LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Avec de la persévérance et de l’endurance, nous pouvons obtenir tout ce que nous voulons.” Mike Tyson

Liberté de la presse au Burkina : « C’est se bercer d’illusions que de s’en prendre aux journalistes pour espérer gagner contre le terrorisme », affirme Inoussa Ouédraogo

Publié le mercredi 3 mai 2023 à 23h23min

PARTAGER :                          
Liberté de la presse au Burkina : « C’est se bercer d’illusions que de s’en prendre aux journalistes pour espérer gagner contre le terrorisme », affirme Inoussa Ouédraogo

« S’en prendre aux journalistes pour espérer gagner la guerre contre le terrorisme, c’est se bercer d’illusions comme qui casserait le thermomètre en pensant baisser la fièvre ». C’est en partie, ce qu’a indiqué Inoussa Ouédraogo, président du comité de pilotage du Centre de presse Norbert Zongo (CNP/NZ), à l’occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse. La traditionnelle déclaration du CNP/NZ s’est faite ce mercredi 3 mai 2023, dans un contexte où la vie de journalistes est de plus en plus menacée au Burkina Faso.

Tout comme le thermomètre qui jauge la température du corps humain, le journaliste est l’instrument qui révèle à l’opinion publique l’état réel de la situation d’un pays. Ainsi, autant casser le thermomètre ne baissera nullement la fièvre, autant pense Inoussa Ouédraogo, président du comité de pilotage du CNP/NZ, que s’en prendre aux journalistes ne saurait guère être une solution contre le terrorisme.

« Ne nous voilons pas la face, le musellement de la presse ne crée pas la sécurité, il génère tout au plus le sentiment de sécurité, exactement à l’image de l’autruche qui se croirait en sécurité par le simple fait de se vautrer la tête dans un tas de sable », a-t-il souligné.

« Nous espérons qu’à la faveur des 25 ans de ce crime crapuleux, les autorités judicaires du Burkina Faso pourront enfin nous dire si le dossier Norbert Zongo pourra être enfin jugé », Inoussa Ouédraogo, président du comité de pilotage du CNP/NZ.

La répression loin d’être une solution

Pour M. Ouédraogo, les autorités et leurs soutiens inconditionnels doivent se rendre à l’évidence que la répression de la presse n’a jamais été une solution. Pour étayer ses propos, il rappelle cette assertion du philosophe et journaliste Albert Camus : « La presse quand elle est libre, elle peut être bonne ou mauvaise mais quand elle ne l’est pas, assurément elle ne peut être que mauvaise ».

« Merci à feu Norbert Zongo, directeur de publication de l’Indépendant, assassiné le 13 décembre 1998 parce que ses bourreaux croyaient fermement que c’était lui le problème de notre pays et qu’il fallait le faire taire à jamais pour que tout baigne au pays de “si tu fais, on te fait et il n’y a rien’’ », a mentionné Inoussa Ouédraogo.

L’ensemble des participants ont eu une pensée pieuse pour tous les journalistes ayant perdu la vie dans l’exercice de leur profession.

« Se garder de fabriquer une mauvaise presse »

Mais ils ont eu tort, énonce-t-il, avant de poursuivre. Car, comme une graine que l’on sème, qui germe et qui grandit, comme une termitière vivante, qui ajoute chaque jour de la terre à la terre, le journalisme a grandi au Burkina Faso. « Le professionnalisme a gagné du terrain, des hommes et des femmes refusent toujours de courber l’échine, continuent de battre le macadam pour que le sang versé de Norbert Zongo et ses compagnons agisse comme cette eau de pluie qui fait germer la plante de la liberté et qui nous impose de garder la flamme allumée », a-t-il fait savoir.

« Je ne perds pas espoir que le dossier Norbert Zongo connaîtra un dénouement avec ou sans François Compaoré », Jean Claude Méda, membre fondateur du CNP/NZ, il racontait l’histoire de l’institution (à droite).

Le président du comité de pilotage du CNP/NZ exhorte de ce fait, à se garder de fabriquer une mauvaise presse pour le Burkina Faso.

Aussi, plusieurs prix et évènements ont été annoncés à l’instar du Festival international de la liberté d’expression et de la presse (FILEP).

Pour rappel, ce mercredi 3 mai 2023 marque les 30 ans de la proclamation de la journée internationale de la liberté de la presse. En effet, c’est en 1993, que le 3 mai a été consacrée par l’Assemblée générale des nations unies comme une journée au cours de laquelle devrait être célébrés les journalistes, eu égard à la contribution inestimable des médias au développement de l’humanité aux plans politique, socio-économique et culturel. Mais aussi en vue de protéger les travailleurs des médias.

