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Faits divers : Un chômeur fait son "Wack" tout nu

Publié le jeudi 22 septembre 2005 à 07h02min

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Tourmenté par le chômage, Malick prend son courage à deux mains et joue au fou. Il se lave à 12 h 45 mn sur un carrefour à Zogona, au cœur de Ouagadougou.

Malick est jeune déscolarisé et chômeur d’une trentaine d’année. Depuis cinq ans, il ne sait où donner la tête. Les concours, il en passe ; les « deals » (entendez par là affaires) il en fait, le commerce, il en a tenté. Mais de toutes ces activités, rien ne réussit.

Après plusieurs lunes de réflexion et après avoir demandé conseil à tous ses amis et connaissances, en vain, Malick se décide d’aller consulter un voyant. Le voyant consulte longuement ses cauris, les tourne et les retourne sans trouver la moindre solution au problème de Malick.

A toutes les questions du voyant Malick donnait des réponses qui compliquaient davantage la situation. Le voyant décida de se débarrasser de son client devenu encombrant, son problème était un vrai casse-tête chinois. Il lui proposa de revenir le vendredi suivant c’est-à-dire deux jours plus tard. Malick poussa un grand soupir de désespoir et se lamenta : « encore deux jours, non monsieur, voyez ce que vous pouvez faire pour moi, car vous êtes mon dernier et seul recours ».

Le voyant opta de lui proposer quelque chose d’impossible pour avoir la paix. Il dit alors : « j’ai un produit pour toi si tu arrives à l’appliquer correctement les portes du bonheur te seront ouvertes d’ici une semaine ». Malick sourit enfin et dit : « enfin je serai sauvé ». Son hôte le demanda s’il pourrait. « Ne vous en faites pas, rétorqua Malick, quelles qu’en soient les difficultés et les conditions, je pourrai ».

Le voyant lui tendit une poudre noire en disant : « Prends ce produit, mets le dans une calebasse neuve et remplis la calebasse avec de l’eau de puits et va te laver sur le grand carrefour qui est à l’Est de votre concession, à une heure où la circulation y serait dense pourras-tu le faire ? » insista le voyant. « Oui je vous le prouverai dès demain » répondit Malick.

Le lendemain, c’était le 14 juillet 2005 à 12h 45 mn, l’heure où après une demi-journée de travail, les cyclistes, les motocyclistes et les automobilistes se bousculent pour rentrer chez eux ; Malick se présente au croisement de l’avenue du président Babangida à la rue 13/18 avec sa calebasse neuve contenant sa potion magique (eau de puits et produit noir). Il était en slip.

Il posa sa calebasse au milieu du carrefour, enleva son slip et se mit à se laver ; tout le monde le contournait, certains l’insultaient et d’autres louaient son courage et sa perspicacité. En tout cas il faut être Malick pour oser cela.

Alors comme un passager ce jour-là, nous aussi disons à Malick « Maximum de respect ». Avec une telle détermination de gagner sa vie Malick serait prêt à tout. Si le voyant lui avait conseiller d’amener une tête humaine Malick deviendrait un coupeur de têtes et tout le monde aurait crié au scandale ; c’est dire que le chômage et la pauvreté sont les causes de beaucoup de maux qui minent notre société. Voltaire ne disait-il pas : « le travail nous éloigne de trois grands maux, l’ennui, le vice et le besoin ».

Déscolarisés et désœuvrés ces jeunes battent des pieds et des mains, mais se noient toujours dans cet Océan de la cherté de la vie. La démographie galope dans notre pays et le chômage aussi. Donc aucun moyen ne doit être ménager pour juguler ces deux phénomènes. La terre est un pourvoyeur d’emplois.

Mais l’Etat devra valoriser la profession de cultivateur et inviter les jeunes à retourner à la terre. Jardinier, cultivateur, planteur, fleuriste, pépineriste sont des professions liées à la terre qui nourrissent bien leurs hommes. Mieux ils sont pourvoyeurs de revenus substantiels. Ceux qui ont opté pour ces métiers n’envient pas, un fonctionnaire moyen burkinabé. Mieux ils sont plus libres dans leurs actions et sont plus à l’aise.

Il faudra que l’Etat associe à la décentralisation en cours une politique de retour à la terre. Cela nécessitera la création de plusieurs points d’eaux et un réseau de distribution des produits sur le plan intérieur, et vers les autres pays. Dans cette politique, l’accent devrait être mis sur les cultures vivrières et sur la conservation des produits périssables à court terme. Les produits vivriers, même s’ils ne rapportent pas beaucoup d’argent permettront à leurs producteurs d’avoir leurs trois repas quotidiens.

La sécheresse est le principal handicap de cette activité, mais une campagne de reboisement massif et d’entretien rigoureux des arbres peut reverdir le Faso et stopper le désert. Il faut que les trois luttes : lutte contre la coupe abusive du bois, la divagation des animaux et les feux de brousse soient réactualisées et perfectionnées aux regards des échecs du passé. Ce retour des jeunes à la terre pourrait être associé à l’élevage. Ces deux activités s’enrichissent et se complètent.

Pour que les jeunes acceptent de bon cœur embrasser ces métiers, il leur faut avoir une nouvelle mentalité. Ils n’acquerront cette mentalité que par une réforme totale du système éducatif actuel ; dans les familles, il faut que le cultivateur soit présent comme la personne sans laquelle personne ne mange, et donc ne vit. Dès le bas âge l’enfant doit avoir à l’esprit que c’est le cultivateur qui fait vivre tous les hommes dans tous les cieux. Il ne faut plus que le cultivateur soit présent comme le paysan illettré sans hygiène et ignorant à tout point de vue.

