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CEDEAO-G5 Sahel : Mobilisation générale contre le terrorisme

Publié le lundi 16 septembre 2019 à 12h00min

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CEDEAO-G5 Sahel : Mobilisation générale contre le  terrorisme

Le sommet de la CEDEAO et du G5 Sahel consacré aux « différentes initiatives pour prévenir et lutter contre le terrorisme et redéfinir les domaines d’intervention prioritaires pour endiguer l’expansion des attaques terroristes dans la région », a refermé ses portes à Ouagadougou, le 14 septembre 2019. Sous la présidence de Mahamadou Issoufou, président de la République du Niger, l’instance communautaire ouest-africaine entend « prévenir, détecter et réprimer le terrorisme en Afrique de l’ouest », à travers un plan de financement d’un milliard de dollars US entre 2020-2024.

Pour lutter contre le financement du terrorisme, les Etats membres ont décidé : « de renforcer leur politique nationale de lutte contre le financement du terrorisme et d’améliorer la conformité technique et l’efficacité des dispositifs nationaux de lutte contre le financement du terrorisme ». A cet effet, ils entendent assurer la coordination nationale et à améliorer la coopération internationale ; ceci, à travers le renforcement : « des prérogatives des Cellules de Renseignement Financier (CRF) en les impliquant dans la production et le partage de renseignements criminels utiles à la lutte contre le terrorisme ».

Pour les Etats membres, il est indéniable de renforcer la lutte contre la criminalité transfrontalière organisée : « en particulier le trafic de drogue, de tabac et de faux médicaments afin d’assécher les capacités de financement des groupes terroristes ». Cette dernière tache revient à la Commission qui doit organiser une réunion des responsables de la sécurité en vue de faire le point sur la mise en œuvre « du Plan d’action régional de la CEDEAO en matière de lutte contre le trafic illicite de stupéfiants, la criminalité organisée qui y est liée et l’abus de drogue ».

Les recommandations de la CEDEAO et du G5 Sahel

Parmi les causes à l’origine des crises sécuritaires au Sahel et dans le bassin du Lac Tchad figurent l’extrémisme violent ; les conflits intercommunautaires ; la transhumance et la pauvreté. Pour faire face, la CEDEAO et le G5 Sahel encouragent le dialogue intercommunautaire ; la communication apaisée ; le renforcement des mécanismes traditionnels de prévention et de résolution des conflits, etc.

Pour prévenir l’extrémisme violent dans l’espace communautaire, des mécanismes de résolution de conflits ont été énumérés, par les Etats membres de l’Instance CEDEAO. Il s’agit entre autres, de la promotion de la communication et du dialogue. En effet, les Etats membres s’engagent à promouvoir le dialogue intercommunautaire et la communication comme des outils de prévention des conflits et du terrorisme ; ceci, en facilitant la cohésion entre les communautés et en renforçant les mécanismes traditionnels de prévention et de résolution des conflits.

Ceci dit, de manière plus spécifique, les Etats membres doivent mettre en œuvre effectivement « le Protocole de la CEDEAO sur la Transhumance afin de promouvoir une transhumance apaisée, et le cas échéant, résoudre par le dialogue, les conflits entre agriculteurs et éleveurs ».Aussi, prévenir et lutter contre l’extrémisme violent et la radicalisation, dans l’espace communautaire.

A cet effet, les Etats membres ont exprimé vouloir « impliquer fortement les leaders religieux et communautaires, les femmes, les jeunes, les chercheurs et autres groupes concernés de la société civile dans l’élaboration et la mise en œuvre de programmes pertinents de réconciliation, de lutte contre l’analphabétisme et de promotion de l’éducation à la paix ».

En outre, des cadres pour une pratique religieuse emprunte de tolérance, de modération et de promotion de la culture de la paix doivent être encouragés, partout sur l’espace de l’instance. C’est ainsi qu’il a été convenu de « poursuivre la création des infrastructures socio-éducatives et à mettre en œuvre de programmes de développement, notamment dans les zones affectées par les attaques terroristes ». Pour répondre à ce fléau, la CEDEAO veut « créer des structures de formation professionnelle et financer des projets à impact rapide et des programmes d’activités créateurs d’emplois ».

« C’est la communauté internationale qui est à la base de la crise libyenne »

La mobilisation des ressources pour financer la lutte contre le terrorisme, soit un milliard de dollars US annoncée, à l’orée du sommet extraordinaire de la CEDEAO et du G5 Sahel, doit suivre un schéma défini par la commission de la CEDEAO. Ce montant, loin d’être l’apanage de la CEDEAO, reste également, une affaire de la communauté internationale pointée du doigt pour sa responsabilité « dans la crise libyenne, dont nous subissions les conséquences, aussi bien au Sahel qu’au bassin du lac Tchad », selon le président nigérien.