« Il est urgent de réaffirmer les obligations qui incombent aux États de soutenir la liberté de presse moyen efficace de lutte contre la désinformation », Abdou Ramane Bakayoko, représentant du Haut-commissaire des nations unies aux droits de l’homme.

Au Burkina Faso, le Centre national de presse Norbert Zongo célèbre cette journée depuis le 3 mai 1998, date de sa création, soit depuis 25 ans. Ce jour marque ainsi le 25e anniversaire de du CNP/NZ, cadre fédérateur des professionnels des médias au Burkina Faso.

Parmi beaucoup d’autres initiatives, le Centre national de presse Norbert Zongo a fortement contribué à l’avènement de la Cellule Norbert Zongo du journalisme d’investigation en Afrique de l’Ouest, CENOZO, qui abat un colossal travail en matière d’investigation journalistique avec des normes de qualité internationalement reconnues.

Plusieurs personnalités des pays de l’Occident ont pris part à la 25e journée de célébration de liberté de la presse au Burkina Faso

Le Centre national de presse Norbert Zongo c’est aussi la promotion de l’excellence en matière de pratique journalistique à travers notamment le Prix africain du journalisme d’investigation Norbert Zongo (PAJI-NZ) ouverts à toute l’Afrique.

Le Centre de presse Norbert Zongo c’est également la promotion du journalisme féminin avec l’institution du Prix de la meilleure femme journaliste rebaptisé depuis deux ans, Prix Marie Soleil Frère de la meilleure journaliste.

Lire aussi : Liberté de la presse au Burkina : « Les journalistes n’ont pas de parti pris mais prennent des positions », réaffirme Boukari Ouoba

Hamed NANEMA
Lefaso.net

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 3 mai 2023 à 21:33, par Passakzri En réponse à : Liberté de la presse au Burkina : « C’est se bercer d’illusions que de s’en prendre aux journalistes pour espérer gagner contre le terrorisme », affirme Inoussa Ouédraogo

    out ce que je peux dire c’est un grand merci à tous ces journalistes qui font de leur travail un sacerdoce. Merci aussi à lefaso.net d’avoir ce courage de publier nos commentaires qui ne sont pas sensés caresser quoi que ce soit dans le sens du poil, mais de redresser ce que nous estimons avoir une nécéssité de redressage.

    Passakziri

  • Le 4 mai 2023 à 01:47, par WALY En réponse à : Liberté de la presse au Burkina : « C’est se bercer d’illusions que de s’en prendre aux journalistes pour espérer gagner contre le terrorisme », affirme Inoussa Ouédraogo

    Y a-t-il de nouvelles lois qui réduisent la liberté d’expression ou de presse ? Soyons réalistes, si IB lève le petit doigt pour prendre parti pour certains journalistes qui donnent leur opinion contre les énergumènes qui leur cherche noise, il sciera la branche sur laquelle il est assis. Aucune autorité ne peut s’immiscer dans cette lutte sans y perdre des plumes. Les journalistes ont le droit de dire leurs opinions mais leurs contempteurs ont le droit eux aussi d’avoir une opinion contraire ! En quoi cela est il une menace à la liberté d’expression ? Ceux qui menacent 22 journalistes sont des hors la loi qui doivent être traduits en justice. Si ce sont ces adultes responsables en quoi la responsabilité de IB est engagée ? Quand à l’amalgame que certains font en y incluant la suspension des médias français, c’est maladroit et mesquin, la cour européenne a reconnu aux états le droit d’interdire RT et SPUTNIK pour protéger ces pays de la propagande Russe. RFI et FRANCR 24 sont accusés pour apologie du terrorisme et autres actions contre le Burkina Faso. Ce qui est légal désormais en Europe l’est au Burkina.

  • Le 4 mai 2023 à 12:14, par Sabadokan En réponse à : Liberté de la presse au Burkina : « C’est se bercer d’illusions que de s’en prendre aux journalistes pour espérer gagner contre le terrorisme », affirme Inoussa Ouédraogo

    Liberté de la presse oui, mais en temps, on modère. On a vu des journalistes tenir des propos qui étaient hors du cadre du droit à l’information. Des propos et prises de position qui étaient plus politiques que destinés à éclairer la population. Ce sont ces attitudes qui n’ont pas été appréciées et dont les auteurs ont été pris à partie.

