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Issiaka Sigué, directeur général de la DGTTM : Nous sommes arrivés à de meilleurs délais de délivrance des titres

Publié le vendredi 21 octobre 2011 à 02h25min

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La Direction générale des transports terrestres et maritimes (DGTTM) est l’un des services qui a subi le ravage des inondations du 1er septembre 2009. A cette situation, vient s’ajouter la forte demande de titres de transport. Qu’à cela ne tienne, la DGTTM opère ces temps-ci une véritable révolution avec une réorganisation interne qui a permis de réduire considérablement les délais de délivrance des titres de transport. Sur ces innovations déjà effectives, en cours et à venir, le nouveau directeur général, qui a pris service le 6 juin 2011, Issiaka Sigué, donne des éclaircissements sur le nouvel élan qu’il veut imprimer à la DGTTM et pour ses usagers.

Le Progrès (L.P) : Comment se porte la DGTTM après la furie du 1er septembre 2009 et face à forte demande a laquelle elle fait face de nos jours ?

Issiaka SIGUE (I.S) : Le 1er septembre 2009 est une date vraiment inoubliable pour l’ensemble des Burkinabè de façon générale, des Ouagalais en particulier et de façon plus particulière pour la Direction générale des Transports terrestres et maritimes où les services administratifs ont connu le plus de dégâts. Je n’étais pas là à l’époque, mais j’ai pu voir à la télévision les images de l’inondation comme tout le monde. Je suis même venu après pour voir tout ce que la Direction a perdu comme archives. C’est ce que nous appelons « archives vivantes », c’est-à-dire des documents qui restent utiles pendant très longtemps : les fonds de dossiers des permis de conduire, comme ceux des cartes grises peuvent faire l’objet de sollicitations par leurs propriétaires jusqu’à ce que ces véhicules sortent de la circulation pour ce qui est des véhicules ou que le détenteur d’un permis de conduire décède pour ce qui est des permis de conduire.

Alors, quand on perd des archives de ce genre, c’est extrêmement dangereux. Depuis cette époque, je dois dire qu’il y a un important travail qui a été abattu. Ainsi la Direction générale a pu refaire le câblage de son système informatique qui était très touché, avec l’appui des partenaires financiers .Une requête a été soumise au ministère de l’Economie et des Finances aux fins de la réhabilitation, pour permettre à la DGTTM de travailler vraiment dans des conditions beaucoup plus sereines pour le bonheur de ses usagers et des actions sont en train d’être menées dans ce sens.

L.P : On entend souvent les usagers se plaindre d’une certaine lenteur dans la délivrance des documents…..

I.S : C’est vrai qu’avec ce problème que nous avons connu, il y avait une certaine lenteur dans la délivrance des titres de transport. Quand je prends le cas des cartes grises, pour la délivrance de la carte provisoire il fallait attendre quelquesfois 2 à 3 jours et 2 à 3 mois pour celles définitives. Tout cela parce qu’il y avait des difficultés internes qui sont en train d’être résorbées. Mais je puis vous dire qu’à ce jour, nous sommes arrivés à nous réorganiser et à obtenir maintenant de meilleurs délais de délivrance pour les usagers. À titre d’exemple, pour les cartes grises provisoires, nous les délivrons le jour même du dépôt depuis le mois de Septembre.

Lorsque vous déposez votre dossier de demande de carte grise dans la matinée, vous recevez votre carte provisoire le même jour à 16 heures. Quand vous déposez votre dossier dans l’après-midi, vous recevrez votre carte grise provisoire le lendemain à partir de 10 heures. Pour les cartes grises définitives, nous avons pu ramener les délais de délivrance de 2, voire 3mois pour certains, à 10 jours. À partir du lundi 03 octobre (ndlr : l’interview à eu lieu le vendredi 30 septembre) nous allons ramener ce délai à une semaine. Toujours dans la dynamique de faciliter la tâche aux usagers de nos services, nous avons répertorié l’ensemble de nos prestations, en donnant la composition des dossiers au niveau des différents titres et les coûts par prestation.

