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Salif Lamoussa Kaboré, ministre des Mines, des carrières et de l’énergie : « Nous voulons un producteur indépendant capable de produire 70 à 100 MW »

Publié le vendredi 1er juillet 2011 à 03h23min

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Le gouvernement burkinabè a décidé de recruter un producteur indépendant d’électricité pour accroître l’offre nationale d’énergie électrique. Dans l’entretien suivant, le ministre des Mines, des carrières et de l’énergie (MMCE), Salif Lamoussa Kaboré, situe le contexte, explique les raisons d’une telle décision et donne les critères de recrutement du futur opérateur. Il aborde aussi, certaines préoccupations actuelles du secteur de l’énergie électrique au Burkina Faso.

Sidwaya (S.) : En quoi va consister concrètement, la mesure consistant à recruter un opérateur privé pour la production de l’énergie électrique au Burkina Faso, décidée en conseil des ministres en sa séance du 18 mai 2011 ?

Salif Lamoussa Kaboré (S. L. K.) : Il convient de préciser que la loi de novembre 2007 permet à tout producteur, à toute personne physique ou morale de s’installer au Burkina Faso, de produire de l’énergie et de la vendre à la SONABEL (NDLR : Société nationale burkinabè l’électricité. L’article 20 de la loi de 2007 n’est que la relecture d’une loi de décembre 1998. En effet, déjà en 1998, la production de l’électricité était libéralisée. Cela veut dire que dans le cadre de la satisfaction de la demande, le gouvernement peut faire appel à toute personne à venir produire et revendre l’énergie électrique. L’unique distributrice est la SONABEL. Alors pourquoi la décision du conseil des ministres du 18 mai dernier ? Il faut dire qu’en 2000, 2001 et 2002, nous avons tenté des expériences qui, malheureusement, n’avaient pas abouti. Et comme vous le savez, la demande d’énergie électrique augmente de 10% l’an. Ce qui voudrait dire que tous les sept ans, il faut doubler les capacités de production. Pour ce faire, la SONABEL, est obligée de s’endetter. L’Etat également, pour accompagner la SONABEL est obligé de s’endetter aussi. Que ce soit l’Etat ou la SONABEL, il y a des moments où on ne peut plus s’endetter, parce que la dette devient très lourde. Voilà pourquoi nous avons imaginé ce mécanisme pour alléger les actifs de la SONABEL. Permettant donc à la société d’avoir l’électricité à un prix arrêté par le gouvernement, l’opérateur privé et l’opérateur historique qu’est la SONABEL.

S. : Y a-t-il des critères spécifiques pour désigner le futur opérateur privé ?

L.S.K. : Evidemment, on ne peut permettre à n’importe qui de venir s’installer et se mettre à produire de l’électricité, car c’est un secteur stratégique. Les instructions qui nous ont été données par le conseil des ministres, c’est de faire en sorte que le choix du producteur indépendant soit un choix transparent, en relation avec les textes en vigueur au Burkina Faso. Toute chose qui permettra de choisir un opérateur qui dispose de la technicité et de la surface financière nécessaires pour pouvoir installer d’ici à fin 2012, 70 à 100 MW.

S. : Est-ce que cela concerne également l’énergie solaire ?

S. L. K. : Que ce soit l’énergie solaire ou l’énergie conventionnelle, l’essentiel pour nous, c’est que le prix de session d’électricité produite par l’opérateur ne vienne pas modérer la situation financière de la SONABEL.

S. : Existe-t-il des zones du pays qui seront privilégiées par cette nouvelle mesure ?

L.S.K : Le cahier des charges que nous allons élaborer devra retenir un seul opérateur à même de nous fournir 70 à 100 MW, quel que soit le lieu d’installation de cet opérateur. L’énergie qui va être produite peut être injectée sur le réseau de la SONABEL.

S. Les zones rurales sont-elles concernées ?

S. L. K. : L’énergie électrique que nous allons acheter au producteur indépendant, viendra s’ajouter à tous les moyens de production de la SONABEL : le thermique, l’énergie solaire, l’énergie importée. C’est tout cela qui va être distribué sur l’étendue du réseau interconneté de la SONABEL.

