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Hermann et la présidentielle : « Notre désobéissance sera pacifique »

Publié le vendredi 21 octobre 2005 à 08h48min

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Après le retrait de sa candidature à la présidentielle 2005, qui ramène les prétendants au fauteuil de président à 12, Hermann Yaméogo s’est livré au jeu de questions-réponses des journalistes. C’était à travers une conférence de presse qui s’est tenue à son domicile, le 20 octobre 2005.

Dans sa déclaration liminaire, Hermann Yaméogo situera les raisons qui l’ont poussé à jeter l’éponge. Il dira que c’est en toute souveraineté que l’UNDD a « décidé de ne pas cautionner la candidature de Blaise Compaoré...Même si tous les Burkinabè vont accepter cette candidature en allant au vote, comme des moutons de Panurge au sacrifice, l’UNDD la refusera ».

Pour le chantre du tékré, Blaise n’a pas le droit, aux termes de l’article 37, de briguer un troisième mandat. Il évoquera aussi un manque de fiabilité du fichier électoral. « Notre fichier, excusez-moi du terme, est des plus bordéliques », précisera-t-il. Le président de l’UNDD a ajouté avoir attendu la décision du Conseil constitutionnel avant de se retirer. Cette précaution relevait, selon lui, d’une simple sagesse, sinon sa conviction était déjà bien faite que Blaise serait adoubé.

Cette démission du président de l’UNDD a suscité et continue de susciter beaucoup de supputations. Pour lui, la peur du suffrage n’y est pour rien, encore moins les résultats des deux sondages du CGD, qui ne lui étaient d’ailleurs pas favorables. « D’abord, ce n’est pas digne d’organiser de tels sondages à cette période pour orienter le choix des électeurs.

Ensuite, regardez-moi bien ! Est-ce que moi Hermann, je suis quelqu’un qui peut se laisser émouvoir par un sondage ou par une mallette d’argent, pour venir m’acheter afin de faire ceci ou cela ? ». On savait que la décision d’Hermann de se présenter avait reçu l’onction des partis politiques membres d’Alternance 2005 et de la Coalition Hermann Yaméogo, créée pour le soutenir.

Quelle est la position de ces deux structures, maintenant qu’il n’est pas dans la course ? Le candidat affirme qu’Alternance 2005 a jugé cela regrettable, mais « ils en ont pris acte ». Quant aux partis de la Coalition, ils ont, toujours selon lui, la latitude de boycotter l’élection ou de voter qui ils veulent.

« S’il y a quelqu’un qui est menacé, c’est bien moi »

La désobéissance civile, prévue par un article de la Constitution, a été naturellement abordée, d’autant plus que le démissionnaire promet d’y recourir. D’ailleurs, il s’étonne que les gens en fassent un problème. « La désobéissance civile est inscrite dans la Constitution. Le juge constitutionnel a donné la liberté de dire non. Maintenant, la forme varie.

Il y a eu par exemple celle à la Martin Luther King, à la Ghandi, à la Mandela ou celles des altermondialistes ». Quelle forme prendra sa désobéissance civile à lui ? « Notre désobéissance sera pacifique. Nous allons dire à tous nos militants de ne pas aller voter ».

Dire non relève d’une question de principe chez lui, même si cela, dira-t-il, lui a toujours fait courir des risques. Et Hermann de confesser : « S’il y a quelqu’un qui est menacé dans ce pays, c’est bien moi. Récemment par exemple, une forte délégation est venue me dire de faire attention, qu’on va me "faire" comme Norbert Zongo ». A écouter Me Hermann Yaméogo, le Conseil constitutionnel semblait embarrassé hier matin quant à la décision à prendre après sa défection. En effet, aucun texte ne statue sur les suites à donner dans ce cas de figure, où une personne se désiste après la validation des candidatures.

Entre autres questions : que devient alors sa caution de cinq millions et qu’adviendra-t-il de son nom, déjà inscrit sur la liste officielle des partants ? Espérons qu’une solution sera trouvée entre-temps à ce casse-tête juridico-politique. En attendant, et comme nous le titrions dans le « Commentons l’événement » du lundi 17 octobre 2005, la "malédiction du chiffre 13 » (le nombre de candidats à la présidentielle) qui planait sur le pays est en train d’être conjurée.

Issa K. Barry
L’Observateur

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