François P. Kaboré, prêtre jésuite et enseignant-chercheur : « Un pays ne peut se développer sans innovation et création de valeur ajoutée »
Une tête bien faite et pleine. Il suffit de jeter un coup d’œil sur son CV pour s’en convaincre. A seulement 37 ans, il est bardé de diplômes. Théologie, philosophie, gestion, économie… tout y passe. Enseignant-chercheur à l’université Georgetown de Washington aux USA, Dr François Pazisnewendé Kaboré est aussi, et surtout, un homme de foi. Ce religieux jésuite est en mission d’études et d’enseignement au pays de l’oncle Sam depuis 2005. Interview-portrait d’un prêtre pas comme les autres.
Dites-nous, qui est François Pazisnewendé Kaboré ?
Je suis prêtre catholique, religieux Jésuite. Je suis professeur à Georgetown University, Washington DC. Voici chronologiquement mon parcours académique : 1988 : CEP (Nédogo, Ganzourgou), 1993 : BEPC (Petit séminaire de Baskouré), 1996 : Bac D (collège St Joseph Moukassa de Koudougou) , 1998 : noviciat jésuite (Bafoussam, Cameroun), 2001 : licence en Philosophie (option philosophie politique, Kinshasa, RDC), 2005 : licence en Economie et Gestion, option Mathématiques (Lyon 2, France) et DEUG en Théologie (Université Catholique de Lyon,France), 2006 : Master en économie (option Développement et économie politique, Georgetown University, Washington DC, USA), 2012 : PhD en Economie (American University, Washington DC, USA) et Diplôme Supérieur de Théologie (Washington Theological Union, Washington DC, USA).
Sur le plan professionnel, j’ai été consultant pour la Banque Mondiale à (2010, Washington DC), pour l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle (OMPI) basé à Genève en 2010 et 2012, et comme Directeur Académique au Centre de Recherche et d’Action pour la Paix (CERAP, 2012) à Abidjan (Côte-d’Ivoire). Avant de rejoindre Georgetown University depuis 2012 comme professeur, j’avais aussi enseigné diverses matières (économie de développement, macro-économie, Stata (un logiciel d’économétrie), Gouvernance, Economie Politique, etc. à American University (Washington DC) et à l’Université Catholique d’Afrique Centrale (UCAC, Yaoundé, Cameroun).
Dans quelles circonstances êtes-vous parti au pays de l’oncle Sam ?
J’y ai été envoyé en mission d’études puis d’enseignement par mes supérieurs hiérarchiques depuis 2005.
Quelles matières enseignez-vous à Georgetown University ?
En conformité avec les normes académiques en vigueur pour mon statut de professeur chercheur, j’enseigne deux cours par semestre, soit quatre cours par an, uniquement à Georgetown University : (i) Analyse Economique de l’Afrique Sub-Saharienne (en licence), Méthodes Quantitatives-Statistiques (en Master), Econométrie (en Master), Science Technologie et Développement (en Master).
En tant qu’enseignant-chercheur, vivant hors du Burkina, que pensez-vous de la recherche au Burkina ?
Premièrement, il y a des chercheurs et inventeurs Burkinabè qui cherchent et qui trouvent. Le dernier symposium international organisé par le Ministère de la Recherche Scientifique et de l’Innovation en septembre sur la valorisation des résultats de recherche et des innovations m’a permis de m’en rendre compte. C’est l’occasion pour moi de féliciter les différents acteurs de ce symposium (le Secrétariat Permanent du FRSIT, le Forum National pour la Recherche Scientifique et des Innovations Technologiques (SP-FRSIT), l’Agence Nationale de la Valorisation (ANVAR), et tout le Ministère de la Recherche Scientifique et de l’Innovation (MRSI)) pour l’excellent travail abattu. Avec deux assistants de recherche, j’ai aussi conduit une série d’interviews avec des inventeurs Burkinabè ayant déjà participé au FRSIT et j’ai été très impressionné par leurs innovations et leur abnégation.
Deuxièmement, comme vous-même l’aviez suggéré dans un de vos articles sur Lefaso.net, le travail de valorisation ne fait que commencer. Les chercheurs et innovateurs Burkinabè trouvent mais leurs résultats de recherche et leurs inventions ne sont pas transformés en produits ou services utiles aux consommateurs Burkinabè. Il s’agit là d’un paradoxe dans le processus de l’innovation que des chercheurs ont appelé « European Paradox » en comparaison avec les USA où la recherche est plus appliquée et aboutit plus facilement à une application concrète. Nous espérons donc qu’avec l’engagement aux plus hauts sommets de l’Etat, le « European Paradox » version Burkinabè sera vite résolu.
