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Covid-19 dans l’UEMOA : L’absence de plan de sortie pourrait multiplier le taux de mortalité des entreprises, selon Bloomfield intelligence

Publié le mardi 5 mai 2020 à 22h05min

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Covid-19 dans l’UEMOA : L’absence de plan de sortie pourrait multiplier le taux de mortalité des entreprises, selon Bloomfield intelligence

Les mesures prises par les gouvernements pour stopper la propagation du coronavirus, notamment la distanciation sociale, les fermetures des frontières aériennes et terrestres, des restaurants, cinémas et bars, ont été à l’origine de perturbations massives de la vie économique. C’est ce qu’affirme Bloomfield intelligence, dans son analyse, sur l’impact du Covid-19 sur les petites et moyennes entreprises de la zone UEMOA.

Baisse de l’activité, persistance des problèmes de financement, accès limité aux marchés publics, faible productivité, faible intégration aux chaines de valeur nationales et internationales. Voici le lot de problèmes qui menacent la survie des petites et moyennes entreprises de la zone UEMOA, selon Bloomfield intelligence. Pour cette institution, les mesures barrières engageront l’équilibre des entreprises privées et singulièrement celles du secteur informel.

L’instauration d’un couvre-feu réduit les heures de travail dans les entreprises, la fermeture des établissements scolaires et universitaires réduit l’activité des services associés, la fermeture des boîtes de nuit, des restaurants, des cinémas et des lieux de spectacle change les habitudes de consommation des populations et enfin la fermeture des frontières terrestres limite les échanges transfrontaliers et les activités de transports associées. Bloomfield intelligence précise que ce sont le commerce international, les transferts des migrants, l’activité économique nationale et les finances publiques, qui sont les canaux à travers lesquels la crise sanitaire affecterait les économies.

Les PME/ PMI, constituant l’essentiel du tissu économique des pays de la zone et comptant pour l’essentiel de la main d’œuvre, sont fortement exposées à la baisse de l’activité. A cela s’ajoutent les difficultés intrinsèques déjà existantes des PME/ PMI. Les PME, nouvellement créées grâce aux facilités prévues par l’amélioration de l’environnement des affaires, sont fortement menacées, réduisant ainsi leur probabilité de survie.

Facteurs de résilience et mesures de relance

Pour Bloomfield le commerce spécialisé est fragilisé et les entreprises exportatrices impactées significativement. Par contre, les commerces généralistes (hypermarchés et industrie chimique notamment), le transport de produits alimentaires pour le commerce, le e-commerce, les pharmacies, les entreprises du secteur de la télécommunication, enregistrent une dynamique positive. Aussi, l’agriculture vivrière ne devrait pas enregistrer une baisse significative pour le simple fait que la demande des restaurants et des hôtels pourrait être partiellement compensée par la hausse de la demande des ménages, insiste Bloomfield.

Pour elle, certaines entreprises ont réadapté leur service pour minimiser la baisse de leur chiffre d’affaire. Les gouvernements ont aussi mis en place des dispositifs fiscaux et économiques en vue de maintenir la continuité de l’activité économique, pour soulager les trésoreries et protéger des emplois. La Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (BCEAO) a, à son tour, pris des mesures de soutien pour favoriser la disponibilité de liquidité pour les banques, dans le but de favoriser leur accompagnement au secteur privé.

Pour Bloomfield intelligence, la question qui se pose à présent, est de savoir si les banques vont réellement accompagner les PME/PMI. Est-ce que ces entreprises pourront avoir accès à des lignes de crédit ? Puisque, constate-t-elle, la protection de l’emploi pour certaines entreprises qui rencontrent des difficultés de trésorerie, s’avère particulièrement difficile, alors que les ressources humaines demeurent capitales aussi bien pour le maintien de l’activité que pour la reprise après la crise.

Les insuffisances sur le terrain de l’accompagnement pour les PME/PMI

De prime abord, la concentration de l’encours de crédits des banques dans certains secteurs fortement exposés entrainera une forte sélectivité dans l’accompagnement des entreprises de façon générale et particulièrement des PME/PMI. C’est cette situation qui amènera les banques à plus de prudence. Ensuite la durée de la crise et les hypothèses sur la tenue des élections ou leur report en 2021, viennent renforcer l’incertitude sur les investissements à réaliser par la majorité des acteurs du secteur privé. Or les banques dans un tel contexte seront davantage frileuses. De plus, le guichet de refinancement mis en place par la BCEAO pour les PME, semble pour le moment ne pas être utilisé de façon optimale.

Par ailleurs, Bloomfield note qu’aucune disposition n’a été prise pour le soutien des systèmes financiers décentralisés (SFD) qui ont une relation privilégiée avec les PME (et les Très petites entreprises (TPE) en particulier). Leur soutien serait d’autant plus important parce qu’ils ont une forte proximité avec ce type d’entreprises.

Perspectives pour les PME et PMI de la zone

La reprise ne se fera pas de façon simultanée pour tous les secteurs de l’économie, selon Bloomfield. Elle prendra du temps, et devra être impulsée principalement par la commande publique, la dynamique d’investissement des grandes entreprises et le maintien de l’activité des PME. Pour lui, des consultations doivent se tenir pour envisager les différents scénarios relativement à la durée de la crise et la réponse à y apporter. Bloomfield fait remarquer que l’absence de plan de sortie pourrait multiplier le taux de mortalité des entreprises à l’instar d’autres crises.

Les contraintes que le financement bancaire soulève pour les PME, devraient contribuer à la diversification des sources de financement des PME. En conséquence, les PME devraient cibler leurs besoins de financement vers des sources autres que les banques. Le marché boursier, le Private Equity, etc. devraient en toute logique constituer une alternative crédible pour plus de compétitivité.

Les Etats devront également investir activement dans la transformation de leurs matières premières (caoutchouc, cacao, coton, etc.) de sorte à créer des industries locales fortes et prospères qui s’intègrent parfaitement aux chaînes de valeurs mondiales.

Etienne Lankoandé
Lefaso.net

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