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6e sommet de l’Union africaine à Khartoum : Les engagements des chefs d’Etat

Publié le vendredi 27 janvier 2006 à 08h03min

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Sous l’impulsion de l’Union africaine, l’Afrique entend désormais se faire mieux entendre et affirmer une présence plus forte, plus solidaire et plus déterminée dans le concert des nations. Les engagements pris par les chefs d’Etat et de gouvernement au dernier sommet de l’Union fondent un certain espoir.

Le 6e sommet de l’Union africaine auquel a pris part une trentaine de chefs d’Etat et de gouvernement à Khartoum au Soudan, a achevé sa session ordinaire mardi 24 janvier 2006. Il a eu comme thème central de réflexion, de débats et d’échanges « Education et culture ». Mais du fait du retard pris pour la désignation du président devant conduire l’Union africaine jusqu’en 2007, la réflexion sur le thème a été quelque peu survolé.

Néanmoins des avis ont été partagés sur la question et des souhaits émis dans le sens de faire bouger les choses. Ainsi, et selon le président de la commission de l’Union africaine, Alpha Oumar Konaré « la culture est touche et retouche ». Dans le sens de son expression à la hauteur des attentes de l’Union africaine, Alpha Oumar Konaré recommande activement la mise en place de l’Académie africaine de langues et le lancement de la nouvelle charte culturelle panafricaine.

Le projet de création de la Télévision panafricaine initié par la République arabe d’Egypte devrait contribuer grandement à la qualité de l’image et de l’information sur l’Afrique et aider à forger une conscience panafricaniste, notamment dans les domaines de l’éducation et de la culture. La promotion de ces deux éléments se révèle être, du constat du président du Faso, Blaise Compaoré « des instruments fondamentaux essentiels pour développer l’économie, le social, la politique et la santé de nos pays ; et assurer un idéal beaucoup plus consistant pour les populations africaines ».

En cette année 2006, un hommage mérité sera rendu à un grand défenseur de la culture africaine. En effet, cette année est proclamée « année internationale Senghor » par la Francophonie qui entend célébrer le centenaire de ce grand poète-aujourd’hui disparu-un des pères fondateurs de l’Organisation de l’unité africaine, devenue Union africaine.

Moyen par lequel les personnes donnent forme et un sens à leur vie, la culture selon la vision du président nigérian, Olusegun Obasanjo est « le ciment essentiel pour assurer le progrès de l’Afrique ». Replacer nos valeurs culturelles au centre de nos préoccupations est donc d’intérêt et d’importance. D’où le souhait du secrétaire général de la Ligue des Etats arabes, Amr Moussa de voir l’Union africaine adopter « les valeurs arabo-africaines en tant qu’atout pour l’Afrique de surmonter les problèmes auxquels ce continent est confronté ».

C’est dire donc que l’Afrique doit resserrer ses rangs si elle veut assurer à ses populations « un mieux-être et tirer profit des occasions et des opportunités qui lui sont offertes pour relever tant de défis ».

Pour le président hôte du 6e sommet, Omar Hassan Ahmed Al-Bachir, « le principal défi auquel nous faisons face aujourd’hui ne se limite pas à la réduction de la pauvreté ... mais aussi la coexistence des cultures et son corollaire de divergences et de contradictions entre elles ... on ne peut s’attendre dans un monde où l’égalité entre les êtres humains est presque absente, à ce qu’il y ait une égalité entre les cultures... L’équilibre de la société ne peut se réaliser qu’à travers la complémentarité de ces deux dimensions que sont la dimension intellectuelle (basée sur les valeurs et les croyances) et la dimension matérielle (qui se reflète dans les expressions sociales et artistiques ».

Des défis énormes à relever

Dans la conjoncture internationale hostile, il est temps pour l’Afrique (selon les termes du secrétaire général de la Ligue des Etats arabes, Amr Moussa) « de mettre de l’ordre dans ses affaires » afin que les questions et les problèmes qui se posent à ce continent ou que ce continent pose trouvent enfin des perspectives de solutions. Et comme défis à relever (et ils sont nombreux !), les chefs d’Etat et de gouvernement qui ont pris part au 6e sommet de l’Union africaine à Khartoum sont unanimes sur bien de points : « Il faut replacer l’Afrique au centre de la paix, de la sécurité, de la stabilité, de la solidarité, du développement, des échanges équitables, de la démocratie, des droits humains, de la bonne gouvernance, de l’intégration, de la libre circulation des personnes et des biens ... ».