Troisièmement, d’aucuns s’accordent à dire qu’il faut former une relève pour la recherche au Burkina Faso. En tant qu’économiste, il me semble plutôt qu’il convient d’inciter les jeunes à s’intéresser à la recherche. Il est communément admis que c’est par la recherche et les innovations qu’un pays ou une société crée de la valeur ajoutée et se développe.
Menez-vous d’autres activités, en plus de l’enseignement et de la recherche ?
Outre l’enseignement et la recherche, je suis quelques fois sollicité pour apporter ma modeste contribution à des conférences. Comme prêtre, j’exerce aussi un ministère d’accompagnement spirituel, pour autant que ma mission de professeur chercheur le permette, au niveau du campus universitaire, à Georgetown University.
Quel est votre lien avec votre pays, le Burkina Faso ?
Vous connaissez sans doute cette composition de la célèbre chorale Naaba Sanem : « Teng n bi yaalga n yet ti a toog ka be ne a tenga…toog ka ye, toog ye ! », en d’autres termes, « C’est un vaurien sans honneur, celui qui dit qu’il ne se soucie guère de sa patrie ». Je garde et cultive notamment des relations avec mes amis d’enfance ou d’école, de séminaire ou de collège, notamment avec mes compagnons Jésuites et amis prêtres.
Quels sont vos rapports avec la diaspora burkinabè aux USA ?
A mon arrivée en 2005, je suis allé établir ma carte consulaire à l’Ambassade. Quelques fois, j’ai l’occasion de rencontrer des compatriotes dans le cadre de certaines activités de l’Association des Burkinabè de la Région de Washington DC (ABURWA).
Nourrissez-vous des projets pour le Burkina ?
Bien entendu, comme je le disais tantôt en rappelant ce refrain d’une composition de Naaba Sanem, je nourris quelques projets pour le Burkina et la Région ouest-africaine, parce que je pense qu’à l’heure de l’intégration croissante des économies et des sociétés, il convient de penser au moins Ouest-africain, même si comme on le dit si bien en anglais « think global but act local », i.e., pense globalement mais agis localement.
Quels conseils pouvez-vous donner aux jeunes burkinabè qui souhaitent s’exiler aux USA ?
Je ne suis certainement pas le mieux placé pour donner des conseils à mes compatriotes, mais pour honorer votre question, il me semble que si quelqu’un vient pour étudier, il est convenable qu’il fasse de son mieux pour terminer ses études. Si en effet, l’on n’a pas un niveau d’étude suffisant pour bien s’intégrer au système, il devient difficile dans le long terme de rebrousser chemin. Pour ceux qui veulent venir juste pour travailler ou pour y vivre, je pense qu’un séjour américain peut être une belle opportunité.
Merci à Lefaso.net et beaucoup de courage dans votre mission.
Entretien réalisé par Moussa Diallo
Lefaso.net
Vos commentaires
1. Le 29 novembre 2013 à 01:06, par KDL En réponse à : François P. Kaboré, prêtre jésuite et enseignant-chercheur : « Un pays ne peut se développer sans innovation et création de valeur ajoutée »
Toutes mes félicitations Mr l’abbé.
"Chaque enfant qu’on enseigne est un homme qu’on gagne". Cet adage de Victor Hugo demeurre une vérité et la seule richesse du Burkina devrait être ses potentialités humaines qu’il faudra davantage formées et en vendre à tout le monde entier.
En voilà des exemples à suivre.
Encore félicitations Mr l’abbé
2. Le 29 novembre 2013 à 07:41 En réponse à : François P. Kaboré, prêtre jésuite et enseignant-chercheur : « Un pays ne peut se développer sans innovation et création de valeur ajoutée »
UN GRAND EXEMPLE POUR NOUS JEUNE !! PUISSE DIEU T’APPORTER SA GRÂCE ABONDAMMENT !!
