LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Avec de la persévérance et de l’endurance, nous pouvons obtenir tout ce que nous voulons.” Mike Tyson

Vu et entendu au palais de Banfora : Le « tabac » soigne t-il l’ulcère ?

Publié le mardi 2 mars 2010 à 00h30min

PARTAGER :                          

« Je fume le tabac (chanvre indien) pour calmer mes crises d’ulcère et parce que je suis abandonné par tout le monde » ; c’est avec cet argument que le sieur Traoré s’est défendu à la barre. Selon le prévenu, c’est la toute 1ère fois qu’il goutte à la drogue. En effet, le sieur Traoré a été appréhendé avec son fournisseur du nom de Ouédraogo.

Ce dernier semble être un vieux de la vielle en la matière. Il comparaissait devant la barre pour la 5ème fois dont la 1ère fois pour des médicaments prohibés et les 4 autres pour détention et cession illicite de chanvre indien. Le sieur Ouédraogo qui est marié et père de 3 enfants dit s’être procuré du chanvre indien dans un pays voisin alors qu’il était parti vendre des bœufs.

Il a juré devant la barre de ne plus goutter à la chose et a bénéficié d’un sursis de 36 mois. Quant au sieur Ouédraogo qui avait bénéficié d’un sursis de 6 mois le 12 mai 2009, il ira d’abord purger les 6 mois avant d’entamer sa nouvelle peine de 36 mois fermes.


Tout n’est pas permis au train comme on le penserait

Au sortir de ce procès une fois de plus, nous sommes tentés de croire que « nul n’est au dessus de la loi. Le sieur » Yougmandé conducteur de train était prévenu pour homicide involontaire. En effet conduisant le train marchandise 651 en provenance de la Côte d’Ivoire, le prévenu aurait causé la « mort » d’un homme qui se trouvait entre les rails aux environs de Banfora.

Les débats ont été houleux pendant environ 4 heures d’horloge entre le Procureur et le Conseil du prévenu Maître Albert Zoma. L’assistance a dû retenir des notions essentielles enseignées dans les écoles de conduite de train.

Pour le Ministère public, le conducteur a bel et bien vu « une personne » et n’a simplement pas freiné du fait de la maladresse, de l’imprudence et de la négligence. Aux dires du Procureur, cet accident est survenu du fait que le sieur Yougmandé et son co-conducteur étaient entrain de causer. Yougmandé se défend ; l’accident s’est produit quand j’amorçais un virage par la gauche alors que j’étais assis à la droite du train. Que faites-vous quand vous devez abordez un virage ; lui lança le Procureur.

Quand nous abordons un virage, on klaxonne, on réduit sa vitesse en freinant. As-tu vu la victime avant de l’atteindre oui ou non ; continua le Procureur. J’ai vu de passage « quelque chose qui ressemble à une main » et j’ai informé mon co-conducteur qui a ordonné l’immobilisation du train et il alla lui-même constater le « dégât ».

Ce fut le point d’achoppement de ce procès. Le sieur Yougmandé se défend ; « les projecteurs du train qui peuvent éclairer à 300 mètres ne permettent pas de voir de près pendant qu’on aborde un virage ».

Le Procureur n’est pas convaincu il contre-attaqua ; « y a-t-il combien de sortes de freinage quand on conduit un train ? ». Il y a 2 sortes de freinages ; « ce que nous faisons régulièrement à l’approche d’un virage ou d’une gare ; et le freinage d’urgence quand nous apercevons des animaux et ou d’autres objets sur la voie » a répondu le prévenu.

Le débat restera toujours tendu entre le Procureur et le prévenu ainsi que son conseil par rapport à la question de savoir si oui ou non le prévenu a vu « quelque chose » entre les rails avant de « passer ».

Pour Maître Albert Zoma les choses sont claires ; son client n’a été ni imprudent, ni négligent et ni maladroit. Dans sa logique il a été très édifiant. Pour Maître Albert Zoma, le médecin qui a fait le constat a lui-même été imprécis dans ses termes en disant « … serait mort d’un accident de train ».

Car pour Maître Zoma, à cause d’un déraillement de train entre Banfora et Ouangolo, au moins trois passages de train en cet endroit ont eu lieu avant la 651 en ce laps de temps. Maître Zoma a donc supposé que son client a passé sur un corps sans vie.

Il dira que la faute n’existe pas et le dommage non plus, en concluant qu’ « en droit on ne tue pas un mort ». Maître Zoma ira encore loin en disant que le parquet a refusé d’aborder les liens de causalité.

Selon lui, l’accident est intervenu dans une zone où les rails étaient inaccessibles. Maître Zoma n’a pas manqué de fustiger le Procès Verbal de l’enquête préliminaire qui ne comportait pas la mention de son client.

Sidwaya

PARTAGER :                              

Vos commentaires

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Route Didyr-Toma : 12 mois de retard, 7 km de bitume sur 43 km