pas s’en soucier outre mesure. En clair, les sanctions telles que pressenties ne font pas peur. Ces sanctions pourront-elles annihiler les capacités de nuisance du clan Gbagbo ?

Le premier qui est dans le collimateur des Nations unies n’est rien d’autre que Blé Goudé, « le ministre de la Rue », dont les sbires ont saccagé les locaux de l’ONUCI en Côte d’Ivoire, après que le Groupe de travail international a constaté la fin du mandat des députés et a proposé la non prorogation dudit mandat. Blé Goudé affirme attendre de pied ferme ces fameuses sanctions qui sont individuelles et concernent le gel des avoirs et l’interdiction de voyager.

Au stade actuel de la crise, on imagine que les thuriféraires du pouvoir ont déjà mis à l’abri leur butin de guerre. De plus en plus, ils évitent de quitter la Côte d’Ivoire, surtout avec les derniers rebondissements de l’affaire Guy Kieffer, dans laquelle le premier cercle du président ivoirien est dans la ligne de mire des juges français. Une affaire de cacao qui pue le souffre, l’argent et le sang.

Le sang, pour Kieffer l’impertinent qui a osé y mettre le nez, et l’argent car les retombées financières de la vente du cacao ont servi à alimenter l’armée ivoirienne, officiellement, mais surtout à entretenir un réseau maffieux d’enrichissement personnel.
Le reproche que l’on pourrait faire à l’ONU, c’est d’avoir laissé faire pendant longtemps alors qu’il était de notoriété publique que ces fonds récoltés par des moyens détournés, quelquefois au nom de l’effort de guerre, ne servaient pas la paix, et cela même pendant l’embargo.

Ce qui préoccupe le pouvoir d’Abidjan, c’est de rester maître du jeu. Le scénario proposé par le GTI est rejeté en bloc par le camp présidentiel alors que le G7, la coalition des partis d’opposition, fait chorus autour de cette décision. Il appartient désormais à l’ONU de prendre ses responsabilités. C’est à elle de juger de l’efficacité des sanctions qu’elle va prendre. Pour amener le camp Gbagbo à plier, il faut, à l’évidence, une méthode plus coercitive. Autrement, les acteurs se perdront en conjectures alors que l’objectif recherché est d’arriver à des élections libres et transparentes au soir du 30 octobre 2006.

Charles Konan Banny, Premier ministre de consensus, sait que son bilan se mesurera à la tenue ou non de ces élections. Depuis la levée de boucliers du clan présidentiel, il reste quelque peu discret et très prudent, évitant soigneusement un affrontement direct avec Gbagbo. Il s’économise et compte ses soutiens. Après le GTI et le Secrétaire général des Nations-unies, Dénis Sassou N’Guesso, le nouveau président de l’Union africaine, a dit le soutenir dans sa tâche, malgré la confusion créée par la médiation sud-africaine.

La pilule de la mise en quarantaine de l’Assemblée nationale sera-t-elle difficile à avaler par le camp pro-Gbagbo ? Elle passera probablement. D’une part parce que l’ONU y tient, et d’autre part parce que le président Gbagbo pourrait s’en servir pour monter les enchères par rapport au programme de désarmement des rebelles. A ce moment-là, la confrontation avec Charles Konan Banny sera inévitable.

La pression changera alors de camp pour être du côté du Premier ministre et des rebelles, eux qui redoutent cette étape qu’ils souhaiteraient voir comme le dernier acte du processus de paix. Qu’importe le calendrier des uns et des autres, l’important est que le Premier ministre et le GTI soient fermes dans la conduite du processus jusqu’aux élections. Désormais, c’est vers eux que les regards de la communauté internationale sont tournés.

Le Pays

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