Promouvoir l’entreprenariat communautaire par l’actionnariat populaire auprès des acteurs de la région de la Boucle du Mouhoun, tel a été le but recherché par l’Agence pour la promotion de l’entreprenariat communautaire (APEC) et son partenaire technique, la société coopérative « Bâtir l’avenir ». Ces deux entités, pilotant la mise en œuvre de ce programme, ont effectué un séjour de 24 heures à Dédougou, capitale de la région, le 18 avril 2024 avec pour leitmotiv, non seulement d’expliquer la vision, mais aussi de sensibiliser les populations locales à la pertinence du projet dont le président de la transition s’est fait le porte-étendard.

Le gouverneur, désormais actionnaire

En réalité, il s’agit de recueillir l’adhésion des forces vives de la Boucle du Mouhoun en termes de souscriptions massives pour assurer du succès à la levée de l’épargne populaire dans le cadre du financement des entreprises communautaires.

Mais qu’est-ce que l’entreprenariat communautaire par l’actionnariat populaire ? A ce questionnement, le directeur général de l’APEC, Karim Traoré, répond que c’est une initiative de développement née de la vision et de la volonté des autorités de transition d’offrir aux populations les rudiments nécessaires pour concevoir leur propre développement plutôt que de s’efforcer d’implémenter des modèles étrangers et parfois improductifs.

Karim Traoré, DG de l’APEC

Il souligne qu’à travers ce programme présidentiel, il est question de promouvoir un type de développement inclusif et endogène. « Désormais, ce sont les Burkinabé eux-mêmes qui vont définir leur modèle de développement économique qui doit être essentiellement financé par des Burkinabé », a-t-il fait remarquer avant de déclarer que des leviers seront créés en vue de permettre à tous, sans distinction aucune, de prendre part au financement ».

Rester ouvert aux autres

Le DG a tenu à nuancer son propos pour éviter toute interprétation. « Le développement endogène ne veut pas dire vivre en autarcie encore moins fermeture au reste du monde », avertit-il. « Ça voudrait dire que là où nous avons du potentiel, il faut le valoriser, ce que nous ne pouvons pas faire, faisons le transfert de technologie. Lorsque nous n’avons pas les moyens de transfert de technologie, on s’ouvre au reste du monde pour échanger. Parce que même ce que nous allons produire, sans le reste du monde, toute de suite notre marché sera inondé », a poursuivi M. Traoré. Pour ce dernier, la vision du programme présidentiel est de faire en sorte que la totale maîtrise de l’outil de production burkinabé ne soit plus laissée aux autres.

Et pour atteindre les objectifs de développement endogène et inclusif du programme présidentiel, l’option est faite d’investir dans l’agriculture, l’élevage, les mines, le textile et l’agroalimentaire. Car ceux-ci sont des secteurs stratégiques à fort potentiel de création de richesses et d’emplois à grande échelle, a avoué Karim Traoré. La phase pilote, déjà en marche, va procéder au lancement de quatre projets dont la réalisation de deux usines de transformation de tomates à Bobo-Dioulasso et à Tenkodogo, la construction de mines semi mécanisées dans les régions du Sud-ouest et de la Boucle du Mouhoun et l’intensification agricole.

Le directeur provincial, au milieu, reçoit la trentaine de fiches.

11e rang avec 1 500 souscripteurs

La société coopérative « Bâtir l’avenir », représentée à cette conférence par le président de son conseil d’administration, joue le rôle technique dans la mise en œuvre du référentiel présidentiel. Aziz Nignan de préciser que sa structure accompagne l’APEC par un apport d’expertise et une contribution à garantir la pérennité du programme. Celui-ci a informé que toute personne physique ou morale disposant d’un document d’identité peut souscrire au programme en passant par les instruments bancaires, électroniques ou par le Trésor public.

Aziz Nignan, PCA de la société coopérative

Les souscripteurs actionnaires ont une période de trois ans à compter de la date de souscription pour commencer à bénéficier des dividendes de leurs capitaux. Pour conclure son propos, M. Nignan a rappelé que pour prétendre à un emploi dans une entreprise communautaire, l’intéressé doit disposer de sa carte de souscripteur.

A la date du 18 avril, la région de la Boucle du Mouhoun, avec une population estimée à environ 2 millions d’habitants, compte 1 500 souscripteurs parmi lesquels on dénombre à Dédougou 31 enfants composés de déplacés et de rejetons de VDP tombés au front. Des responsables de structures ont fait parler leurs cœurs à l’endroit de ces enfants vulnérables. Leurs fiches de souscriptions sont remises, à l’occasion de la conférence, à la direction provinciale en charge de l’action humanitaire du Mouhoun.

Les forces vives de la région mobilisées

La région est classée 11e dans le cadre du financement du programme présidentiel avec une mobilisation financière de 60 millions FCFA. Face à cette donne, le gouverneur de la région, Babo Pierre Bassinga, a réagi par sa souscription. Au même moment, il invitait ses administrés à lui emboiter le pas.
A noter que l’APEC est présente dans la Boucle du Mouhoun à travers une coordination régionale forte de treize membres dont des points focaux dans toutes les provinces. Bienvenu Dembélé est le coordinateur régional.

Yacouba SAMA
Lefaso.net