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Christine Zoarma, 2e dauphine de Miss littérature Afrique 2023 : « Les acteurs de la littérature sont vulnérables malgré les grands efforts qu’ils fournissent au quotidien »

Publié le mercredi 17 janvier 2024 à 12h56min

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Christine Zoarma, 2e dauphine de Miss littérature Afrique 2023 : « Les acteurs de la littérature sont vulnérables malgré les grands efforts qu’ils fournissent au quotidien »

Christine Zoarma, la jeune burkinabè passionnée de littérature, après avoir arboré l’écharpe de Miss littérature Burkina Faso 2022, porte fièrement aujourd’hui celle de 2e dauphine Miss littérature Afrique 2023 dont le concours s’est déroulé en Côte d’Ivoire. Dans l’interview qui suit, cette beauté de la littérature, étudiante en licence 2 de lettres modernes à l’université Joseph Ki-Zerbo, nous relate sa connexion avec la littérature.

En 2022 vous avez été élue Miss littérature Burkina, en quoi cela a consisté ?

Christine Zoarma : L’élection de la Miss littérature Burkina 2022 s’est déroulée en deux phases : une phase écrite et une phase orale. Elle a consisté en la lecture d’un recueil de nouvelles, imposée aux candidates, en des questions spécifiques portant sur un livre donné et en une présentation sous forme résumée dudit livre. En plus de cela, il fallait répondre à des questions générales portant sur la littérature nationale, africaine et internationale.

Qu’est-ce que cela vous a rapporté comme récompenses ?

Étant donné qu’il n’y a pas de soutiens bien que l’activité soit noble, les organisateurs font de leur mieux pour récompenser la lauréate avec des livres, une écharpe et une attestation. Cette attestation m’a permis de participer à la finale africaine de Miss littérature qui s’est tenue en Côte d’Ivoire.

Avez-vous un parcours littéraire ?

Oui, je peux dire que j’ai un parcours littéraire à conter ! Grande amoureuse du livre, je m’essaie à l’écriture depuis le lycée notamment la poésie et la nouvelle. Vu que les moyens me manquent pour éditer mes écrits, je me consacre aux compétitions littéraires. Actuellement, je prépare l’édition d’un recueil de nouvelles qui paraîtra en fin janvier 2024, Dieu voulant. Voici quelques prix littéraires que j’ai remportés :

-  2e prix en poésie à la 1ère édition du concours de poème, organisé par Yieni la plume géniale (2021)
-  3e prix en poésie du concours de poème sur l’indépendance du Burkina Faso, organisé par le Centre burkinabè des débats et des plaidoyers (CBDP) et lauréate du Prix du public de ladite compétition (2022)

-  3e prix en poésie de la 1ère édition du concours de poème ‘’Ma plume, ma planète’’, organisé par Paulin Bouda (2022)
-  4e en rédaction de nouvelle, à la 1ère édition de la Soirée artistique des lettres arts et communication (SALAC) en 2022

-  Miss Littérature Burkina Faso (2022)
-  1er prix en poésie à l’occasion de la 2e édition de la Soirée artistique des lettres arts et communication (SALAC) en 2023
-  1er prix en poésie à la 2e édition du concours de poème organisé par Yieni la plume géniale (2023)

-  1er prix en Rédaction de nouvelle à la 3e édition du concours international Jeune Littéraire, organisé par Africa Young Ambassadors Association (AYAA) en 2023
-  1er prix en poésie de l’atelier d’écriture organisé à l’occasion de la Foire internationale du livre de Ouagadougou (FILO) en 2023
-  1er prix du jeu concours sur la lampe tempête, organisé par Ladika, le média du livre (2023)

-  L’une des 20 candidats lauréats (édités de façon collective) du concours de poème organisé par l’Association une Plume pour la liberté (APPL) en 2023
-  L’une des 30 candidats présélectionnés (pour l’édition collective des poèmes) du Championnat international de poésie, organisé par La bibliothèque des africains (2023)

-  2e dauphine Miss Littérature Afrique 2023
-  Finaliste du débat des leaders (en équipe de 3), organisé par le Centre burkinabè des débats et des plaidoyers (CBDP) en 2023
-  Finaliste du Championnat national de littérature, 1ère édition (2023)

Quel a été votre rôle en tant que Miss dans la promotion de la littérature burkinabè ?

Mon rôle est de porter haut le flambeau de la littérature burkinabè. Et pour la réussite de cette mission, je me bats contre vents et marées. Je participe aux activités littéraires. Je milite également au sein de l’Association des écrivaines du Burkina Faso (Mots d’Elles), toutes engagées pour la cause littéraire. Je tiens à ouvrir une bibliothèque, un projet qui me tient vraiment à cœur. J’ai initié un club de lecture nommé (Flamme de l’espoir) où nous partageons aisément notre amour pour la lecture.

Le club a tenu un Café-débat autour du livre à Bangreweogo en avril 2023. Également, je suis l’initiatrice du groupe d’écriture nommé (Ecrire - Ma passion) où l’objectif est de mettre en place un atelier d’écriture pour les jeunes talents, lequel atelier d’écriture aboutira à une édition. Cela dans le but de venir en aide à tous ces jeunes pétris de talents, qui, faute de soutiens sont obligés de ranger leurs écrits dans les tiroirs. En outre, j’organise des séances de lecture chaque mois à Rimkièta, mon quartier, sous forme de café littéraire. L’Act4 de cette séance de lecture est prévu pour fin février.

