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Révendications sociales : quand la police gaze la police

Publié le lundi 21 février 2005 à 07h39min

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Des centaines de jeunes policiers ont envahi les rues de la capitale burkinabè à l’aube du vendredi 18 février 2005 pour exiger de meilleures conditions de vie et de travail. Cette première des policiers, considérée comme une désobéissance, a été réprimée aux gaz lacrymogènes par d’autres policiers.

La date choisie par les manifestants n’était certainement pas fortuite : c’était en effet le premier anniversaire, douloureux s’il en est, de l’attaque meurtrière de trois policiers le 18 février 2004 à Zaogo dans les environs de Koupéla, dans l’exercice de leurs fonctions. Et c’est à 4 heures du matin qu’ils ont choisi de descendre dans les artères de la capitale, sans doute pour que l’effet de surprise soit total. La police est un corps parmilitaire où la discipline et l’ordre sont règles d’or, mais les flics ont choisi de franchir le rubicon pour dire aux autorités et à leur hiérarchie que la faim et le dénuement sont les ingrédients de la démobilisation, de la désobéissance et de la faiblesse des troupes.

En 1999, les militaires avaient été écoutés

Cela n’est pas sans rappeler cette autre marche pacifique, celle des militaires le 15 juillet 1999, une fois encore à travers les artères de la capitale pour réclamer leur dû (remboursement de retenues qui avaient été opérées sur leurs traitements de 1990 à 1998 ; indemnités non versées au titre des missions de maintien de la paix, que nos militaires avaient effectuées à l’extérieur du Burkina).

En son temps, la grande muette s’était fait entendre et satisfaction lui avait été donnée avec une promptitude efffarante. Aujourd’hui les temps ont bien sûr changé et les acteurs aussi. Conséquence, les marcheurs du vendredi ont reçu un tout autre accueil, celui des lanceurs de gaz lacrymogènes, dont les crépitements ont renvoyé les Ouagavillois des années en arrière.

Mais que revendiquent-ils exactement, les policiers frondeurs ? Dans une correspondance adressée à qui de droit, dont copie nous est parvenue, ils font le constat que "la police burkinabè est l’ombre d’elle-même, et délaissée depuis toujours. Elle est à l’image d’une chauve-souris, bête qui se trouve à cheval entre le mammifère et l’oiseau. Cela pour signifier qu’elle n’a ni statut ni identité".

Aussi disent-ils avoir décidé de prendre leur destin en main à travers la plate-forme revendicative qui suit :
- Les indemnités de garde doivent désormais apparaître sur les bulletins de paie et les arriérés d’indemnités faire l’objet d’un rappel ;
- vu l’insécurité grandissante, il est impérieux que le policier dispose de moyens adéquats pour mener à bien sa mission (pistolet automatique, menottes, aérosol, sifflet, etc.) ;
- la construction de l’internat, dont la première pierre aurait été posée en 2001, doit être concrétisée afin de protéger les élèves des agressions et des dépouillements dont ils font chaque fois les frais ;
- exigence d’indemnités pour les agents qui usent de leurs propres moyens de locomotion pour traquer les délinquants ou assumer leur déferrements ;
- relèvement du niveau du recrutement à la base, eu égard aux différentes disciplines enseignées à l’Ecole nationale de police (Droit pénal général, spécial, civil, administratif, procédure pénale), niveau BEPC au cycle agent ;
- initiation des agents à l’anglais et aux Nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) afin qu’ils puissent faire face au phénomène de la mondialisation ;
- transparence dans la gestion des services payés et des ristournes ;
- un statut propre à la police nationale burkinabè ;
- le droit d’être syndiqué.

Les policiers ont aussi une pensée pour leurs camarades tombés sur le champ de bataille, au nombre desquels :
- l’assistant de police Ouédraogo Innocent ;
- le commissaire de police Coulibaly Dramane ;
- l’assistant de police Ouédraogo Issa ;
- le brigadier de police Ouédraogo Cyprien ;
- les agents de police Poda Francis et Da Sansan. Maintenant, quel sort les autorités réserveront-elles à tant de revendications bruyantes ?

Des revendications fondées

Si l’on admet que depuis les dernières années, un petit quelque chose est fait dans le sens de l’amélioration des conditions de travail, il est loisible de constater que leur cahier de doléances est fondé quand bien même la voie empruntée est tortueuse. D’ores et déjà, on peut affirmer que la crise est prise au sérieux au sommet. Le ministre de la Sécurité a d’ailleurs décidé de la fermeture temporaire de l’Ecole nationale de police, six policiers, considérés comme les meneurs, ont été interpellés.

