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Canal « Mogho Naba » de Ouagadougou : En attendant l’aménagement, le calvaire des riverains

Publié le samedi 31 août 2019 à 23h50min

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Canal « Mogho Naba » de Ouagadougou : En attendant l’aménagement, le calvaire des riverains

Le canal du Mogho Naba, ouvrage d’assainissement pluvial situé en plein centre de Ouagadougou, est en chantier depuis quelque temps, avec pour objectif d’améliorer le processus d’évacuation des eaux pluviales et ménagères. En attendant sa finalisation, constat sur le vécu des riverains.

Zone inondable. Voilà l’expression consacrée pour désigner les quartiers autour du canal du Mogho Naba et de bien d’autres dans la ville de Ouagadougou. En pleine saison des pluies, c’est la croix et la bannière pour les riverains du fait de l’envahissement par les eaux avec ses corollaires.

Cette zone abritant le canal du Mogho Naba est classée hautement inondable. En effet, selon les anciens schémas d’aménagement de la ville, la zone était destinée à abriter un barrage sur les sources du marigot Kadiogo, explique Boureima Kaboré, directeur général de l’Agence municipale des grands travaux (AMGT). La force anthropique a déjoué les pronostics. Concessions et infrastructures de commerce ont fait leur apparition le long du site. Au lieu d’un barrage, c’est plutôt un canal qui y a été construit. L’objectif étant de parvenir à évacuer les eaux pluviales et d’usage ménager. « En cas de pluie, la zone est impraticable », nous confie une riveraine.

Le monticule dressé pour barrer la route à l’eau dans la famille Ouédraogo

En sillonnant quelques points reliés au canal, l’on s’aperçoit que des dispositions sont prises par les riverains pour se tirer de la furie des eaux, dans l’espoir d’avoir des nuits calmes.

Dans certaines concessions du quartier « Gounghin Lalgporin », ex-secteur 8, les initiatives sont nombreuses. « Nous avons d’abord dû relever la bâtisse et les toitures des maisons », confie le vieux Ibrahima Ouédraogo, installé sur le site depuis les années 1970. En cas de fortes pluies, un tuyau sert à évacuer les eaux de la cour. A l’extérieur, un monticule, placé devant la concession, dévie les eaux de ruissellement. A ce jour, le vieil homme, avant de s’y installer, dit ignorer que ce site était classé inondable : « Lorsque nous arrivions sur les lieux, la zone était plutôt sèche », se défend-il. Néanmoins, il espère être soulagé après la finalisation des travaux d’aménagement du canal dont l’accord de financement a été signé depuis 2013.

Silence, on subit !

Sur les lieux, il n’y a pas que les habitants qui adoptent des initiatives pour se protéger. Les tenants de commerces également. L’un des plus grands commerces situés au pied du pont Kadiogo a également subi la furie des eaux lors des inondations de septembre 2009. Les faits sont lointains, mais pour autant les langues ne se délient pas lorsqu’il s’agit de témoigner sur les épisodes des inondations. L’Association des vendeurs de véhicules situés au pont Kadiogo (AVK), certainement pour des raisons commerciales, préfère garder le silence.

La décision d’adopter cette attitude aurait été prise au cours d’une assemblée générale réunissant tous les exploitants de la zone. Néanmoins, un membre de cette association nous indique une clôture construite le long du canal délimitant l’espace d’exploitation des vendeurs. Cette clôture est vue comme étant la solution aux inondations. Selon notre interlocuteur, Jean Paul Nikiema, président de l’Association des vendeurs de véhicules au pont Kadiogo (AVK), « depuis trois années, nous ne vivons plus d’inondation. A ce jour, notre projet phare consiste à renforcer la bâtisse de la cour ».

Boureima Kaboré, directeur général de l’agence municipale des grands travaux (AMGT)

Des travaux sont visibles dans la zone du canal, mais au ralenti. « Nous avons exigé de l’entreprise en charge des travaux qu’elle déploie des vigiles pour empêcher les enfants de venir s’amuser dans le canal ou aux abords du canal. Nous avons instruit l’entreprise de prendre toutes les mesures de sécurité car c’est un chantier qui a enregistré des morts de personnes par noyade », témoigne Boureima Kaboré.

Sur les rives du canal du Mogho naba, la pression humaine est également présente. « Le canal sert de dépotoir de marchandises impropres et d’aire de défécation ». D’où des déchets qui s’amoncèlent le long des allées, qui dégagent des odeurs nauséabondes et attirent des nuées de mouches vecteurs de maladies.

En attendant la fin de la construction du canal du Mogho Naba et de ses affluents à Gounghin Sud comprenant l’aménagement de trois zones inondables notamment la zone de Cissin, du lycée Universalis, de Rimkiéta et de Tanghin, les populations redoublent de vigilance, surtout face aux crues de la saison des pluies.