Qu’est-ce qui vous a motivé à vous lancer dans la conquête de Miss littérature ?

Ma passion pour la lecture et l’écriture m’a motivé. Également, c’est pour raffermir mes compétences littéraires.

Avez-vous des projets littéraires ?

Oui ! Ouvrir une bibliothèque, réaliser l’atelier d’écriture au profit des jeunes talents et intégrer les enfants dans mes séances de lecture car la culture de la lecture doit commencer dès le bas-âge. Pour cela, avoir les livres pour enfants, reste un défi à relever.

2e dauphine Miss littérature Afrique 2023, où ça s’est déroulé, avec combien de pays et de candidates, avec quelles récompenses ?

La compétition s’est passée en Côte d’Ivoire avec 8 pays africains. Un trophée, un lot de livres et une somme symbolique pour la Miss élue. Un lot de livres et une somme symbolique pour la première dauphine. Un lot de livres et une somme symbolique pour la 2e dauphine.

Quels ont été les critères retenus ?

-  La présentation originale des candidates en tenue traditionnelle.
-  L’épreuve de réponses aux questions de littérature et l’épreuve de rédaction d’un paragraphe littéraire.
-  Le compte rendu de lecture d’un roman imposé et la réponse à une question du jury tirée au sort.
- 

As-tu bénéficié de soutien du Burkina pour ta participation à cette compétition ?

J’ai eu des soutiens moraux de quelques connaissances mais financièrement, c’était très déplorable.

Quelles appréciations fais-tu de la littérature au Burkina, en Afrique et quels sont tes auteurs préférés ?

Il y a des efforts consentis mais il reste beaucoup à faire. Manque de soutiens et d’une bonne politique du livre surtout pour les jeunes talents. La littérature est le parent pauvre de la culture, dit-on. La culture de la lecture n’est pas développée au Burkina. Nous avons du chemin à faire. Et j’ai foi qu’ensemble, main dans la main, nous redonnerons à la littérature toutes ses lettres de noblesse. Mes auteurs préférés sont entre autres : Maître Pacéré Titinga Frédéric, Ansomwin Ignace Hien, Bernadette Dao, Amadou Hampâté Ba, et Fatou Diome.

Ta rencontre avec la littérature a-t-elle été par vocation ou un hasard de circonstance ?

Par vocation, sans hésiter !

Quels bons et mauvais souvenirs gardes-tu de ta carrière littéraire ?

Comme bons souvenirs, je retiens que mon premier prix littéraire m’a procuré une grande joie et m’a surtout encouragé à poursuivre ma lutte pour la cause littéraire. J’ai toujours rêvé de faire la littérature même si beaucoup m’ont dissuadé de suivre ce chemin. J’ai cru en mon rêve et j’ai transcendé les dires. J’ai acquis beaucoup de connaissances sur la littérature burkinabè et surtout j’ai fait de belles rencontres avec ses figures emblématiques. Comme mauvais souvenirs, je déplore les conditions dans lesquelles la littérature se trouve engloutie. Les acteurs de la littérature sont vulnérables malgré les grands efforts qu’ils fournissent au quotidien. Leurs mérites ne sont pas salués. Toutefois, restaurer la beauté de la littérature et la faire rayonner de mille feux, demeure mon combat.

Avec ce couronnement de Miss, penses-tu avoir réussi une carrière littéraire ?

Je suis fière de ce que j’ai actuellement. Cependant, je pense faire mieux pour être à la hauteur des attentes de mon cher pays le Burkina Faso et de tous ceux qui croient en moi.

Quelles expériences as-tu à partager avec les jeunes qui voudront être comme toi ?

La confiance en soi. Croyez en vous, croyez en Dieu, croyez en vos rêves et donnez-vous les moyens de les réaliser malgré les tempêtes. Les difficultés font partie intégrante de la vie mais à chaque chute, il faut savoir se relever et continuer la lutte. Tout homme a un talent qui lui est propre, mais notre pessimisme, notre manque d’audace et de confiance, nous empêchent de réveiller le champion qui dort en nous.

Quels enseignements tires-tu de ta participation au concours de Miss littérature ?

Être résiliente et audacieuse pour tenter toujours ma chance car on ne sait jamais où la vie nous sourira.

En dehors de la littérature qu’est ce tu affectionnes d’autres ?

Le théâtre et le cinéma

Quels reproches pour améliorer l’organisation du concours Miss littérature ?

Comme critiques constructives, j’estime qu’il faut plus de persévérance afin de braver les obstacles. Les organisateurs doivent restés forts et pleins d’espoir car « A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire » disait Pierre Corneille. Ils doivent chercher des sponsors, maximiser la communication et pour cela, la population et même la presse doivent y contribuer. La cause littéraire est une cause commune. Le travail que les organisateurs abattent, participe au rayonnement du pays. Ils méritent donc d’être félicités et soutenus.

Aujourd’hui, quels doivent être les thèmes de préoccupations des œuvres littéraires burkinabè et africaines ?

Les politiques de promotion du livre, la culture de la paix, le développement intellectuel, la valorisation de nos arts et cultures, la souveraineté sur le plan littéraire, économique et social.

Avec cette qualité de Miss littérature couronnée par des prix, quelle image souhaites-tu que l’on garde de toi ?

L’image d’une femme battante, engagée, déterminée, résiliente et surtout persévérante. Je souhaite être un repère pour la génération actuelle et celles à venir. Et voire, être une figure emblématique de la littérature burkinabè et même internationale.

Entretien réalisé par
Sita TARBAGDO
(Collaborateur)

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