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Ali Lankoandé du PDP/PS : “Promouvoir un développement autocentré axé sur l’homme”

Publié le mercredi 2 novembre 2005 à 06h42min

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Lancée le 22 octobre 2005, la campagne présidentielle amorce sa vitesse de croisière. Bouchées doubles ou allure au rythme de chaque candidat, le territoire national est sillonné par les prétendants au fauteuil présidentiel. Le professeur Ali Lankoandé du PDP/PS qui est de la course, donne son point de vue sur le déroulement de cette période préélectorale.

Q. : Nous sommes à mi-parcours du scrutin du 13 novembre 2005, quel bilan tirez-vous de ce parcours ?

R. : De notre côté, la campagne se déroule à notre rythme. Nous essayons d’expliquer notre manière de voir comment ce pays peut être dirigé. D’ailleurs, entrer en campagne pour un parti c’est essentiellement cela. Faire connaître son projet de société, son programme, sa manière de gouverner... Je crois que tout se déroule assez bien chez nous. Le reste, bien entendu, est une question d’appréciation générale.

Nous constatons que cette campagne est tout à fait déséquilibrée. Alors que certains candidats ont même décidé de ne pas faire des tee-shirts, d’autres pensent qu’au fond, c’est cela l’essentiel. Nous pensons justement que c’est par cette manière-là que l’on maintient la pauvreté dans le pays.

On montre aux gens qu’il y a des citoyens très riches pour lesquels il ne manque rien, qui peuvent inonder des régions, des provinces de tee-shirts et autres gadgets. Nous estimons que c’est de la pultocratie qu’on est en train de développer. Est-ce qu’on peut faire de la ploutocratie dans un pays classé avant-dernier dans le classement du PNUD, dans un pays où tout le monde reconnaît qu’environ 50 % de gens vivent en dessous du seuil de pauvreté ? Disons que ce n’est pas bon.

La démocratie doit se faire dans des conditions de chance égale à tout le monde et il faudrait que cela soit rapidement corrigé.

Q. : Que préconisez-vous ?

R. : Je préconise que les gens aient un minimum d’éthique en politique. Parce que cette manière d’écraser un peuple pauvre, à mon avis, dénote un manque d’éthique.

Q. : Que pensez-vous du CSC ?

R. : Le CSC fait de son mieux. Quand les choses sont plus ou moins verrouillées, la bonne volonté ne suffit pas toujours. Il faut que le peuple entier puisse aider le CSC à ce que certains verrous sautent.

Q. : Votre réussite à cette élection dépend de la mobilisation de vos militants. A ce jour, quelle appréciation en faites-vous ?

R. : Compte tenu des moyens dont nous disposons, nos militants sont fortement mobilisés.

Ils font tout ce qu’ils peuvent pour que leur candidat fasse le meilleur score possible. Sur ce plan-là, je ne peux que les féliciter, les encourager à continuer dans ce sens, car la lutte, comme vous le dites, est à mi-parcours, ça signifie donc qu’il reste encore 50 % du chemin à parcourir.

Par conséquent, on a encore besoin d’énergie et tout le monde doit savoir que la lutte continue.

Q. : Comment justifiez-vous le fait que depuis l’ouverture de la campagne, vous ayez effectué très peu de sorties ? Est-ce un problème financier ou de programmation ?

R. : C’est une question de programmation. Parce que nous sommes de ceux qui pensent que le mimétisme n’est pas forcément la meilleure façon d’agir.

Q. : Donc, vous vous réservez le dernier moment pour réagir ?

R. : Ça ne veut pas dire qu’on se réserve le dernier moment. Nous allons à notre rythme.

Q. : Le jour du scrutin, le 13 novembre, est-ce que vous aurez des militants qui vont faire partie des membres des bureaux de vote pour pouvoir surveiller l’élection ?

R. : La surveillance de l’élection ne se limite pas seulement aux bureaux de vote. La surveillance de l’élection a commencé il y a très longtemps. Dès l’instant qu’on a dit, on va confectionner les listes électorales, nous avons invité nos militants à commencer la surveillance à ce moment-là.