En attendant que les jours à venir nous situent sur l’issue de cette crise, il est à craindre qu’elle procure une nouvelle jeunesse à l’insécurité. Ce ne sont pas les partisans du moindre effort, les amateurs du gain facile qui écument la cité qui s’en plaindront. Espérons que les protagonistes sauront trouver un terrain d’entente afin que jamais les éperviers ne jubilent.

Bernard Zangré
Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 21 février 2005 à 12:08, par La blanche En réponse à : BRAVO ET SOUTIEN TOTAL A CES JEUNES GENS !

    Un officier de l’encadrement à l’ecole de police dans les années 82,83,84 du nom de Léandre disait que la police n’est pas un lieu de gain pain.

    La police est avant tout le premier mirioiur de la societé déjà au niveau d’une frontière, d’un quelconque poste de contrôle sur toute l’étendu du territoire National.

    Ayant fait parti de cette corporation jusqu’en 1993, j’ai décidé de prendre la clé des champs tout simplement parce que cette police n’était plus ce grand amour de mon enfance.

    Tout jeune (8 ans), mes parents n’habitant pas loin des bases de l’ex-CRS qui partageait ses encientes avec L’Ecole Nationale de Police. Tout passionnement , J’observais les promotion entrer et sortir de l’Ecole de Police, ainsi mon amour pour ce corps est venu tout naturellement par le contact que j’avais de temps en temps avec des élements et quelque fois des grands frères du quartier qui intréguaient aussi l’Ecole.

    A chaque sortie de promotion, les cérémonies étaient grandioses, les jeunes policiers, avec leurs épaulettes fond noirs me faisaient rêver.

    A 18 ans , pas plus, j’ntègre ce corps pour vivre cette amour d’enfance.
    ^
    Au depôt de mes dossiers de candidature, une agent du ministère de la fonction publique chargé de la reception des dossiers à mon grand étonnement me fait comprendre que que j’avais 17 ans et 5 mois donc , ne pouvait pas accepetr mes dossiers.

    Je me suis mis à genoux pour l’implorer, mais hélas, l’administration nageait dans encore dans des eaux classiques. Mais en sortant larmes aux yeux de ces bureaux, j’avais emporter par mégarde le bic que cet agent m’avait remis pour signer la décharge avant de constater que je n’avais pas encore mes 18 ans bien sonnés.

    A quelques 150 m des lieux, j’ai remarqué la présence du dans les les poches de vieux pantalon Jean que j’avais cirer pour l’occasion, je rebrousse alors chemin pour rendre le bien de César, ama grande surprise , je constate que le bureau était déjà houleux car les agents s’accusaient mutulement au point des cadres de cette administration tentaient ramener le calme. " Le Sylo était en or plaqué".

    Je tape la porte, je rends le bic à l’agent devant tout ce grand monde et ceux décidèrent de miux examiner mon dossier.
    En conclusion, jusqu’à la date du concours et à la proclamation de résultats mes 18 ans seraient bien sonnés , séance tenante, mes dossiers furent acceptés.

    c’est ainsi que je suis devenu "POLICIER", le debut du clavaire.

    A bientôt pour la suite.

    Un ancien depuis la Diaspora

  • Le 21 février 2005 à 19:31, par LA BLANCHE depuis la Belgique En réponse à : SOUTIEN TOTAL A CES JEUNES GENS

    • Un officier de l’encadrement à l’école de police dans les années 82,83,84 du nom de Léandre disait que la police n’est pas un lieu de gagne pain.
    La police est avant tout le premier miroir de la société déjà au niveau d’une frontière, d’un quelconque poste de contrôle sur toute l’étendu du territoire National.
    Ayant fait parti de cette corporation jusqu’en 1993, j’ai décidé de prendre la clé des champs tout simplement parce que cette police n’était plus ce grand amour de mon enfance.
    Tout jeune (8 ans), mes parents n’habitant pas loin des bases de l’ex-CRS qui partageait ses enceintes avec L’Ecole Nationale de Police. Tout passionnément , J’observais les promotions entrer et sortir de l’Ecole de Police, ainsi mon amour pour ce corps est venu tout naturellement par le contact que j’avais de temps en temps avec des éléments et quelque fois des grands frères du quartier qui intégraient aussi l’Ecole.
    A chaque sortie de promotion, les cérémonies étaient grandioses, les jeunes policiers, avec leurs épaulettes fond noirs me faisaient rêver.
    A 18 ans , pas plus, j’intègre ce corps pour vivre cette amour d’enfance. ^ Au dépôt de mes dossiers de candidature, une agent du ministère de la fonction publique chargé de la réception des dossiers à mon grand étonnement me fait comprendre que j’avais 17 ans et 5 mois donc , ne pouvait pas accepter mes dossiers.
    Je me suis mis à genoux pour l’implorer, mais hélas, l’administration nageait dans encore dans des eaux classiques. Mais en sortant larmes aux yeux de ces bureaux, j’avais emporter par mégarde le stylo que cet agent m’avait remis pour signer la décharge avant de constater que je n’avais pas encore mes 18 ans bien sonnés.
    A quelques 150 m des lieux, j’ai remarqué la présence du stylo dans les poches de vieux pantalon Jean que j’avais cirer pour l’occasion, je rebrousse alors chemin pour rendre le bien de César, à ma grande surprise , je constate que le bureau était déjà houleux car les agents s’accusaient mutuellement au point des cadres de cette administration tentaient ramener le calme. " Le Stylo était en or plaqué".
    Je tape la porte, je rends le stylo à l’agent devant tout ce grand monde et ceux décidèrent de mieux examiner mon dossier. En conclusion, jusqu’à la date du concours et à la proclamation de résultats mes 18 ans seraient bien sonnés , séance tenante, mes dossiers furent acceptés.
    c’est ainsi que je suis devenu "POLICIER", le début du calvaire.
    Comparativement à certains frères et amis quartiers qui ont soit choisi la gendarmerie nationale, la douane, les eaux et forêts, nos trains de vie n’étaient plus les mêmes.