  • Le 4 mai 2023 à 14:46, par Jeunedame seret En réponse à : Liberté de la presse au Burkina : « C’est se bercer d’illusions que de s’en prendre aux journalistes pour espérer gagner contre le terrorisme », affirme Inoussa Ouédraogo

    Liberté de la presse, oui. Mais libertinage de quelques journalistes en situation délicate, non. Nous n’avons rien vu contre la presse. C’est elle qui se reproche quelque chose ou n’a pas confiance en elle-même. Est-ce qu’un journaliste est neutre ? Alors, il doit accepter les appréciations et réactions ou condamnations des lecteurs. Ce sont les risques du métier. « Tout comme le thermomètre qui jauge la température du corps humain, le journaliste est l’instrument qui révèle à l’opinion publique l’état réel de la situation d’un pays. » Pourquoi vous croire comme un dispositif médical en verre ? Le thermomètre est un appareil ; le journaliste est un être humain avec toutes les tentations et déviations et pressions. Le thermomètre a des unités de mesure et est utilisé dans les parties rectale, auxiliaire et buccale avec des données beaucoup plus fiables ; le journaliste a des émotions, des intentions et des petitesses à la portée du temps et de tout. Le thermomètre est utilisé pour prévenir une fièvre ; mais le journaliste est utilisable pour en créer deux ou en empirer le vécu. Nous sommes contents d’avoir les journalistes pour nous informer ; pas de robots électroniques pour nous afficher des mots ; nous respectons vos idées et commentaires ; et c’est dans ce respect à vos travaux que les évaluations et corrections sont nécessaires. N’en faites pas un scandale ; mais plutôt une fierté d’être lus et corrigés en temps opportun. C’est l’éthique du métier. Faites preuve de maturité et de collaboration.

  • Le 4 mai 2023 à 19:46, par Renault HÉLIE En réponse à : Liberté de la presse au Burkina : « C’est se bercer d’illusions que de s’en prendre aux journalistes pour espérer gagner contre le terrorisme », affirme Inoussa Ouédraogo

    Vive la liberté de la Presse, car c’est elle qui sauvera le BF, et pas un petit officier qui abuse de sa Kalach. Et les Burkinabè mérite un vrai droit à l’information...

  • Le 8 mai 2023 à 20:02, par Dibi En réponse à : Liberté de la presse au Burkina : « C’est se bercer d’illusions que de s’en prendre aux journalistes pour espérer gagner contre le terrorisme », affirme Inoussa Ouédraogo