Avec l’aide d’organisations de la société civile, de partis comme le nôtre ont eu la chance d’avoir des formations des formateurs, de suivre des séminaires. Nous avons donc des formateurs délégués, ceux que le CGD appelle des administrateurs électoraux. Nous les avons mis dans la discrétion au travail pour la formation dans nos bureaux de vote.

Cela se fait dans la plupart de nos sections. Au moment venu, nous aurons des délégués dans tous les bureaux de vote. Du reste, nous ne serons pas seuls. Vous vous souvenez que nous avons créé la COTE avec trois autres partis. Certains journalistes ont pensé que nous faisons double emploi avec les gens de la société civile. Nous estimons que la transparence des élections est une affaire de tout le monde.

Les partis politiques sont essentiellement concernés par cela. Avec nos camarades de la COTE (Coordination pour la transparence des élections), nous mettrons en commun les possibilités de cette surveillance que nous voulons la plus efficace possible. Ce n’est pas toujours facile dans nos pays. Quelqu’un a dit qu’on n’organise pas des élections pour les perdre. Et cette personne vient de chez nous, vous la connaissez.

Q. : Vous préconisez un développement endogène pour le Burkina Faso. Quelles seront alors vos priorités si vous êtes élu au soir du 13 novembre 2005 ?

R. : Le développement endogène pour nous est un développement autocentré, qui a pour centre principal, l’homme. Par conséquent, l’homme burkinabè a beaucoup de qualités. Malheureusement, ces qualités n’ont pas toujours été utilisées. Nous pensons qu’il est grand temps de les utiliser et que le Burkinabè se lève et s’occupe de son propre développement. Car nous avons dit : on ne développe pas, on se développe. L’essentiel est que l’homme avec ses qualités soit mis à la place qu’il faut. C’est ce que nous ferons.

Q.. : Que dites-vous du « duo » agriculture/élevage dans le développement économique de notre pays ?

R. : Jusqu’à présent, on a donné la priorité à l’agriculture, c’est pour cela qu’en 1993, on a mis des milliards à disposition de l’agriculture. Et cela a permis à ce secteur d’activité de faire un bond. Il faudrait faire la même chose pour l’élevage parce que l’élevage dans notre pays est une source de revenus monétaires considérables. Pour l’agriculture, nous sommes obligés de compter sur la nature. Par contre, l’élevage que nous faisons chez nous est assez abondant parce que nous sommes entourés de pays d’élevage comme le Niger et le Mali. Donner un coup de main, un appui sérieux à ce secteur-là pourrait absolument changer la donne chez nous.

Q. : S’il y avait un 2e tour, quels rapprochements seriez-vous amené à faire ?

R. : Si le cas se présentait, je pense que les intéressés se concerteront en ce moment et arrêteront leur stratégie pour aller à cette bataille du 2nd tour. Pour l’instant, l’on ne peut pas anticiper.

Q. : Pensez-vous de la stratégie du porte-à-porte ?

R. : C’est la stratégie des gens modestes. Nous pensons qu’elle a beaucoup d’avantages. Lorsque vous êtes en petits groupes, vous pouvez échanger quant au fond. Alors que quand vous êtes dans une mare humaine dans un pays où l’on a près de 90% d’analphabètes, il est souhaitable de privilégier le porte-à-porte, en utilisant les langues nationales.

Q. : Vous avez un compagnon de lutte en la personne du professeur Ki-Zerbo. Quel appui vous donne-t-il pour vous permettre d’obtenir un bon score ?

R. : Le professeur Ki-Zerbo continue à être un militant et il fait son travail de militant dans le cadre d’une mission qui est confiée à tous les militants, à savoir « défendre les couleurs du parti », à travers la personne du candidat qu’ils ont choisie, c’est le travail que fait Ki-Zerbo depuis toujours.

Q. : Avez-vous un appel à lancer à vos militants ?

R. : A nos militants, je leur dis de continuer le travail difficile qu’ils font et nous avons toujours dit : Le PDP/PS, espoir et nous terminons par PDP/PS : victoire. Et nous savons qu’entre l’espoir et la victoire, il y a la lutte. Je dis à mes militants qu’il faut que cette lutte continue.

Entretien réalisé par Jean Bernard ZONGO

Sidwaya

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