Ces informations, nous les avons affichées dès l’entrée de la Direction générale en très grand format et à l’arrière-cour de la direction (lieu de vérification des véhicules et engins à deux roues) pour l’information des usagers. Nous avons ventilé ces informations au niveau de tous les syndicats de transporteurs, de chauffeurs routiers, de taximen, de concessionnaires, de transitaires bref, tous ceux qui travaillent pour que cette information puisse aller le plus loin possible. Si vous allez dans les directions régionales des transports, ces informations sont mises à leur disposition pour qu’elles puissent les afficher à l’attention des usagers. À partir de ce moment, il est loisible à chacun d’arriver, de lire et d’avoir toutes les informations relatives à la prestation voulue. Ce sont là entre autres innovations en cours qui permettent d’améliorer la qualité des différentes prestations vis-à-vis des usagers.

L.P : Des détenteurs de titres provisoires se plaignent aussi d’avoir été pris par les forces de l’ordre lors de contrôles comme étant en infraction. Quelle est la valeur juridique du titre provisoire ?

I.S : Celui qui détient une carte grise provisoire détient un titre valide pour peu qu’il ait été délivré par nos services compétents ; il est juste dans l’attente de la carte grise définitive et n’est donc pas en infraction sauf si le délai mentionné sur la carte est expiré. La carte provisoire est une carte qui est déjà validée, c’est-à-dire que le numéro est authentique. Les forces de l’ordre ne rejetteront pas la carte grise provisoire parce que c’est une carte grise provisoire, sauf à lui signifier que le délai est dépassé si c’est le cas. Mais avec le dispositif que nous avons mis en place, cela ne sera plus de mise.

L.P : Peut-on avoir une idée de la demande moyenne par jour ?

I.S : Nous réceptionnons en moyenne 200 à 250 dossiers par jour, toutes catégories confondues, véhicules comme motos. Il y a des jours où nous avons 300 à 350 demandes lorsque par exemple les concessionnaires (qui rassemblent les dossiers de plusieurs clients) nous amènent des dossiers.

L.P : Certains usagers font également état de corruption. Pour avoir vite un document, il faut glisser des billets de banque.

I.S : C’est vrai que j’ai moi-même entendu ces assertions. Elles sont peut être fondées et sont le fait de l’inconduite regrettable de certains agents. Ce que je sais, c’est que si ces choses existent c’est parce que l’administration mettait du temps pour délivrer les documents. Effectivement, si vous déposez votre dossier et qu’il faut attendre 2 à 3 mois pour l’avoir, ce n’est pas facile et cela peut ouvrir la voie à des pratiques très peu orthodoxes. Mais avec ce qui est mis en place actuellement, il n’y a vraiment plus de raison parce que si vous déposez votre dossier le matin et que vous êtes satisfait le soir, je ne vois pas pourquoi vous allez corrompre quelqu’un.

L.P : Le travail au rabais suite aux inondations a dû certainement conduire à une cumulation de dossiers. Comment est faite l’organisation pour à la fois remettre tout à la normale et être plus opérationnel vis-à-vis des demandeurs actuels ?

I.S : Nous avons mené ce qu’on a appelé « opération Casiers vides » qui a consisté à vider toutes les instances. Nous en avions beaucoup. Avec les inondations, le travail a connu un ralentissement au niveau de la Direction ce qui a accru le nombre de dossiers en instance. Nous avons mené des opérations spéciales pour pouvoir vider ces instances. Cela nous a permis de n’avoir que les dossiers du jour à traiter et de travailler dans le sens d’offrir des délais plus courts de traitement. Je pense que le constat sur le terrain est que les gens arrivent depuis un certain temps à avoir très rapidement leurs documents. Ça n’a pas été facile pour l’ensemble des travailleurs que je félicite vraiment au passage car nous avons dû consacrer des week-ends pour arriver à bout de ces impressionnantes instances.

L.P : Les casiers sont donc à ce jour vidés des anciens dossiers… ?

I.S : L’ensemble des instances cartes grises a été totalement évacué. Ce qui nous met beaucoup plus à l’aise pour pouvoir nous occuper des nouveaux dossiers qui nous arrivent. Nous sommes en train de nous attaquer maintenant aux permis de conduire de manière aussi à vider les instances à ce niveau. Nous allons nous organiser pour pouvoir sortir, là aussi, les titres dans les meilleurs délais.

L.P : On constate une floraison de fausses cartes grises, surtout d’engins à deux roues sur le marché. Quelles sont les dispositions prises à votre niveau pour minimiser de telles pratiques ?