    Ah !!! Soulagement fort quand un nouveau statut du corps fut adopté en conseil de ministre , rattachant la police en son temps à la présidence du Faso, Nous autres jeunes avons dit OUF !
    Mais que cette gangrène égrenait et saignait toujours le corps.
    Imaginer la prime de vélo pour le policier était de 250 CFA, indemnité de logement 2000 Frs CFA, indemnité de risque n’en parlons même pas. Et le terrain qui devenait de plus en plus difficile.
    Cependant, l’affairisme au sein du corps gagnait du terrain, les affectations étaient négociées . Les concours professionnels devaient la chasse gardé des plus nantis « il fallait avoir soutien au haut niveau pour espérer réussir à un simple concours professionnel »
    A ma deuxième tentative pour l’assistanat, la déception fût grande pour moi qui avait planifié ma carrière afin d’être au moins Officier de police en 2000 et commissaire en 2005. Les faucons de la sûreté Nationale avaient planifié autre chose pour moi.
    AH ! Jeunes Policiers, levez-vous, revendiquer vos droits, nul ne le fera à votre place. Vos gradés sont des poules mouillées, ils ne peuvent rien pour vous.
    Vivement que j’ai appris la nomination du Commissaire SAMBARE à la tête de la Police dans mon pays, lui au moins a des tripes et le courage de non en temps opportun. La gangrène a bien pu le consommer .
    Mais depuis des milliers de kilomètres du pays, je crois toujours en lui. Il y a aussi une vague de jeunes Commissaires venus des universités .
    La gangrène les guettent
    A bientôt pour la suite.
    Un ancien depuis la Diaspora

  • Le 22 février 2005 à 00:13, par LA BLANCHE depuis la Belgique En réponse à : > DIGNITE BAFOUEE ! NON

    La Police nationale du Burkina -Faso aujourd’hui s’affiche par les meilleures de la sous-region par la qualité et la compétence de ses hommes uniquement au plan étique.

    Les moyens dérisoires que l’Etat mets à sa disposition l’éloignerait énormement de ses objectifs et missions traditionnnelles. L’abnégation et la bravoure de ces jeunes gens sont un exemple et un bon exemple d’ailleurs.

    L’Etat d’abord est responsable des déboires de cette Police car juste aux lendemains des avènements de la revolution populaire du vaillant sankara, les commandes de la police furent confiés à un jeune officier militaire qui ignorait tous des réalités de la Police.

    Ensuite se fut PALM Jean Pierre qui paradait dans les services de police en cowboy du Texas au vue et su de toute l’élite intélectuelle de la Police nationale.

    Son règne musclé et caduque n’apporta rien de concrêt au problèmes de fond qui se posaient.

    Cette succession de parvenus à la tête de la Police a le plus contribuer à tuer l’âme policière.

    Marginalisée par l’Etat d’exception pendant ces moments chauds du pays au profit de l’option du moment c’est dire la Revolution démocratique et populaire, la Police a su garder son âme.

    Bref, l’histoire est bien têtu, Les missions généralement et républicainement dévoluées à la Police nationale sont brigandées au profit de la gendarmerie nationale qui est elle aussi un corps avec sa mission initiale.

    Sans toute fois, vexer quiconque, de grace laisser la police , la Nouvelle Police s’affirmer. faites la confiance et elle marchera pour le bien du Faso.

    JEUNES GENS , JE VOUS SOUTIEN.

    La Blanche depuis la Belgique

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