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Humanitaire : Scandale belge en Afrique

Publié le lundi 19 septembre 2005 à 07h29min

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Des avocats, des religieuses, une infirmière, un ingénieur, un banquier impliqués... mais jamais jugés.

Cette photo d’un peu de béton pourri dans le désert, c’est le résultat concret, au Burkina- Faso, des millions récoltés dans les années 1990 en Belgique par une asbl humanitaire. La justice belge s’est intéressée au scandale : le 21 décembre 2000, le parquet de Louvain confirmait l’inculpation de neuf Belges et d’un Ivoirien. Le dossier était fin prêt. Quatre ans et demi après, les dix inculpés - parmi lesquels deux avocats - ne sont pas jugés.

Le Burkina-Faso s’étonne. L’argent de Belgique devait servir à la construction d’un lycée technique dont le chantier, comme le montre la photo, s’est arrêté à vingt-huit briques, quatre piliers et un morceau de châssis. Qu’est devenu l’argent ?

Au Burkina, les gens de Garango se sentent humiliés. Ils nous le disent.Ils nous l’écrivent. Pour eux, des Belges et notamment des religieux se sont rempli les poches en se fichant d’eux qui n’avaient rien. Ils voudraient que les choses n’en restent pas là.Ils demandent au procureur du Roi de leur dire où en est ce dossier depuis cinq ans. Ils demandent que les coupables soient poursuivis et punis. Pour ce qu’ils ont fait. Et pour dissuader d’autres escrocs de les imiter.

En cause, l’ABBD, Association belgo-burkinabé pour le développement, sur laquelle la justice enquête depuis juillet 1998. En 2000, après deux ans, l’instruction aboutissait à la mise en cause de dix suspects liés au projet. Deux religieuses : les soeurs Maria et Florentine ; deux avocats bruxellois : Me Charles P. et son confrère Jimmy V., 49 ans, de Saint-Josse ; un directeur de banque : Paul D. ; un ingénieur, Jean E. ; un fonctionnaire ivoirien : Justin Z. ; une infirmière : Rita F. ; son mari, V.

Tous inculpés de : faux, usage, détournement, association de malfaiteurs. V., qui dirigeait l’asbl, est encore inculpé d’avoir menacé de mort soeur Maria. Parmi les malversations, un faux prêt de 5 millions -125.000 euros d’aujourd’hui- à l’asbl ABBD.

Il s’agissait de construire un centre d’enseignement technique à Boura-Garango (province de Bulgou, à 150 km d’Ouagadougou). Le projet qui était l’espoir de la région, et pour lequel des Belges ont ouvert leur portefeuille, ce projet n’a jamais vu le jour : vingt-huit briques, quatre piliers et un morceau de châssis. Au Burkina, une association, les Amis du Sahel, accuse : l’argent a été détourné.

Un autre volet de l’affaire a débouché, à Bruxelles, sur le scandale de SOS Sahel qui a été jugé - avec Michel Nihoul qui fut condamné.

Au parquet de Louvain, on fait savoir que le dossier ABBD a été joint à un autre qui explique le retard.

Entre-temps...

Le fonctionnaire ivoirien, Justin Z., habitait avenue de Crainhemà Woluwe-Saint-Lambert. Nous avons vérifié. Et constaté sans surprise que Justin s’était volatilisé. Un voisin explique que l’intéressé n’a plus été vu à l’adresse depuis trois ans. Mais du courrier continue d’arriver à son nom. Du courrier que le voisin réexpédie à La Poste, en précisant : « N’habite plus ici depuis des années ».

Gilbert Dupont
La Dernière Heure
http://www.dhnet.be

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