Dans les écoles, l’agriculture doit être une discipline obligatoire sous une forme théorique et pratique. Le domaine scolaire même dans les villes doit comporter un champ collectif suffisamment grand pour l’expérimentation de toutes les classes. Au niveau du secondaire des collèges spécialisés dans l’agropastoral doivent être créés dans toutes les provinces. Les sortants de ces écoles et tout jeune scolarisé doivent pouvoir s’installer dans les zones aménagées. Ces zones aménagées doivent exister dans tous les départements.

L’école bilingue avec son programme de travail manuel répond mieux aux conditions de notre pays dont l’économie est dominée par l’agriculture et par l’élevage, de plus il permet de juguler en un temps record l’analphabétisme dans nos campagnes.

Par Job Lavoisier
L’Opinion

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Vos commentaires

  • Le 22 septembre 2005 à 11:40, par Mahamadou DIARRA En réponse à : > Une autre façon de voir les choses

    Je voulais, à travers cette note, contribuer à la reflexion que vous menez à propos du chômage et de la valorisation de l’agriculture. Tout en passant sous silence le fait divers qui vous a conduit à faire ces suggestions pour juguler le chômage et valoriser le secteur agricole, je voulais tout simplement completer votre analyse.
    Si on s’accorde sur le fait que nos jeunes doivent changer leur vision à l’égard de l’agriculteur en afrique et au Burkina en particulier, mentalité qui présente ce dernier " comme le paysan illettré sans hygiène et ignorant à tout point de vue", il faudrait également et certainement évoquer le problème crucial de ce secteur : le problème de modernisation et de financement de l’agriculture en Afrique. Le crédit est, en effet, un élément essentiel lorsqu’on veut passer d’une agriculture archaïque , très souvent extensive, à une agriculture de marché nécessitant le passage à des méthodes de production intensives.Ainsi , en Europe et tout pariculièrement en France, le dynamisme de l’agriculture a été entretenu par un système de financement comprenant au sommet les caisses centrales privées ,au centre les caisses locales de crédit et à la base les Organismes mutualistes. En Afrique, après une tentative serieuse de financement au lendemain des indépendances, le secteur agricole est aujourdhui abandonné dans ce contexte de libéralisation sauvage où le système bancaire de marché doit assurer le financemet de l’économie dans son ensemble. Le problème ici c’est que le banquier classique ne financera un projet que si celui-ci est renable ou si l’emprunteur est capable de trouver un bien immobilier pour la garantie de son crédit. Dans ses conditions on ne doit pas être étonné de constater que se secteur qui occupe près de 90% de la population soit exclu de l’économie moderne dans la mesure où en Afrique la terre ne peut servir de garantie parce qu’elle ne peut faire l’objet d’aucune transaction commerciale : au Burkina par exemple le sol appartient à la collectivité à charge pour celle-ci de le transmettre intact aux descendants comme il a été reçu des ancêtres (même si les textes disent le contraire). Le régime de l’immatriculation des biens immobiliers est donc inapplicable et le cultivateur ne pouvant offrir l’hypothèque qu’on lui reclame en garantie de son prêt se voit écarté du bénéfice du crédit agricole. Le système bancaire ne finance donc que des activités de spéculation(notamant le commerce qui engloutit près de 40% du crédit octroyé) au détriment des secteurs productif. Comment voulez-vous échanger et survivre dans ce contexte de mondialisation si vous ne produisez pas ? Il est donc impératif que l’Etat clarifie et applique le droit foncier pour faciliter la présentation de garanties hypothècaires et mettre en place un système de financement agricole qui va au delà du reseau de caisses populaires et de la Banque Agricole et Commerciale déjà existants.

  • Le 22 septembre 2005 à 17:32, par Richard Simbiri En réponse à : > Faits divers : Un chômeur fait son "Wack" tout nu

    Je suis de votre avis sur toute la ligne. aussi je voudrais pousser l’analyse plus loin en demandant aux banques et autres etablissements financiers, de considerer les secteurs de l’agriculture et de l’elevage comme des activites nobles au meme titre que le commerce, l’artisanat....Il faut encourager les jeunes à aller vers la terre, car comme on le dit souvent, la terre ennoblit l’homme qui sait comment lui confier ses peines. Peut etre Malick est fils de paysan. Convaincu que la terre est le dernier recours, il est pret à tout pour trouver un travail à la hauteur de "son diplome". Seulement il oublie une chose : ce sont les riches qu’il envie, qui retournent acheter la terre de ses parents. S’il tarde à se decider pour retourner à la terre, plus tard il se rendra compte que celle-ci a ete vendue et lui, il ne sera qu’un simple manoeuvre sur la terre de ses ancetres. Je connais des jeunes qui vivent dignement du travail de la terre. Pour un bac ou un BEPC, certains se prennent pour des chomeurs. Ces diplomes sont-ils des diplomes professionnels ? Celui qui refuse la terre aujourd’hui, la cherchera demain, un demain tres proche. Quand les riches auront fini de borner les terres fertiles de nos parents et de fixer leur grillage electrique. Ce sera en ce moment que de jeunes qui ont preferé quitté leur village pour des travaux, à la limite semblables à de l’esclavage dans les grandes villes, vont comprendre que seule la terre ne ment pas. Mais..........il sera tard.....trop tard.

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