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Conférence parlementaire sur le dialogue interconfessionnel : Marrakech imprime la voie à suivre

Publié le lundi 26 juin 2023 à 11h04min

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Conférence parlementaire sur le dialogue interconfessionnel : Marrakech imprime la voie à suivre

Une Conférence parlementaire sur le « Dialogue interconfessionnel : collaborer pour notre avenir commun » s’est tenue du 13 au 15 juin 2023 à Marrakech, au Royaume du Maroc. Elle a été organisée par l’Union interparlementaire (UIP) et le Parlement du Royaume du Maroc, en coopération avec « Religions for Peace » et avec le soutien de l’Alliance des civilisations de l’Organisation des Nations Unies et de « La Rabita Mohammedia des Oulémas ». Cette conférence a eu au centre des débats, les questions de tolérance, d’inclusion, de coexistence et de cohésion sociale, éléments importants dans la promotion de la paix et de la compréhension par le dialogue interconfessionnel et interethnique, dans une dynamique de pluralisme culturel et d’acceptation de l’autre.

A Marrakech, la Conférence sur le « Dialogue interconfessionnel : collaborer pour notre avenir commun » a réuni des présidents de parlement (dont celui du Burkina Faso), des parlementaires, des chefs religieux, des représentants de la société civile et d’autres experts afin « d’engager un dialogue interconfessionnel, de partager des bonnes pratiques autour de questions clés faisant obstacle à une coexistence durable et d’explorer des points d’action pour construire des sociétés plus ouvertes, pacifiques et inclusives ». Les débats et les échanges ont abouti à l’élaboration d’une feuille de route pour des actions conjointes à venir.

Dans son message adressé aux participants à la Conférence parlementaire dont lecture a été donnée par le président de la Chambre des Représentants, Rachid Talbi El Alami, Sa Majesté le Roi Mohammed VI du Maroc, après avoir exprimé la joie de son pays d’abriter cette importante conférence, a souligné que « cette conférence est unique en son genre, tant par la nature de la thématique retenue que par la qualité des participants venus du monde entier pour débattre et échanger autour d’un sujet d’actualité qui revêt une importance particulière et dont tout le monde saisit la portée et les ramifications au regard de la conjoncture régionale et internationale connue de tous ».

Et Sa Majesté d’espérer que « les conclusions et les recommandations issues de cette conférence contribueront à renouveler les approches et les méthodologies adoptées pour répondre à l’exigence d’un dialogue interconfessionnel » à même de fertiliser des rapports d’entente, de paix et d’estime mutuelle entre les différentes confessions.

D’où son invite à « un dialogue sérieux, sincère, constructif et responsable » dans ce contexte « de défis majeurs où l’humanité est secouée par des crises fortement imbriquées, de nature sécuritaire, économique, politique, sanitaire et écologique ». C’est convaincu de cet appel du Roi marocain que la conférence s’est engagée dans une réflexion collective aux fins d’aboutir, en interne comme à l’international, « à l’élaboration d’un plan d’action à l’intention des parlementaires, des acteurs religieux, des élites intellectuelles, des gouvernements, de la société civile et de la presse ».

Ce qui est attendu des parlementaires

Dans le plan d’actions élaboré par la conférence de Marrakech, les participants encouragent tous les parlements à s’engager à :

- Veiller à ce que toutes les religions, convictions et organisations confessionnelles bénéficient d’un traitement équitable exempt de discrimination devant la loi.

- Associer des représentants de religions et de convictions, et des organisations confessionnelles aux côtés des représentants de la société civile en tenant compte de la diversité, aux efforts en cours visant à assurer la mise en œuvre de lois nationales, d’engagements internationaux ainsi que la promotion de la cohésion sociale.

- Nouer un dialogue avec les chefs religieux ou de convictions et les communautés pour contribuer à renforcer la solidarité et à relever efficacement les grands défis de notre époque, tels que la pauvreté et les inégalités, les changements climatiques, les conflits et les guerres, ainsi que l’addiction très répandue, la surconsommation et les technologies numériques, y compris les utilisations négatives de l’intelligence artificielle.