I.S : En fait, les faux sont à deux niveaux. Il y a les fausses plaques d’immatriculation : plaque d’immatriculation en forme de cœur ou plaque qui est représentée par le drapeau ou la carte du Burkina, etc. Les numéros peuvent être de bons numéros mais les plaques ne sont pas normalisées. Pour éviter cela, nous exigeons de l’usager qu’au dépôt de son dossier de demande d’immatriculation il présente le reçu de paiement de la plaque. Mais malgré tout il y a des gens qui sont fantaisistes ; ils acceptent payer la vraie plaque et ils vont poser une autre. Le numéro d’immatriculation est bon, mais la plaque est fantaisiste. Normalement, s’ils tombent sur un contrôle des forces de l’ordre, celles-ci les arrêtent parce que ce ne sont pas des plaques normalisées. Il y a aussi les faux au niveau des documents qui sont fournis. C’est ce qui explique que nous sommes obligés d’être plus vigilants dans le contrôle des dossiers que les usagers nous soumettent au moment de leur demande d’immatriculation.

A ce niveau nous travaillons en véritable tandem avec la Douane de manière à nous rassurer que véritablement le véhicule ou la moto qui est présenté(e) à nous a été régulièrement dédouané(e). Des usagers utilisent toutes sortes de subterfuges pour nous présenter de faux documents. Lorsque nous avons des doutes sur un document, nous nous référons tout de suite à la Douane avant de réceptionner le dossier. Ensuite, l’autre canal de faux, ce sont les cas de véhicules volés.
Là, nous prenons le soin de faire vérifier par l’Interpol si le véhicule ne fait pas l’objet de recherche particulière. La vérification se fait également auprès de la gendarmerie. Donc nous prenons toutes ces précautions avant d’attribuer une carte grise. Mais comme toujours, les faussaires ne manquent pas de stratégies….

L.P : Peut-on changer d’immatriculation comme on veut ?

I.S : Ce n’est, en principe, pas possible. La seule condition, c’est quand vous changez de lieu de résidence. La plaque comporte les premiers chiffres de la province de résidence. Si quelqu’un vend sa moto le numéro reste intact. Seul le nom du propriétaire change.

L.P : Comment sont gérées les auto-écoles qui connaissent une véritable traite ces dernières années ?

I.S : Au niveau des autos-écoles, nous avons un cahier des charges qui règlemente l’ouverture et le fonctionnement. C’est vrai qu’aujourd’hui certaines normes sont dépassées mais le combat que nous sommes en train de mener, c’est de travailler à relire les textes. Je crois que la relecture de ce document participera un peu à l’assainissement du milieu. Nous avons eu une rencontre avec les responsables de ces écoles et nous sommes en train de rechercher les voies et moyens pour régler tous les problèmes qui se posent au niveau des permis de conduire. Nous envisageons tenir un atelier avant la fin de cette année. Ce cadre doit nous permettre de nous regarder en face, d’évoquer tous les gros problèmes structurels qui sont posés et de voir comment nous allons y remédier.

L.P : Peut-on avoir une idée du nombre d’autos-écoles dans la seule ville de Ouagadougou ?

I.S : Aujourd’hui, à Ouagadougou, le nombre d’auto-écoles dépasse 50.

L.P : Cela n’explique-t-il pas aussi les cas de formation à la hâte ?

I.S : Oui, c’est vrai d’où l’importance du taux d’échec. Certaines autos-écoles font du dumping avec tout ce que cela comporte. Aujourd’hui, il nous revient que le coût de la formation chez certains est vraiment bas. Ce qui ne permet pas à ces autos-écoles, en réalité, de couvrir les frais de formation. Alors, on se demande comment ils font ; parce qu’à ce prix, il va être difficile de pouvoir former convenablement l’usager.
Mais je pense que cela pourrait être réglé à travers l’adoption du nouveau cahier des charges des autos-écoles.

Il y a des inspections qui se font et quand une auto-école n’est pas en phase avec les prescriptions du cahier des charges, une lettre lui est remise avec un délai qui va lui permettre de se mettre à jour pour pouvoir continuer à exercer son activité.
Le problème est que le cahier des charges est dépassé. La véritable solution c’est qu’on le relise pour le mettre au goût du jour.

Entretien réalisé par Oumar OUEDRAOGO

Le Progrès

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