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Conflit agriculteurs/éleveurs : Dix cases et des vivres incendiés à Mondon

Publié le vendredi 29 avril 2011 à 01h34min

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A Mondon, village de la commune rurale de Moussodougou, situé à une quarantaine de kilomètres sur l’axe Banfora-Orodara, une altercation entre un berger, Amadou Sidibé, et un agriculteur du nom de Oumar Diarra, s’est transformée en un conflit ouvert entre éleveurs et agriculteurs. Cette tension a abouti à la destruction, par les agriculteurs, de dix maisons, de vivres et des biens appartenant aux éleveurs.

Les faits remonteraient, selon les explications du petit berger Amadou Sidibé, au 20 avril 2011. Alors que son troupeau était en pâturage près du champ de Oumar Diarra, celui-ci l’aurait interpellé pour lui présenter deux bœufs, affirmant qu’ils provenaient de son troupeau. Ce que le jeune peulh aurait catégoriquement rejeté. Il s’en est suivi de vives altercations et Amadou Sidibé aurait reçu un coup de machette de son interlocuteur à la tête. Il perdit connaissance. C’est alors qu’un autre berger courut alerter la famille de la victime. Après avoir reçu des soins au CSPS de Bérégadougou, Amadou Sidibé profite pour déposer une plainte à la gendarmerie de cette ville.

Contacté le lendemain de l’accrochage, la version donnée par Oumar Diarra semble concorder avec celle du petit Sidibé. Il nous a livré sa version des faits en présence de ses parents et plus d’une vingtaine de jeunes mobilisés pour sa cause. Cependant, Diarra reconnaîtra avoir agi sous l’emprise de l’énervement, déplorant avoir été victime à plusieurs reprises de dégâts causés par les animaux de Moussa Sidibé, grand frère du berger appelé El Hadj Mandjou. S’il a donné des coups au petit, a-t-il expliqué, cela est dû aux propos outrageux que le petit Sidibé lui aurait adressés. Mais les deux parties sont parvenues à un accord le samedi 23 avril dans la matinée pour un règlement à l’amiable du contentieux.

Il aurait été même convenu, selon Oumar Diarra, que El Hadj Mandjou et lui se rendent à la gendarmerie de Bérégadougou, le lundi 25 avril pour retirer la plainte. Oumar Diarra se dit surpris d’avoir été agressé au cours de cette même soirée du 23 par l’un des fils de El Hadj Mandjou. Et c’est cette goutte d’eau qui semble avoir débordé le vase. Oumar Diarra n’hésite pas à exhiber une blessure (7 points de sutures au niveau de la tête) provoquée par son agresseur. Le diagnostic de l’infirmier chef de poste de Mondon confirme en effet, un « traumatisme crânien ».

Ainsi donc, une cinquantaine de jeunes déchaînés vont effectuer une descente musclée sur le campement de Sidibé de El Hadj. Alertés, les éléments de la gendarmerie n’ont pratiquement pas pu faire grand-chose devant la rage des mécontents d’en découdre avec les éleveurs. A ce qu’on dit, ceux-ci auraient même prié les éléments de la gendarmerie de se mettre à l’écart afin qu’ils « règlent ce problème entre eux ».

Un gendarme qui a vu le danger venir s’est détaché illico presto du groupe pour venir évacuer tout le campement vers la brousse, tandis que les trois autres retardaient l’avancée du groupe.

La famille Sidibé persona non grata

C’est ainsi que ce groupe de jeunes a trouvé un campement vide qu’il a saccagé à souhait aux environs de 18 heures. Toutes les habitations ont été mises à feu, soit dix cases dont les toits étaient en chaume et deux maisons en tôles. Greniers, vivres, poulaillers, hangars, rien n’a été épargné par la furie de ce groupe d’individus qui voudraient certainement en finir avec cette famille. Il ne reste plus qu’une petite quantité de la récolte de maïs ayant échappé aux flammes. Les manifestants sont allés même mettre le feu aux récoltes de maïs suspendues par un fil de fer sur les arbres. « Tous nos vêtements sont partis en fumée », nous a confié El Hadj Mandjou Sidibé, qui a tout de même précisé que de l’argent liquide a pu être sauvé.

Quant au montant, il a laissé seulement entendre que cela devait tourner autour de 500 000 F CFA. L’air abattu, El Hadj Mandjou est sérieusement affecté par la disparition d’une quantité importante d’or à savoir, 20 bijoux de 20 grammes d’or chacun. A la question de savoir pourquoi sa famille n’a pas enlevé cette importante quantité d’or avant de fuir, il a répondu simplement qu’il avait omis de donner des instructions dans ce sens et qu’il se rappelait seulement de la somme d’argent liquide. Il faut rappeler que le campement a été incendié en l’absence du père qui se trouvait au chevet de son petit frère Dramane Sidibé au Centre hospitalier régional (CHR) de Banfora. Ce dernier aurait été copieusement battu en cours de route par le même groupe d’individus dans la nuit du samedi 23 avril, alors qu’il revenait du campement.

Il lui a été reproché d’être allé prévenir son grand frère du coup que ces individus préparaient contre lui. Les images parlent d’elles-mêmes. Et jusqu’à présent, la situation reste toujours tendue du côté du village. Il semble qu’ils exigent le départ de la famille Sidibé. Du côté du camp peulh, un climat de désolation a envahi les cœurs. Ce campement abritait la famille de El Hadj Mandjou Sidibé, ses fils et ses petits-fils. En tout, 21 personnes y vivaient. Mardi 26 avril 2011 aux environs de 10 heures, c’était toujours d’épaisses fumées qui jaillissaient des murs qui ont résisté à l’assaut de cette partie de la population de Mondon.

Mamadou Yéré (AIB Comoé)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 1er mai 2011 à 14:38, par gabro En réponse à : Conflit agriculteurs/éleveurs : Dix cases et des vivres incendiés à Mondon

    ces conflits qui semblent être toujours ne pas trop préoccuper l’état burkinabé. cependant lorsque les éleveurs (peulhs) trouveront un pays d’accueil( RCI,Liberia, Togo..) les burkinabè s’en rendront compte que les cheptel pèse aussi bien sur le PIB au même titre que le coton(qui à un avenir douteux), l’or...

  • Le 25 mai 2011 à 15:13, par UNE VICTIME En réponse à : Conflit agriculteurs/éleveurs : Dix cases et des vivres incendiés à Mondon

    pensez vous que ces causeurs de troubles pourront commettre les mêmes gaffes impunément dans un pays étranger ? Leurs funérailles vous seront rapportés par des tiers. toujours prompte à agresser ils ont intérêt à se faire apprivoiser , eux et leur bétail.les enclos sont initiés à cet effet  ;.

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