Le 30 novembre 2013 à 19:35 En réponse à : François P. Kaboré, prêtre jésuite et enseignant-chercheur : « Un pays ne peut se développer sans innovation et création de valeur ajoutée »
il n’a pas fait école coranique ! ça se comprend qu’il soit utile à la société
Le 1er décembre 2013 à 11:46 En réponse à : François P. Kaboré, prêtre jésuite et enseignant-chercheur : « Un pays ne peut se développer sans innovation et création de valeur ajoutée »
En effet, sinon je me demande bien ce qu’il ferait comme metier ? st surtout dans le pays de l’oncle SAM
Le 1er décembre 2013 à 17:20, par SIDNOMA En réponse à : François P. Kaboré, prêtre jésuite et enseignant-chercheur : « Un pays ne peut se développer sans innovation et création de valeur ajoutée »
SI ON A RIEN A DIRE,c’est mieux de se taire.Que voulez vous dire par là ?
3. Le 29 novembre 2013 à 07:56, par unouagalais En réponse à : François P. Kaboré, prêtre jésuite et enseignant-chercheur : « Un pays ne peut se développer sans innovation et création de valeur ajoutée »
la recherche et les innovations sont les créatrices de la valeur ajoutée qui permet le développement. malheureusement les hommes politiques se sont assis dessus. à l’image de salif kaboré, actuel ministre de l’énergie et des mines, et ancien dg de la sonabel, qui a osé dire qu’au Burkina Faso il y a tellement de priorités qu’on ne peut pas se permettre de mettre de l’argent de coté.
4. Le 29 novembre 2013 à 08:04, par Rixen En réponse à : François P. Kaboré, prêtre jésuite et enseignant-chercheur : « Un pays ne peut se développer sans innovation et création de valeur ajoutée »
Bonjour,
Toutes mes félicitations Mr l’Abbé. Nous devrons vraiment être fiers d’avoir des frères ayant des têtes à la fois pleines et modestes.
Est ce qu’on peut avoir le contact mail de Mr Labbé ? Nous souhaiterions l’inviter à Lyon afin qu’il puisse nous apporter sa contribution lors de nos conférences.
Merci et encore félicitations.
Le 4 décembre 2013 à 04:10, par Barka En réponse à : François P. Kaboré, prêtre jésuite et enseignant-chercheur : « Un pays ne peut se développer sans innovation et création de valeur ajoutée »
Merci bien pour votre considération. Soyez assurée de la mienne. fpk2@georgetown.edu
5. Le 29 novembre 2013 à 08:25, par Achillo En réponse à : François P. Kaboré, prêtre jésuite et enseignant-chercheur : « Un pays ne peut se développer sans innovation et création de valeur ajoutée »
Bonjour
Je suis très ravi de votre splendide parcours universitaire Mr Abbé. Nous, jeunes sommes fiers de vous. Que le Seigneur vous bénisse et vous aide. Merci beaucoup de votre apport.
ACHILLE TAPSOBA LE BOBOLAIS
6. Le 29 novembre 2013 à 08:32, par Valeur Fleur En réponse à : François P. Kaboré, prêtre jésuite et enseignant-chercheur : « Un pays ne peut se développer sans innovation et création de valeur ajoutée »
L’abbé François Kaboré est un homme de Dieu qui sait mettre les dons que Dieu lui a donnés au service des autres pour faire rayonner la gloire de Dieu. Il est un exemple d’humilité, d’engagement franc et de courtoisie. Il a beaucoup d’idées qu’il partage avec ses compatriotes même loin du pays. Ce récent séjour au pays lors du symposium international sur ka valorisation des résultats de la recherche a été bénéfique pour le pays. Il suffira aux hommes et aux femmes d’en exploiter pour le développement socio économique du pays.
Salut mon frère abbé François.
Que Dieu vous bénisse.
7. Le 29 novembre 2013 à 09:15 En réponse à : François P. Kaboré, prêtre jésuite et enseignant-chercheur : « Un pays ne peut se développer sans innovation et création de valeur ajoutée »
Félicitations François ! Nous sommes fiers de toi au SP/FRSIT, fiers d’avoir été un de vos points d’entrée scientifique au BF et d’avoir été à la hauteur de vos attentes ! Nous vous souhaitons un bon vent dans toutes vos missions. Que le Seigneur nous accompagne tous !
La secrétaire permanente du Forum national de la Recherche Scientifique et des Innovations Technologiques (SP/FRSIT).