Quelques participants aux travaux de la conférence parlementaire (Ph. SNRTnews)

- Mettre sur pied des groupes ou des commissions parlementaires au niveau des parlements nationaux sur le dialogue interconfessionnel et interculturel pour la coexistence pacifique et l’inclusion sociale et favoriser la coopération entre ces groupes ou commissions.

- Promouvoir une plus grande coopération entre les représentants des religions et des convictions et les autorités nationales dans la lutte contre les crimes tels que la traite des êtres humains, la servitude domestique, la violence domestique et le travail forcé, et la protection des victimes de ces crimes.

- Élaborer des codes de conduite parlementaires au niveau mondial pour veiller au respect du droit à la liberté de religion et de conviction, et prévenir les discours de haine.

- Promouvoir, dès le plus jeune âge, les principes d’inclusion et de diversité, notamment le respect de l’autre et de toutes les religions et convictions, comme fondements de sociétés pacifiques et inclusives.

Le message du Roi aux participants a été lu par le Président de la chambre des représentants, Rachid Talbi El Alami (Ph. Médias24)

- Plaider en faveur d’une éducation et d’une sensibilisation du public axées sur la promotion du respect et de la compréhension entre les personnes et les communautés, quelle que soit leur religion ou leur conviction, et sur le respect de la dignité de chacun.

- Lutter contre les discours de haine ou de mépris à l’égard de personnes en raison de leur appartenance à une religion ou à une conviction, et s’attaquer vigoureusement aux traitements discriminatoires, y compris par des initiatives législatives.

Ce qui est attendu des autres acteurs

Dans ce plan d’actions, la conférence de Marrakech invite :

- l’UIP à répertorier les bonnes pratiques parlementaires visant à soutenir la diversité, la tolérance et le dialogue, en veillant au respect des droits de citoyenneté et de l’état de droit, et à proposer des conseils aux parlements. - les dirigeants des communautés religieuses et de conviction à promouvoir l’inclusion, les droits fondamentaux et l’égalité des sexes au sein de leurs communautés, conformément à la législation nationale et aux engagements internationaux.

- l’ONU à interagir avec d’autres organes internationaux et la société civile, aux fins d’étudier les possibilités de mise en œuvre des stratégies et des résolutions des Nations Unies en faveur du dialogue interconfessionnel et interculturel dans l’optique de pallier le déficit de mise en œuvre au niveau national.

- les gouvernements à veiller à ce que les jours fériés nationaux et autres actes officiels visant à commémorer des événements importants pour une religion ou une conviction reflètent la diversité des religions et des convictions de leur pays.

- l’UIP à mettre en place un mécanisme institutionnel au sein de qui s’appuiera sur les résultats de cette Conférence, afin d’examiner les bonnes pratiques, de suivre les progrès et de formuler des propositions dans ce domaine. Ce mécanisme devra poursuivre l’intégration de la position des parlementaires, des représentants des religions et des convictions et de la société civile.

- l’UIP à intégrer les résultats de cette Conférence de Marrakech dans son programme de travail régulier et à présenter ce document à sa 147e Assemblée en octobre 2023.

- tous les participants à faire en sorte que leurs communautés respectives s’imprègnent de l’esprit de solidarité et de dialogue qui a régné tout au long de ces trois jours de travaux à Marrakech.

Le Président de l’ALT du Burkina Faso, Son Excellence Ousmane-Bougouma

Pour mémoire, le Président de l’Assemblée législative de Transition (ALT) du Burkina Faso a pris une part active à cette conférence, en partageant l’expérience de son pays, riche en enseignements, en termes de tolérance et d’acceptation de la différence ainsi que de coexistence pacifique. En marge de la conférence, le Président de l’ALT du Burkina a eu une rencontre bilatérale avec les Présidents des deux chambres du parlement du Royaume du Maroc (Chambre des représentants et Chambre des conseillers).

Sita TARBAGDO

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Vos commentaires

  • Le 30 juin 2023 à 10:32, par Mechtilde Guirma En réponse à : Conférence parlementaire sur le dialogue interconfessionnel : Marrakech imprime la voie à suivre

    Kililililililililili ! Vive le roi du Maroc. Que Dieu lui donne longue vie. Lui et sa famille, qu’Il bénisse son royaume, son Peuple tout entier. Depuis l’Antiquité le royaume du Maroc fut un pays de jonction entre l’Afrique Noire et le Maghreb. Son dialogue inter-religieux et culturel ne date pas d’aujourd’hui. Pays donc où toutes les religions se côtoient en bonne intelligence ou si on veut en fraternité.