Dès l’entame de la conférence de presse, le président Nigeria a déclaré : « Nous avons décidé du contrôle des frontières ; du contrôle des armes et des produits sensibles ; la lutte contre la drogue ; du dialogue communautaire (…). Entre 2020-2024, un plan d’action et de mobilisation des ressources financières pour lutter contre le terrorisme ; d’ores et déjà, les chefs d’Etats de la CEDEAO ont décidé de contribuer à hauteur d’un milliard de dollars US (…) ».

Selon toujours ses propos, cette somme pourra permettre de : « renforcer les capacités des armées nationales ; des forces multinationales et de la MINUSMA. Nous voulons, qu’un mandat plus offensif soit confié à la MINUSMA pour lutter contre les terroriste (…) c’est quand même un effectif de 12.000 hommes ».

Alors qu’il abordait la question de la collecte d’un milliard de dollars US, Mahamadou Issoufou a déclaré : « Nous disons que la communauté internationale a des devoirs vis-à-vis du Sahel ; ce n’est pas rien. Et, si le conseil de sécurité nous écoutait, nous entendait, cela permettra de créer un rapport de force évident dans la lutte contre le terrorisme » ; Puis d’ajouter : « La communauté internationale ne doit pas détourner ses regards du Sahel ; parce pouvez-vous d’ailleurs, c’est la communauté internationale qui est à la base de la crise libyenne ; cette crise libyenne dont nous subissions les conséquences, aussi bien au Sahel qu’au bassin du lac Tchad (…) »

Pour le cas spécifique de la résolution de la crise libyenne, le président nigérien a précisé : « Nous avons demandé que soit en place un envoyé spécial conjoint Union africaine-ONU, l’Union africaine a fait preuve de son expertise au Soudan (…) Nous avons, à long terme que c’est le développement économique et social qui permettront de gagner la lutte contre le terrorisme, nous avons évoqué cela »

Ainsi, la conférence des chefs d’Etats de la CEDEAO instruira le président de la Commission à finaliser : « dans les meilleurs délais, le Plan d’actions prioritaires 2020 – 2024 pour éradiquer le terrorisme dans la région », selon le communiqué final.

Ce plan servira d’outil de mobilisation des ressources financières nécessaires. En plus du budget et ce plan et son calendrier d’exécution finalisés doivent être soumis à la conférence pour adoption, lors de sa prochaine session ordinaire prévue le 21 décembre 2019 à Abuja, République Fédérale du Nigéria. Lors de ladite conférence, il sera mis en place un Comité de suivi comprenant les Etats membres qui « rendra compte semestriellement de l’application des présentes décisions au Sommet des Chefs d’État et de Gouvernement ».

« Une riposte collective »

A la tribune du Sommet extraordinaire des chefs d’Etats et de gouvernement de la CEDEAO et du G5 Sahel, Nasser BOURITA, ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Maroc a préconisé la prise en compte d’une vision « coopérative et humaine », articulée autour d’une riposte collective contre les organisations terroristes , leurs alliés dans les bandes séparatistes et les hordes pratiquant la traite des humains ; le trafic d’armes et les narcotiques, en raison de l’imbrication de leurs intérêts respectifs, mais aussi, du triptyque indissociable : « sécurité, développement humain et formation »

Pour planter le décor de son intervention, Nasser BOURITA, ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Maroc « le décompte macabre n’est pas un exercice de style ; c’est le diagnostic placide de la réalité glaçante des dynamiques terroristes. Il doit nous interpeller sur sa progression alarmante, mais aussi sur ses causes profondes – qu’elles soient politiques, économiques, sociales ou, on doit le reconnaître aussi, environnementales. L’assèchement du Lac Tchad n’a-t-il pas fait le lit de groupes tels que Boko Haram ? Le changement climatique n’est-il pas un générateur de conflits et un excipient de violences »

Rappelant à l’assemblée que le Maroc a toujours été convaincu que : « la CEDEAO est l’espace le mieux adapté pour gérer une approche structurée et mutualisée de la problématique sécuritaire du Sahel » ; Nasser Bourita n’a pas tergiversé pour expliciter que l’approche marocaine de lutte contre le terrorisme repose sur une vision : « coopérative et humaine ».

Dans son explication, l’officiel marocain a explicité ainsi : « . Coopérative, car le Maroc a été pionnier dans la détection de la menace terroriste dans la région du Sahel et du Sahara, et pionnier dans son appel à « une riposte collective aux organisations terroristes, qui trouvent un allié dans les bandes séparatistes et les hordes pratiquant la traite des humains et le trafic d’armes et de narcotiques, en raison de l’imbrication de leurs intérêts respectifs ».

Dans la dimension humaine, Nasser Bourita mentionné qu’elle est articulée autour d’un triptyque indissociable : « sécurité, développement humain et formation ». Pour lui, la dimension sécuritaire, s’avère nécessaire, bien qu’insuffisante à elle seule. En guise d’exemple, il parle de : « l’expérience marocaine en matière renseignement et de contre-terrorisme », qui est selon ses propos : « reconnue et appréciée à l’échelle régionale et internationale ».

