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Vu et entendu à l’audience : Une affaire de femme qui tourne mal

Publié le mardi 27 octobre 2009 à 06h24min

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Le 5 mai 2000, le commissariat de police de Korsimoro est informé de la découverte du corps sans vie d’une femme. L’enquête diligentée permettra d’appréhender Ouédraogo Moussa, son petit frère Ouédraogo Lassané, tous deux domiciliés à Boussouma et Sawadogo Hamidou, résidant à Korsimoro. Le ministère public leur reproche les faits de complicité d’avortement, de non assistance à personne en danger
et de délaissement d’enfant incapable de se protéger lui-même du fait de son état physique. Que s’est-il passé exactement ?

La victime, feue Sawadogo Aôssa était traditionnellement mariée à Korsimoro et avait un enfant de 3 ans de son mari. Elle fait la connaissance de Ouédraogo Moussa, cultivateur à Boussouma. Le 20 mars 2000, celui-ci les séquestre, elle et son enfant, avec la complicité de Sawadogo Hamidou, cousin de la femme. Il avait l’intention de les emmener plus tard en Côte d’Ivoire. Deux mois après, Sawadogo Aôssa tomba malade et refusa, à croire son concubin, les soins dans une formation sanitaire du fait que ce mal de ventre lui prend souvent. Elle aurait pris un produit qu’elle portait sur elle mais le mal s’empirait.

Dans la nuit du 4 au 5 mai 2000, son état était devenu critique si bien que force fut à Ouédraogo Moussa de l’amener chez Sawadogo Hamidou à Korsimoro pour des soins appropriés. Il fut aidé par son petit frère, Ouédraogo Lassané qui, lui, a remorqué l’enfant de 3 ans. Sawadogo Hamidou refusa d’héberger sa nièce dans un tel état. Il leur recommanda de continuer chez leur tante à Raguitenga à une dizaine de kilomètres plus loin. Il était environ 24 heures. Malheureusement, sur la route de Raguitenga la malade rendit l’âme vers 4 heures du matin, selon Ouédraogo Moussa. Ils ne trouvèrent de solution que d’abandonner au bord de la route, le corps de feue Aôssa et, à ses cotés, son enfant endormi.
L’époux de la victime soutient que sa femme au moment de le quitter portait une grossesse d’un mois. Pour lui, Sawadogo Aôssa serait morte des suites d’un avortement provoqué. L’avocat général, monsieur Sayon Adama a estimé que les faits reprochés aux présumés coupables Ouédraogo Moussa et Sawadogo Hamidou ainsi qu’à l’absent Ouédraogo Lassané sont établis.

Il a requis contre eux une peine de 10 ans d’emprisonnement fermes pour Ouédraogo Moussa, 3 ans fermes pour Ouédraogo Lassané et 3 ans assortis de sursis pour Ouédraogo Hamidou. Maître Marie Ouédraogo, commise d’office aux côtés de Ouédraogo Moussa voit les choses autrement. Elle émet des doutes sur l’état de grossesse de la victime. Selon elle, l’expertise médicale ne fait nullement cas de saignement encore moins de ballonnement de ventre. Mon client est resté constant et cohérent dans ses déclarations. Il n’est jamais mis au courant d’une quelconque grossesse, a-t-elle déclaré. Elle conclura que les faits de complicité d’avortement aggravés reprochés à son client ne sont pas fondés. Pour les faits de non assistance à personne en danger, elle soutiendra que Ouédraogo Moussa ne pouvait pas laisser la femme qu’il a aimée et avec qui il envisageait vivre à son triste sort. Il l’aurait amenée au dispensaire si cette dernière ne l’avait pas rassuré que son mal lui arrive souvent. Son client est aussi poursuivi pour des faits de délaissement d’un enfant. L’avocate reconnaît les faits mais estime qu’il ne pouvait faire autrement quand on est paniqué, face à une telle situation. Elle a demandé la clémence de la Cour afin de permettre à son client, toujours sous le choc de l’événement, de s’insérer socialement.

L’accusé Sawadogo Hamidou à qui le ministère public reproche la non assistance à personne en péril, avait à ses cotés maître Traoré Idrissa Kirsi. Ce dernier s’est demandé quel type de secours pouvait apporter son client à Sawadogo Aôssa à pareille heure, sinon que de l’orienter vers un dispensaire. Ce qu’il a fait en demandant premièrement si elle est partie au dispensaire. Il s’est entendu dire que la malade préfère son traitement habituel. L’avocat pense que son client est irréprochable et demande à la Cour de le relaxer. La Cour présidée par Mme B. Brigitte a statué conformément aux instructions de la Loi 51/93 ADP du 16/12/1993, les a maintenus dans les liens de la prévention et a prononcé contre eux les peines suivantes : Ouédraogo Moussa a été condamné à 5 ans d’emprisonnement assorti de sursis, Ouédraogo Lassané en prend pour 3 ans assortis de sursis tandis que Sawadogo Hamidou écope de 3 ans d’emprisonnement avec une amande de 200 000F le tout assorti de sursis.

Augustin OUEDRAOGO : AIB/Kaya

Sidwaya

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