Mariam OUEDRAOGO
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 31 août 2019 à 07:59, par TANGA En réponse à : Canal « Mogho Naba » de Ouagadougou : En attendant l’aménagement, le calvaire des riverains

    Enfin on en parle.
    Mais tout ce qui a été trouvé ne sont que des soins palliatifs car la force de l’eau n’est pas à minimiser. Aussi, les populations placées avant le canal ne vont pas laisser l’eau s’arrêter chez elles. Alors, l’eau continuera à venir vers le canal et encore plus par ce que n’ayant pas où aller.
    Ces solutions ressemblent beaucoup à celle du passé qui consistaient à laisser les gens se satisfaire d’une ’’solution’’ ou pire les satisfaire avec une ’’solution’’.
    Il faut se dire la vérité, donnons sa place à cette eau, c’est à dire faisons le barrage. Ce qui veut dire qu’il faut dédommager et déguerpir tout ce beau monde ; c’est pour le bien de tous. Si à Ouaga on a pu déguerpir le centre ville sans rien y construire alors on peut déguerpir autour de ce canal et l’eau reprendra naturellement son site.
    JE N’AI RIEN CONTRE PERSONNE. Peut être que je suis de la zone même.

    • Le 31 août 2019 à 13:30, par jan jan En réponse à : Canal « Mogho Naba » de Ouagadougou : En attendant l’aménagement, le calvaire des riverains

      @TANGA, vous avez tous dit oh, cette zone est une classée "zone inondable" depuis fort longtemps, c’est pour cette raison que le lotissement du quartier "Petit Paris" à Goughin ex-secteur 8, s’arrête bien loin de la limite de la zone inondable. Ceux qui ont construit dans cette zone inondable et disent qu’ils n’étaient pas au courant, cela je n’y crois pas, ce sont souvent des "forceurs" qui se sont installés là-bas, attendant une indemnisation de l’état pour déguerpir, or on ne peut pas indemniser ces "forceurs" car en s’y installant ils connaissaient la situation de la zone.

      • Le 31 août 2019 à 15:12, par TANGA En réponse à : Canal « Mogho Naba » de Ouagadougou : En attendant l’aménagement, le calvaire des riverains

        Internaute jan jan, je me rappel que c’est au temps de SEY ZERBO que les jardiniers et autre ont été déguerpis de la zone du théâtre populaire. Les manguiers et goyaviers furent déracinés pour faire place à des eucalyptus ; nous, on quittait nos quartiers pour aller la nuit les enlever par ce que disait on, ces plantes appauvrissaient (séchaient le sol). Voilà on n’a pas écouté les enfants mécontents qui voulaient leurs ’’paradis’’ (Naab baoongo, massaire baoongo, mba sidbienda, a koo-nanga, a kaolgo etc...).
        Tous étaient conscients que cela était mauvais mais personne n’a parlé. TOUT LE MONDE EST FAUTIF !
        Ce n’est pas pour rien que je supporte les bobolais qui ne veulent pas la destruction de leur réserve ; c’est pour ne pas pleurer après comme nous on le fait à Ouaga à cause de cette zone.

  • Le 31 août 2019 à 08:06, par Hussein En réponse à : Canal « Mogho Naba » de Ouagadougou : En attendant l’aménagement, le calvaire des riverains

    Les concepteurs du canal ne l’avaient pas planifié avec prévoyance. Il n’est plus actuel et est à lui seul insuffisant pour remplir ses fonctions (rassembler et évacuer en même temps les eaux de pluie et les eaux usagées en dehors de la ville). Les problèmes d’inondation de la ville peuvent être atténués avec un réseau de canalisation (intégrant une canalisation souterraine et incluant une protection contre les hautes eaux, des stations d’épuration et des défluents de crue) bien construit et biensûr entretenu selon les règles modernes. La solution avec le mûr le long tu canal doit être seulement vue comme temporaire, c’est du bricolage, elle n’est pas du tout ingénieuse. Nous pouvons proposer avec des entreprises specialisées des solutions modernes pour Ouagadougou et d’autres villes africaines.

  • Le 31 août 2019 à 11:17, par Bereba En réponse à : Canal « Mogho Naba » de Ouagadougou : En attendant l’aménagement, le calvaire des riverains

    Vous avez exposé des problèmes qui durent depuis 2013.
    Chose curieuse, tout au long de l’article, vous omettez de nommer l’entreprise qui fait les travaux.
    C’est elle qui est fautive au lieu de lui exiger des comptes sur la lenteur des travaux, vous faites le chapelet des conséquences de son retard dans les travaux et combien sont affectés les riverains.

    À ce que je sache c’est bien COGEB l’entreprise , la même qui est sur la route de l’hôpital depuis 2015.
    Pourquoi n’allez vous pas les rencontrer pour produire un bon article complet et plus professionnel, en lieu et place d’un article biaisé .