D’ailleurs insis-t-il : « Le Royaume n’a jamais hésité à la partager, avec les pays alliés, frères et amis. Le Maroc apportera son soutien à la mise en place du Collège de Défense du G5 Sahel à Nouakchott ». Dans la même logique explique Nasser Bourita : « Le développement humain, est la clé de la durabilité de l’action contre le terrorisme. Assécher le terreau du terrorisme, commence par assécher les affluents qui irriguent : précarité, chômage, déficit éducatif … Créer de la richesse, c’est appauvrir le terrorisme et le priver de ses arguments les plus accrocheurs ».

Sous l’angle de lutte contre l’extrémisme, le ministre déclare, entre autres : « La dimension formation est tout aussi fondamentale. Car, promouvoir un Islam authentique, tolérant et du juste milieu, c’est immuniser les esprits et les cœurs, à l’échelle d’une vie », avant de se réjouir : « Lorsque nous regardons autour de nous, nous voyons des success story éclatantes dans certains pays de la région, à telle enseigne qu’il n’est nul besoin de les citer ».

Toutefois, le marocain s’interroge avec regret en ce sens : « C’est à se demander si l’approche actuelle de prise en charge des défis sécuritaires au Sahel et en Afrique de l’Ouest, ne touche pas ses limites. Une remise en cause salutaire et une réflexion profonde sont nécessaires », avant de relever que : « Les approches partielles et les démarches sélectives ont prouvé leur inefficacité » d’où ses propos : « Un “shift” – une rupture – dans le traitement de la problématique de la lutte contre le terrorisme dans la région, s’impose. Car, une menace opportuniste et indifférente aux frontières nationales, ne peut être appréhendée par des mécanismes institutionnels figés, aussi sophistiqués soient-ils ».

Se rassurant, il a déclaré dans le même sens : « Pour être efficace, l’action contre le terrorisme doit être flexible, tournée vers l’objectif et libérée des pesanteurs. Elle doit être opérationnelle et pragmatique : c’est la nature de la menace qui identifie les alliés et partenaires, et non pas l’inverse. Elle doit avoir une pertinence géostratégique et non seulement géographique, pour opérationnaliser une solidarité agissante par des coalitions homogènes », dixit, Nasser Bourita..

Nasser Bourita a rassuré d’emblée à l’assemblée que le Maroc répondra : « présent à chaque fois que son soutien est utile, notamment en matière de formation des forces de sécurité, d’échange de renseignement, de formation des prédicateurs, afin de préserver les valeurs de tolérance authentique de l’Islam en Afrique ».

« Respect de l’intangibilité et de l’intégrité territoriales des Etats »

Le communiqué final n’a pas tergiversé sur les questions du respect des frontières héritées de la colonisation. En substance, la conférence réaffirme « le principe du respect de l’intangibilité et de l’intégrité territoriale des Etats, conformément aux fondements de l’Union africaine ». A cet effet, la conférence a lancé un appel à tous les Etats à « ne pas accepter que les terroristes utilisent leur territoire comme sanctuaire ou base de repli ». Elle engage tous les signataires de l’Accord d’Alger à se démarquer sans équivoque des groupes terroristes. La conférence apporte aussi son plein soutien à l’exercice de la souveraineté de la République du Mali sur l’ensemble de son territoire.

Les Etats martèlent que « la région de Kidal est partie intégrante du territoire malien ». La conférence exige donc le respect scrupuleux des symboles de l’Etat malien, le retour des démembrements de l’Etat, y compris les Forces armées reconstituées et de l’administration dans toute la région de Kidal. Elle encourage les initiatives nationales tendant à stabiliser la situation.

Sur la Libye, le sommet des chefs d’Etat a appelé le Conseil de sécurité des Nations unies, en relation avec l’Union africaine, à une résolution urgente de la crise libyenne, « véritable foyer d’alimentation du terrorisme dans le Sahel ». A cet effet, la CEDEAO a demandé la nomination d’un représentant conjoint de l’Union africaine et des Nations unies pour la Libye.

Edouard Kamboissoa Samboé
samboeedouard@gmail.com
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 18 septembre 2019 à 15:03, par @@gog En réponse à : CEDEAO-G5 Sahel : Mobilisation générale contre le terrorisme

    POURQUOI vous , pays membres du G5 Sahel ou G10 Sahel vous n’attaquez pas l’Algérie qui accueille et qui héberge les têtes pensantes du terrorisme ? Vous-même vous savez qu’avec une telle posture ,non seulement l’Algérie soutient les terroristes,mais en plus elle est un refuge sûr de ces malades mentaux appelés Djihadistes ;pourquoi ne pas l’interpellez ? Vous êtes tous des froussards .Vous tournez en rond sans aborder la vraie solution .

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