    Liberté de la Presse ?
    Oui à la liberté tout court comme donnée ontologique propre à l’être humain producteur et protecteur de son existence en société, hors de quoi la liberté n’a pas de sens ; ou alors se transformerait en la liberté du renard dans le poulailler !
    La Presse ou les Merdias, (excusez le néologisme) sont des entreprises productrices de marchandises (idées, opinions, informations) qui se vendent sur le marché ; un marché libre de vente et de consommation ; mais qui n’est pas sans règles de droit propre à imposer le respect de plusieurs exigences et obligations : la qualité, la non toxicité du produit, la vérité, le respect de l’ordre, de la paix sociale et de la dignité des personnes. Ici de notre peuple !
    Sans le respect de ce minimum, les merdias, ces entreprises privées deviennent des armes de destructions massives et de manipulation aux mains de l’Occident impérialiste et des pourritures la bourgeoisie néocolonialiste compradore kleptocratique qui, en permanence, mène une guerre de classe contre nos masses, nos peuples et les courants révolutionnaires qui se battent à leur coté, pour leur souveraineté et leur émancipation !
    Oui à la libre entreprise de presse dans des cadres définis et à respecter ! Mais Non au n’importe quoi irresponsable et élément proxi, dans cette guerre de notre 2ième décolonisation que mènent nos peuples contre des dominations multiples : impérialisme occidental, sous-impérialisme culturel, islamiste cannibale, arabo-oriental, comprodorat local ethnocentré et féodal-obscurantiste !
    Toutes choses que nos journaleux débilités réactionnaires n’ont pas l’air de comprendre au plan des enjeux et des acteurs de cette confrontation qui nous menace de nouvelles dominations violentes barbares et anti-sociales ! Nos journaleux et nos journalistes doivent le savoir et on l’espère pour eux ! Tout néolibéralisme, même de Presse ou des Droits formels de l’Homme au bazooka, sera combattu ! Parce que le néolibéralisme est mortel aux Nations et aux valeurs sociales historiques établies dans nos sociétés ! Le nihilisme sociétal individualiste qu’il porte n’est pas de chez nous ! Et c’est même une chance pour eux, que le nihilisme qu’ils diffusent et vendent chez nous, n’est compris que par une minorité sociale, abonnée à une langue étrangère d’ordre sociale de domination !
    Ailleurs les journaleux et journalistes demandent la protection de l’Etat face à des barbus égorgeurs méchants ; mais par une curieuse inversion, au Burkina-Faso, les agents internes et externes des Merdias accusent, sans preuves fondées, l’Etat d’exactions et de menaces sur leur liberté à travailler hors de tout cadre-limite, dans un contexte de guerre au djihadisme criminel cannibale qui tue, viole, détruit les villages et jettent les populations dans la déchéance de l’exil interne et la misère de l’aide humanitaire ! Une situation qu’aucun Etat sérieux ne peut tolérer et gérer par des considérations ou scrupules de subjectivités corporatistes revendiquées par des journaleux indifférents au contexte national ! Ce qui en soit est une faute lourde !
    Le travail dans des merdias locaux ou internationaux, ne doit pas nous faire oublier que le journaliste est avant tout un prolétaire qui s’ignore ; et même un précaire que mobilise, contre sa propre classe sociale, le grand capital d’extraction privée néocoloniale ou de prédation impérialiste oligarchique occidental. En ce sens, il ne faut jamais être dupe de ce système marchand producteur de mythologies fétiches, d’illusions et de mensonges au service de structures oligarchiques nihilistes, engagées contre la défense des droits des peuples et de leur souveraineté populaire ! Consciemment ou non, concrètement ou non !
    Que viennent faire ici, ces Albinos stabilisés d’Occidentaux dans cette célébration ? Ont-ils levé le petit doigt pour défendre la liberté de presse et d’expression de RT et Spoutnik face à l’OTAN ? Ont-ils appelé à défendre Julian Assange ? Que pensent-ils de l’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’OTAN ? Qu’ont-ils dit quand les Saoudiens ont égorgé et démembré Jamal Khashoggi à Istanbul ?
    On est encore très accueillant chez nous ; car ils n’oseraient même pas leur présence, dans de pareilles célébrations, en Iran, en Inde, ou en Corée du Nord qui sont des pays non-couchés devant l’arrogance coloniale franco-occidentale ; cette arrogance qui ne s’interdit rien en Afrique, devant des Nègres couchées et devenus insensibles aux viols que l’Occident fait subir à leur Imaginaire et à leur Histoire depuis des siècles !
    Plus que jamais, il faut le savoir : les nouveaux paradigmes de reprise en mains de la Négraille par la Macronie se précisent ! 3000 jeunes Français sont invités à inonder et à s’investir dans le pré carré françafricain, dans les ONG, et institutions diverses, de manière à prêter main forte aux différents compradorats néocolonialistes locaux et aux diverses entités de la domination-extraction-prédation impérialiste !
    Là réside la force de cet Occident impérialiste violateur prédateur : la croyance en ses propres mythes (Aides, Démocratie, Droits de l’Homme, Liberté de Presse) qu’il vend à la naïveté des autres ; et plus particulièrement à celle du Nègre. Un désarmé idéologique, stipendié jusqu’à l’acceptation de son propre asservissement historique par des mythologies occidentales !
    Après les Troupes de Légionnaires barbouzeux priés de dégager, les Jeunes fascistes d’extrême-droite et le tout-venant de débiles politiques blancs arrivent !
    De France d’Allemagne, de Suède, … des Pays-Bas à la Grande Bretagne, tous encouragent leurs jeunesses à s’engager en Afrique, pour une nouvelle ruée civilisationnelle, partenariale et entrepreneuriale néolibérale, afin de se mettre en lien avec les nouveaux affairistes Africains et Africaines aux dents longues. Car, face aux pénétrations Russe et Chinoise, l’Occident capitaliste otanesque Anti-Russe et Anti-Chinoise nous prépare de nouveaux plans de viol et d’extractivisme sauvage et meurtrier du continent !
    Le paquetage est neuf et brillant pour un néo-approfondissement du néocolonialisme ! Et les éléments proxis promettent d’être nombreux !
    Ce n’est donc pas de sitôt que nous nous débarrasseront des bases militaires étrangères, du Franc CFA, des Merdias Mainstream (BBC, VOA, Le Monde, Times, Der Spiegel, Libération, France 24, TV5-Monde, RFI…, Le Reporter, Radio Oméga, et autres Presses en ligne) et de nouvelles cultures nihilistes, néo-féministes et LGBTQ+ !
    L’Occident se nourrit toujours de ses Néo-colonies et de ses guerres-Otanesques ou proxies dont lui seul a le secret ; pour les déclencher et les conduire ! Par son intelligence stratégique, face à des Nègres qui refusent de comprendre, par Intérêts et par Aveuglement de classes réactionnaires !
    Na an lara, an sara !

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Massaka SAS se lance à la conquête du monde
Burkina/médias : BBC et VOA suspendus pour deux semaines