Sur un certain nombre de questions et de situations de crises, le sommet de Khartoum s’est prononcé et/ou a pris des décisions importantes. Ainsi, sur la question soudanaise avec son cortège de drames humanitaires au Darfour, le président de la Commission de l’Union africaine appelle à « un Soudan uni et divers, un Soudan démocratique engagé dans les vertus d’une paix gagnée ».

Pour résoudre les problèmes que connaît le Soudan, Konaré préconise que « toutes les parties soudanaises s’engagent réellement et sincèrement dans le cadre des pourparlers d’Abuja et respectent les engagements qu’elles prennent ... Au gouvernement de désarmer effectivement les milices et aux mouvements rebelles d’indiquer à la mission de l’Union africaine les positions occupées par leurs forces sur le terrain ».

Mais, il ne fait aucun doute, selon le président soudanais Omar Hassan Al-Bachir, que « l’effort africain demeure notre seule issue vers le règlement définitif de la crise du Darfour ».

S’agissant de la situation en Côte d’Ivoire, elle est jugée inquiétante, surtout après la lueur d’espoir avec la nomination sur une base consensuelle du nouveau Premier ministre. Sa tâche essentielle qui est de réussir le processus de désarmement, de démobilisation et de réinsertion, de parvenir à organiser des élections régulières et transparentes, risque d’être compromise si les choses continuent à se détériorer. Toutefois l’Union africaine s’est engagée à « continuer à soutenir les efforts » de ce pays, à « préserver l’harmonie entre le président de la République et le Premier ministre ».

Cependant, Alpha Oumar Konaré se veut clair : « Personne ne peut durablement régler leurs problèmes (les Ivoiriens) à leur place ni surmonter pour eux les multiples obstacles qui se dresseront sur leur chemin. Ils sont appelés à faire plus confiance à leurs voisins, à la communauté régionale, internationale dont le rôle consiste à les accompagner pour qu’ils retrouvent la paix et la prospérité ». Dans toutes les situations de crise, de violation des droits humains que connait l’Afrique, il a été clamé haut et fort « le refus de l’impunité qui doit désormais s’imposer à tous ».

A cet effet, les chefs d’Etat et de gouvernement africains ont engagé leurs responsabilités à Khartoum pour que par eux-mêmes « ils fassent que l’Afrique soit une terre de justice, une terre où la justice peut être rendue en toute confiance ».

Outre ces préoccupations qui tiennent à cœur les chefs d’Etat africains, des questions comme celles des attentes de la jeunesse africaine ont également retenu l’attention du sommet : quête de liberté, de droits au logement, à la santé, à l’emploi, à la justice ; une jeunesse en quête de mieux-être. D’où la rédaction d’un véritable agenda pour l’Afrique, élaboré par des Africains eux-mêmes et à partir de l’Afrique, à même de créer « les conditions et les opportunités de transformation de nos matières premières, d’échanges, de défense de nos ensembles économiques, de promotion des initiatives créatrices d’emplois ».

Pour ce qui est de la promotion de l’intégration africaine, de la libre circulation des personnes et des biens, il est envisagé cette année-même l’instauration d’un passeport diplomatique africain infalsifiable, sécurisé et sous le contrôle des Etats.

Au préalable, la suppression des visas entre les pays d’une même communauté économique régionale, dans un premier temps, et entre communautés régionales dans un second temps, doit être une réalité.

Sur la question de l’immigration et de l’émigration, le constat a été établi par le sommet de Khartoum que « les seules normes policières et sécuritaires ne sauraient régler le phénomène. Les solutions durables reposent sur l’expression d’une solidarité plus forte et la réalisation de projets de développement ».

Une chose a été clairement affichée au 6e sommet ! C’est que « l’Union africaine refuse désormais les traitements dégradants et inhumains infligés à ses ressortissants qui sont loin d’être des délinquants ... De plus, elle ne peut accepter les mesures sélectives consacrant cette nouvelle forme de traite qu’est la traite des cerveaux ».

Dans le domaine des prestations de service, la commission de l’Union africaine a recommandé que la prochaine réunion des compagnies aériennes, se penche sur le coût des billets d’avion en Afrique et sur la sécurité de la navigation aérienne sur le continent. Autant de vœux et de décisions qui, s’ils se côtoient harmonieusement comme les eaux lumineuses du Nil blanc et celles limpides du Nil bleu symboliseront la symbiose de l’Afrique avec elle-même.

Sita TARBAGDO,
Envoyé spécial à Khartoum
Sidwaya

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