8. Le 29 novembre 2013 à 09:38 En réponse à : François P. Kaboré, prêtre jésuite et enseignant-chercheur : « Un pays ne peut se développer sans innovation et création de valeur ajoutée »
Salut. Merci au Fasonet qui nous présente régulièrement de beaux exemples de réussite à toute la jeunesse burkinabè. Puisse l’exemple de ce prêtre de Jésus Christ inspirer de nombreux jeunes dans leur quête de réussite. Quelle modestie ! (Cela rappelle bien ton illustre Homonyme le Pape François) Dieu te bénisse et te garde ! Avec le soutien de nos prières. Bon courage.
9. Le 29 novembre 2013 à 11:32 En réponse à : François P. Kaboré, prêtre jésuite et enseignant-chercheur : « Un pays ne peut se développer sans innovation et création de valeur ajoutée »
Très bien mais à quand votre retour au Burkina pour relever les défis de notre sous développement ? Votre place devrait être auprès de vos frères pour nous en sortir.
10. Le 29 novembre 2013 à 13:36, par Le Réveil En réponse à : François P. Kaboré, prêtre jésuite et enseignant-chercheur : « Un pays ne peut se développer sans innovation et création de valeur ajoutée »
Très ému,je manque de mots pour traduire mes pensés.Toutes mes félicitations à vous Mr l’Abbé.Nous vous attendons au pays pour des programmes et projets du vrai émergence
11. Le 29 novembre 2013 à 14:38, par Soubeiga En réponse à : François P. Kaboré, prêtre jésuite et enseignant-chercheur : « Un pays ne peut se développer sans innovation et création de valeur ajoutée »
Bjr mr Abbé et très content de toi ! Je pense également à cette promotion de 1988 de baskoure et la plus riche en prêtre.aussi pleine d’intellectuels au Faso. Puisse le seigneur t’accompagner dans ta mission ! Amen.
12. Le 29 novembre 2013 à 16:07, par ssam En réponse à : François P. Kaboré, prêtre jésuite et enseignant-chercheur : « Un pays ne peut se développer sans innovation et création de valeur ajoutée »
Très fier pour ce comptatriote ! la citation de la chorale naaba Sanem m’a beaucoup plu !! n’oublions jamais ce que nous sommes sinon nous ne saurons jamais ce que nous sommes !
merci à M.KABORE
13. Le 29 novembre 2013 à 16:08, par SOME Pierre Claver En réponse à : François P. Kaboré, prêtre jésuite et enseignant-chercheur : « Un pays ne peut se développer sans innovation et création de valeur ajoutée »
Merci M. l’abbé ! vous êtes et resterez un exemple et un repère pour la jeunesse burkinabé ! La recherche au Burkina est une révolution ! Je vous invite vivement à participer à cette révolution. Apportez votre concours au MRSI car il en a énormément besoin. A cet effet, la Direction Générale de la Recherche Scientifique à travers la Direction de la Coopération sollicite votre e-mail afin de vous contacter pour une coopération plus fructueuse. Merci et que le Saint Esprit vous fortifie dans votre noble mission !
Le 4 décembre 2013 à 04:11, par Barka En réponse à : François P. Kaboré, prêtre jésuite et enseignant-chercheur : « Un pays ne peut se développer sans innovation et création de valeur ajoutée »
Merci bien pour vos prières. Soyez assuré des miennes à vos intentions et de ma considération. fpk2@georgetown.edu
14. Le 29 novembre 2013 à 16:11, par OREO En réponse à : François P. Kaboré, prêtre jésuite et enseignant-chercheur : « Un pays ne peut se développer sans innovation et création de valeur ajoutée »
BRAVO PAZIS ! Eh oui, c’est ça la vie ! Que Dieu te bénisse !
15. Le 4 décembre 2013 à 09:21, par Narcisse combere En réponse à : François P. Kaboré, prêtre jésuite et enseignant-chercheur : « Un pays ne peut se développer sans innovation et création de valeur ajoutée »
je ne pourrai te lire sans te prodiguer mes encouragements et te dire que nous sommes fiers de toi. Que le seigneur t’accompagne dans tout ce que tu feras
16. Le 15 novembre 2015 à 14:13, par MANUEL RODRIGUES En réponse à : François P. Kaboré, prêtre jésuite et enseignant-chercheur : « Un pays ne peut se développer sans innovation et création de valeur ajoutée »
Je vous félicite pour votre excellent travail. Très cordialement.
Manuel Augusto Rodrigues