S. Avec la venue de l’opérateur indépendant, doit-on s’attendre à une modification de la tarification ?

S. L. K. : J’ai insisté sur le fait que le prix de Cession de cet opérateur doit permettre à la SONABEL dans un premier temps, de maintenir son prix, le prix du KW tel qu’il est aujourd’hui. L’objectif du gouvernement est de faire en sorte que l’offre d’électricité soit à la hauteur de la demande. En effet, dans le cadre de la SCADD (NDLR : Stratégie de croissance accélérée et de développement durable), il y a une phase importante consacrée à l’énergie.

Nous nous sommes donné comme objectif, d’avoir d’ici à 2015, un taux de couverture de l’ordre de 65%. Cela voudrait dire que si on n’a pas l’énergie disponible, malgré les raccordements, on aura des abonnés mécontents. Voilà pourquoi au niveau du gouvernement, tout en permettant à la SONABEL d’accroître sa capacité de production avec la création très prochaine de la centrale de Komsilga et le renforcement de la centrale de Bobo 2, nous avons pris l’option qui a été imaginée par nos devanciers depuis 1998 de pouvoir faire appel à un producteur indépendant.

S. : A quel stade se trouve la procédure de recrutement du nouvel opérateur ?

S. L. K. : Le cahier des charges est pratiquement prêt au niveau de nos services et dans quelques jours, en relation avec la Direction générale des marchés publics, nous allons procéder au lancement de la procédure de recrutement. Le gouvernement a pris l’engagement que d’ici au 1er trimestre de l’année 2012 au plus tard, nous puissions avoir les premières actions de cette structure. Nous allons nous atteler à ce que ce délai puisse être respecté.

S. : Certaines personnes estiment que le fait d’avoir placé la barre entre 70 à 100 MW, comme critère de recrutement, est une intention d’écarter les producteurs nationaux qui voudraient postuler au recrutement. Est-ce vrai ?

S. L. K. : Je crois que c’est un mauvais procès que l’on fait au gouvernement. J’ai lu effectivement dans la presse quelqu’un qui se plaignait, mais je crois qu’il convient de nous juger au résultat. Nous avons voulu la transparence, voilà pourquoi nous pensons qu’il faut donner la chance à tout le monde et éviter comme le suggèrent certains avis que ce producteur indépendant soit sélectionné suivant le critère du gré à gré. Nous nous sommes dit que pour une question de transparence et de crédibilité, nous allons ouvrir l’offre à tout le monde. Les uns et les autres vont postuler et les meilleurs vont être sélectionnés.

S. En attendant que le projet de l’opérateur indépendant se concrétise, quel message avez-vous à lancer aux consommateurs burkinabè ?

S. L. K. : Ce que je demande toujours, c’est la compréhension des abonnés de la SONABEL qui connaissent des désagréments. Au niveau du gouvernement, nous travaillons à faire en sorte qu’on puisse dégager des ressources nécessaires pour accompagner la SONABEL et le Fonds de développement électrique (FDE). Toute chose qui passe par l’augmentation du réseau interconnecté, le nombre d’abonnés et aussi, le degré de satisfaction de la demande, à travers une offre plus importante. Nous avons des problèmes avec la construction de certaines centrales.

C’est pourquoi nous demandons l’indulgence des abonnés. Nous profitons de cette occasion pour remercier nos clients pour leur compréhension. Dans la vie d’une structure, il y a souvent des problèmes qui interviennent. L’essentiel pour nous, c’est d’œuvrer à trouver des solutions, en vue de résorber les difficultés. A ce propos, nous pensons que d’ici à septembre ou octobre 2011, la phase 1 de Kompienga qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive, sera une réalité. Cela, en attendant les phases 2 et 3 du projet.

Interview réalisée par Rabankhi Abou-Bâkr ZIDA et Alban KINI (alban_kini@yahoo.fr)

Sidwaya

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