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Lettre de Cabinda : De la guerre civile à l’enclave

Publié le jeudi 14 janvier 2010 à 01h40min

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L’Angola, voilà un pays dont le passé est douloureux. Qui ne se rappelle pas qu’il a connu la guerre dans un passé récent ? Eh oui, ce pays a traversé une période difficile de son histoire, qui a laissé des traces profondes en lui.

Quand on puise aux sources, il ressort que l’unité de cette contrée a été déterminée par l’histoire. Le 11 novembre 1975, en pleine et chaude guerre froide exacerbée ici par les nombreux appétits et les influences extérieures, le Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA) sous la conduite du Dr Agostino Neto, faisait son entrée triomphale à Luanda et proclamait l’indépendance de ce vaste territoire (1 246 700 km2) à cheval entre l’Afrique centrale et Australe.

Au bout de cinq siècles de colonisation portugaise, l’Angola ne recouvrait ainsi sa souveraineté qu’à l’issue de 14 années de lutte héroïque (c’est le 4 février 1961 que débuta la lutte contre le colonisateur portugais) et des changements intervenus en métropole, notamment la « Révolution des œillets » du 25 avril 1974 (Mouvement des forces armées conduit par le général Antonio de Spinola).

Depuis, la patrie du Dr Neto (père de l’indépendance de la nation angolaise), qui s’est voulue de 1975 à la fin des années 80 d’un socialisme réel dans la plus pure logique marxiste-léniniste, vit une tragique guerre civile. Celle-ci mettant aux prises le gouvernement légal de Luanda à l’Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola (UNITA).

Au début du conflit, l’influence de la guerre sans merci que se livraient l’Ouest capitaliste, pro-américain, et l’Est socialiste et pro-soviétique, était manifeste. Aux côtés du MPLA et du gouvernement angolais, il y a bien sûr les appuis soviétiques, cubains, etc. L’UNITA de Jonas Savimbi ne cachait pas, pour sa part, le soutien massif que lui apportaient l’Afrique du Sud, voisine, les Etats-Unis d’Amérique et une bonne partie du « monde libre ».

Il a fallu donc que Savimbi…

Comme Alexandre Dumas qui veut qu’une histoire aille jusqu’au bout, je ne vais certainement pas m’arrêter là. Dans les années 90, avec la fin de la bipolarité, le conflit angolais a connu une nette évolution. Son caractère de guerre idéologique s’est estompé au moment où les derniers soldats cubains achevaient leur retrait et que l’Afrique du Sud, connaissant d’importantes mutations politiques internes, s’accommodait de plus en plus mal du soutien accordé à Savimbi et à ses hommes. Elle s’était retirée du sud de l’Angola qu’elle avait occupé.

L’enjeu du conflit prenait, dès lors, l’aspect d’une lutte pour le pouvoir politique, c’est-à-dire à l’intérieur d’un cadre national multipartite, ouvert et normalisé. Pour autant, aucun cessez-le-feu n’était encore intervenu entre les deux parties belligérantes angolaises, même si à l’époque la conduite des derniers pourparlers de Lisbonne laissait entrevoir une solution au conflit.

C’est avec le temps que les choses se sont arrangées, mais en 15 ans de guerre civile, les dommages matériels et humains causés au pays sont énormes.

A Luanda, on avait avancé le chiffre de 500 000 morts. Mais nombreux sont ceux qui estiment qu’en 1991, ce chiffre pourrait être bien en dessous de la réalité tellement la fiabilité des statistiques n’est pas chose garantie. Le nombre de mutilés avoisinerait les 50 000.

On le sait, une guerre ne peut être continuelle et pour donner espoir au peuple angolais, un calendrier fut établi en 1992 pour la réalisation de premières élections démocratiques dans le pays sous la supervision de l’ONU.

José Eduardo dos Santos, le successeur de Neto, avait gagné la présidentielle contestée par Savimbi qui se retira de Luanda pour élire domicile dans la province de Huambo d’où il ordonna la reprise de la guerre. Il semble que son objectif était de contrôler complètement le pays où une grande partie de celui-ci, et éventuellement proclamer une République d’Angola du Sud.

Mais le leader de l’UNITA fut surpris par une résistance populaire. La population de Luanda a pris les armes pour lutter contre les hommes de Savimbi, qui tentaient de prendre la capitale après les élections. La guerre a continué jusqu’à ce que le leader guerrier tombe au combat le 22 février 2002.

Après sa mort, l’Angola a retrouvé sa stabilité et s’est donné pour priorité de reconstruire le pays. Mais un autre problème divise profondément les Angolais : le Cabinda. Une enclave où est basé le groupe B de la Coupe d’Afrique des nations de football, édition 2010.

Cette province réclame son indépendance par l’entremise d’un Front de libération, dont la plupart des leaders vivent aujourd’hui en exil. Mais ils ont toujours des contacts avec leurs hommes sur le terrain. Et ce sont ceux-ci qui ont attaqué le car du Togo, qui venait par la route à partir de Pointe-Noire.

Les indépendantistes Cabindais signifient par là qu’ils n’ont pas renoncé à la lutte qu’ils mènent depuis 1963. D’ailleurs, ils le disent à travers ce message : « Le Cabinda n’est pas l’Angola. Le Cabinda pour les Cabindais, et l’Angola pour les Angolais. » Mais comment en est-t-on arrivé là pour que cette enclave divise les uns et les autres ?

Hier mardi 12 janvier, à la faveur du repos dans le groupe B, j’ai fait une longue promenade en ville avec deux jeunes angolais qui ont fait des études au Congo Brazzaville. Cabinda m’a fasciné, et je partagerai avec vous dans ma prochaine lettre ce que j’ai vu…

Justin Daboné à Cabinda

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 14 janvier 2010 à 11:16, par N’dabi En réponse à : Lettre de Cabinda : De la guerre civile à l’enclave

    Je n’arrive toujours pas à comprendre comment le partage par les colons a été fait dans cette partie de l’Afrique.
    Rien qu’à regarder la géographie de cette zone, c’est à se dire si cela n’aurait pas été fait de sorte à ce qu’il ait tout le temps des appétits indépendantistes.
    La RDC devait-elle avoir son débouché en mer aux risques de scission d’un bout de territoire Angolais ? Si ceux qui ont fait ce partage pouvaient nous donner la réponse à cette question, il se pourrait que l’on trouve une solution à cette guerre fratricide.

  • Le 14 janvier 2010 à 16:01, par kamso En réponse à : Lettre de Cabinda : De la guerre civile à l’enclave

    Mr le journaliste, je suis impatient de lire la suite merci de bien nous renseigner et très rapidement je pense pouvoir vous lire

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