    D’ailleurs son grand voisin, l’Algérie n’a-t-il pas abrité la Congrégation des pères blancs dès le début de la colonisation en Afrique ? Mais attention entendons-nous bien et rapidement rappelé : Cette Congrégation a été fondée par le Cardinal Lavigerie au 18ème-19ème siècle parce que l’Église qui était au Congo, a connu un déviationnisme tel que celui de Pizarro au Pérou. Tout le monde connaît bien l’histoire d’Atawalpa au Pérou ou mieux en Afrique celle de Béatrice Kimpa-Vita au Congo dite la Jeanne d’Arc noire que signale le professeur Ibrahima-Baba Kaké dans ses émissions : « Histoire d’un Continent ». Toutes les deux ont été brûlées vives après qu’elles aient eu sauvé leur roi respectif et les aient replacés sur leur trône. Car en effet c’est ainsi que ces derniers en signe de « reconnaissance ? » les ont livrées à l’ennemi qui les ont fait brûler vives. Mais ceux de la « Maison Carrée de l’Algérie » ont prospéré, d’autant plus que le voisin immédiat de l’Ouest, j’ai nommé le Maroc, disposait déjà cette diversité confessionnelle (Juifs, chrétiens, musulmans). Ce qui leur a donné les coudées franches pour pousser en profondeur dans l’Afrique de l’Ouest où leur Mission fut également fructueuse. Fructueuse oui parce que eux, ils ont commencé d’abord par s’imprégner de la mentalité des peuples et esquisser déjà des lignes de leur histoire et de leur culture en apprenant également leurs propres langues parlées. Ils ont remarqué aussi les liens qui les liaient avec le Maghreb. Ma mère m’a dit que le cheval « pur-sang » que les Mossé appelle « Karfo » était très prisé par les Arabes et notre aîné Mgr. Guirma m’a dit que le Roi du Maroc s’en approvisionnait au Yatenga qui en faisait l’élévage. C’était un cheval de Luxe à tel point que dans les discussions sérieuses pour affirmer la véracité des propos on aimait jurer au nom de l’Arabe et du « pur-sang » : « Né laraba-la-karfo ». Soit dit en passant, qu’en passant par le Maghreb pour évangéliser notre pays, j’ai signalé que les pères blancs ont étudié nos traditions. Ils ont dû remarquer des valeurs similaires entre nos pays et le Maghreb (d’ailleurs pour ce qui concerne les Mossé, Joseph Ki-Zerbo parle de protos-Mossé qui auraient pu être sans doute des Berbères). Du point de vue de la religion, il y avait la source fortement abrahamique dans les religions traditionnelles mêmes. Ajouté à l’étude de Léo Frobenius, l’organisation des cours royales chez les Mossé et celle du Maghreb il y avait une similarité et qui se voulait être la copie de l’organisation du royaume des Cieux. Pas donc étonnant que l’inculturation et dialogue inte-rreligieux furent initiés par les pères blancs et promus par le cardinal Paul Zoungrana.

    Soit dit en passant que dans l’organisation sociale de la cours royale des Mossé, le Cardinal Zoungrana appartient au groupe des pages dont la tête est tenue par un des quatre Ministres : Le Baloum-Naba. Si l’on en croit à Léo Frobenius, ce groupe correspond à celui des Archanges dirigé par l’archange Saint Michel. Et ma mère m’a dit que ce que les gens ne savent, c’est que les pages forment une grande noblesse dans la cours des rois Mossé, spécialement attaché au côté de la Reine. C’est pourquoi ce groupe a le Statut de la Reine. Son rôle est très important donc auprès du roi. Or on sait qu’après le roi la personnalité immédiatement éminente, c’est la reine-mère et la reine. Doit-on donc s’étonner que ce fût la maison du Baloum et le pays Lobi-Dagari (ethnie-mère des Mossé), qui ont donné les premiers prêtres à l’Église de notre pays !

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