  • Le 31 août 2019 à 14:53, par Nabiiga En réponse à : Canal « Mogho Naba » de Ouagadougou : En attendant l’aménagement, le calvaire des riverains

    C’est plutôt le laxisme, pour ne pas dire la corruption légendaire de nos bananiers d’Afrique, qui est pointé du doigt. Comment peut-on comprendre qu’une zone démarqué pour accueillir un barrage s’est vu convertie en une zone d’habitation et de commerce surtout qu’on sait que personne ne peut construire sans l’aval des administrateurs de la ville. Un ou plusieurs employés véreux de la Mairie ont dû empocher de l’argent contre un permis de construire, d’où ce problème sinon, en principe, on ne devait pas avoir d’inondation qui empoisonne la vie des gens. Mieux les abords ne seront pas un lieu de défécation publique à ciel ouvert. C’est bien cela le problème en Afrique. La corruption.

  • Le 1er septembre 2019 à 12:57, par Kuuda En réponse à : Canal « Mogho Naba » de Ouagadougou : En attendant l’aménagement, le calvaire des riverains

    Le canal du moogho est un scandale ! Moi je vais aller dans un autre sens que le journaliste et peut être susciter un reportage / documentaire sur l’ouvrage ! Zone inondable certes !!! N’as t on pas fait d’études avant de s’y lancer. A peine les finitions sont en cours, les dalles s’effritent, se chevauchent ! Des caniveaux sont aménagés pour ramener les eaux de ruissellement vers le canal. Mais nieni, l’eau se frai son passage laissant ces caniveaux inutilisés ! Contrairement à ces caniveaux, d’autres sont construits à un niveau carrément 0,5 à 1 m par rapport au niveau des habitations en face. Du coup l’eau crée de gros sillons sur la voie, la boue remplie les caniveaux ! Autre chose, des caniveaux construits en milieu de voie (toute la longueur de la voie) avec des dalles en regard des portes des maisons. Il faut alors slalomer à chaque fois qu’on est dans ce six-metres ! Des ponts avec des fenêtres aussi. Du jamais vu ! En regard de ces fenêtres l’eau creuse un fossé en devenir.
    Mon avis est que les techniciens ont failli ! Les tous les acteurs du projets sont responsables de ce scandale ! C’est écœurant

  • Le 2 septembre 2019 à 08:28, par un gondwanais En réponse à : Canal « Mogho Naba » de Ouagadougou : En attendant l’aménagement, le calvaire des riverains

    Il ne faut pas incriminer l’entreprise, parce que comme l’a dit Jan Jan, ceux qui s’y sont installés n’ignoraient pas qu’ils étaient dans une zone inondable. Celui qu’il faut incriminer c’est surtout l’État qui, malgré sa propre réglementation (je crois savoir que la RAF et d’autres textes, interdisent l’installation à 100m , de part et d’autres des zones inondables). Qui a autorisé ces installations ? Des techniciens des ministères de l’environnement et de l’urbanisme en son temps se sont débattus comme ils pouvaient, mais n’ont rien pu face au politique, pour empêcher ces installations. Pour l’occupation des lieux des reboisements(côté est de petit Paris) que beaucoup ont combattus, ont été préconisés.La chapelle Jean 23, Watam, les vendeurs de véhicules, le FESPACO, l’immeuble de Baoghin, l’espace militaire, n’auraient pas dû y être. Voilà qu’après toute forte pluie, l’accessibilité à l’immeuble de Baoghin est un vrai calvaire, une bonne partie de la cour étant occupée par l’eau que le canal ne peut pas contenir.

  • Le 2 septembre 2019 à 09:00, par un gondwanais En réponse à : Canal « Mogho Naba » de Ouagadougou : En attendant l’aménagement, le calvaire des riverains

    Il ne faut pas incriminer l’entreprise, parce que comme l’a dit Jan Jan, ceux qui s’y sont installés n’ignoraient pas qu’ils étaient dans une zone inondable. Celui qu’il faut incriminer c’est surtout l’État qui, malgré sa propre réglementation (je crois savoir que la RAF et d’autres textes, interdisent l’installation à 100m , de part et d’autres des zones inondables). Qui a autorisé ces installations ? Des techniciens des ministères de l’environnement et de l’urbanisme en son temps se sont débattus comme ils pouvaient, mais n’ont rien pu face au politique, pour empêcher ces installations. Pour l’occupation des lieux des reboisements(côté est de petit Paris) que beaucoup ont combattus, ont été préconisés.La chapelle Jean 23, Watam, les vendeurs de véhicules, le FESPACO, l’immeuble de Baoghin, l’espace militaire, n’auraient pas dû y être. Voilà qu’après toute forte pluie, l’accessibilité à l’immeuble de Baoghin est un vrai calvaire, une bonne partie de la cour étant occupée par l’eau que le canal ne peut pas contenir.

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