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Listes électorales : Et si l’on faisait désormais du porte-à-porte...

Publié le jeudi 20 octobre 2005 à 07h12min

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Allez voter est un devoir citoyen, mieux, républicain. Or pour que ce devoir puisse s’accomplir, il faut bien que l’Etat donne au citoyen, les instruments juridiques et les moyens pour l’obliger à accomplir cet acte. Nos textes de loi actuelle ne rendent pas obligatoire le vote du citoyen.

Ainsi, un Burkinabè peut aller s’inscrire ou ne pas le faire. Il peut aller retirer sa carte électorale ou ne pas le faire. Il peut aller voter ou ne pas le faire. Dans ces conditions, ne soyons pas étonnés que les taux d’inscription sur les listes électorales, de retrait des cartes et de participation aux scrutins deviennent des enjeux politiciens.

Dans certains pays européens tels que la Suisse et bien d’autres, le vote est obligatoire. Et le citoyen qui n’use pas de ce droit peut être poursuivi par l’Etat.

Cela découle de la volonté de mettre le citoyen au cœur du débat politique et d’en faire le pilier central de la démocratie. Or, sous les tropiques, ce sont les partis politiques qui restent les principaux animateurs de la vie politique, les citoyens ne venant que comme des spectateurs, ou tout simplement des figurants dont le rôle est de s’inscrire sur les listes électorales, retirer les cartes d’électeur, aller voter le jour du scrutin.

C’est pourquoi, il est de plus en plus indiqué, de réfléchir sur les voies et moyens d’impliquer directement le citoyen dans le jeu démocratique. Moult séminaires et conférences ont été organisés sans qu’une proposition idoine ne soit trouvée. En rendant obligatoire tout le processus électoral, c’est la démocratie qui sortira renforcée. Ainsi, certains candidats ne noyeront pas leur incapacité dans des prétextes fallacieux, « inscriptions douteuses » ou de « fichier électoral manipulable ».

Une administration républicaine pour une élection républicaine

A Etat républicain, administration républicaine. Avec les difficultés qu’ont de plus en plus, les commissions électorales indépendantes qui sont des produits de consensus liés à des situations historiques, il est indiqué de revoir intégralement l’organisation du processus électoral dans notre pays. Entre l’administration républicaine et les commissions d’exception, il faut bien trancher un jour.

A ce sujet, nous partageons la réflexion du professeur Luc Ibriga qui soutient que l’administration d’Etat doit assumer l’organisation intégrale des élections. Ce ne sera point un recul démocratique mais une réelle volonté de construire une administration républicaine. Ces commissions d’exception sorties de la réflexion des conférences nationales souveraines sont nées pour résoudre un déficit de confiance entre acteurs politiques. Dans un pays comme le Burkina Faso où les libertés s’expriment, où les institutions démocratiques fonctionnent normalement avec une administration républicaine, l’ère de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) n’est-elle pas révolue. Après la prochaine élection présidentielle de 2005, il faudrait bien poser la question et la résoudre définitivement.

Mettre l’administration républicaine au centre du processus électoral

A notre époque, marquée par la révolution des technologies de la communication, il est de plus en plus compliqué et difficile de faire des manipulations sans se faire coincer. L’administration burkinabè baigne dans cet univers.

Aujourd’hui, elle est outillée en ressources humaines qualifiées en moyens technologiques, sans oublier qu’elle assure l’administration sur l’ensemble du territoire national. La chose électorale est si importante et primordiale pour une nation qu’il faut pouvoir la confier à l’administration car elle reste la seule à mieux d’assumer cette mission.

Quid de sa neutralité ? Telle est la question qui reviendra. Mais elle semble légère, car les CENI, ici où les CENE ailleurs, ne sont-elles pas accusées d’impartialité ? L’administration est un corps de l’Etat et personne ne peut suspecter tout un corps d’appartenir à une seule formation politique. Il existe dans ce pays, des compatriotes qui ont le sens de l’honneur, de la dignité et du respect pour leur pays.

C’est pourquoi, il est essentiel de pousser la réflexion et de revenir à la case départ car l’administration seule peut faire du porte-à-porte pour les inscriptions sur les listes électorales et assurer par le même canal, la distribution des cartes électorales. Rendons donc à César ce qui est à César et à l’administration ce qui est à l’administration.

Par Michel OUEDRAOGO
Sidwaya

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